Difficile d’estimer le nombre de productions horrifiques qui sont façonnées chaque année.
Parmi l’infinité de courts, longs-métrages, séries, clips et films étudiants qui naissent sous l’œil de Satan, rares sont ceux à se frayer un chemin jusqu’au succès notable.
Où sont les bonnes séries d’horreur ?
Certains créateurs parviennent toutefois à se faire un nom, comme Ari Aster, dont la première réalisation a immédiatement conduit à la popularité.
Grâce à l’abominable Hérédité et au non moins lugubre Midsommar, le cinéaste de 34 ans figure déjà sur la shortlist des conteurs à suivre de très près.
Au cinéma, on note également le succès du superbe Relic (au cinéma le 7 octobre), de l’original Us, et du spatial High Life, mais quid des séries ? À l’exception de l’édifiant The Haunting of Hill House, qui a impressionné jusqu’à Stephen King, rares sont les programmes télé qui convainquent par le frisson.
Heureusement, The Third Day est là pour mettre du beurre dans les épinards…
The Third Day, de quoi ça parle ?
Un père qui pleure la perte de son fils erre dans la forêt où celui-ci a été retrouvé mort et y est témoin de la tentative de suicide d’une jeune femme prénommée Epona.
Alors qu’il parvient à la sauver in extremis, elle lui confie habiter sur une île située dans l’estuaire de la rivière Blackwater, qui n’est accessible que quelques heures par jour.
Touché par Epona qui semble cacher de grands malheurs, Sam décide de la reconduire chez elle et de s’entretenir avec ses parents. Mais une fois sur l’île, ce père éploré découvre une population aux rites particulièrement étranges et comprend qu’il sera difficile d’en revenir en un seul morceau…
The Third Day, le mystère toujours entier
Dès son premier épisode, The Third Day donne le ton, et il sera à l’effroi.
Loin de n’être qu’un amas de clichés à base de balançoires qui grincent, de jumpscares
et de silhouettes au bout d’un couloir, la série puise son ignominie dans le psyché tortueux des personnages. Entre Sam, dont le deuil a creusé les cernes et l’inconscient, et les habitants d’Osea, qui rivalisent tous d’étrangeté comportementale, il y a de quoi développer une intrigue tordue à souhait…
Et c’est ce qu’ont fait, non sans ingéniosité, Dennis Kelly et Felix Barrett, les créateurs du programme.
Pour l’instant, seuls trois épisodes sur six sont disponibles sur la plateforme OCS en US+24, mais ce qui est certain, c’est que du premier au troisième, il est impossible de prévoir ce qui advient à ces héros « du troisième jour ».
Évidemment, la démence globale qui flotte au-dessus d’Osea sème des indices de-ci de-là sur les malheurs qui risquent de s’abattre toujours plus nombreux sur Sam et sa nouvelle amie Jess. Mais justement, les révélations sont bien distillées au fil des épisodes, et le mystère subsiste de bout en bout (pour l’instant toutefois).
Cette série jouit donc d’une qualité trop rare pour ne pas être soulignée : elle est parfaitement dosée, et surtout très bien rythmée.
Point de cliffhanger qui ne mène à rien, point de ventre mou mais un récit qui s’étend tranquillement et habite pleinement chacun des épisodes.
La tension monte crescendo et on ose à peine imaginer l’état de notre palpitant au dernier épisode !
Ainsi, The Third Day fait flipper intelligemment. Difficile d’éteindre la lumière immédiatement après en avoir regardé un épisode.
The Third Day, un casting hollywoodien
Pour porter cet étonnant synopsis, HBO a embauché la crème de la crème.
C’est Jude Law qui prête ses traits (fatigués) à Sam, et Katherine Waterston (Les Animaux Fantastiques, Inherent Vice) qui incarne son acolyte Jess.
Les deux acteurs se donnent corps et âme pour interpréter ces deux écorchés vifs, et ça se voit ! Jude Law est quasiment méconnaissable en père dévoré par la tristesse. Katherine Waterston, lumineuse à l’inverse, apporte un peu de nuance à l’intrigue, les autres personnages semblant tous particulièrement attaqués du ciboulot.
The Third Day, une photo à tomber
The Third Day est absolument hypnotique. La faute sans doute à une photo à tomber, qui capture la somptuosité d’Osea, mais aussi sa difformité. On passe d’une forêt calme et verdoyante à un animal éventré recouvert de terre, d’un crépuscule bleu à une nuit rougeoyante : toute l’horreur du programme tient à sa déroutante ambiguïté visuelle.
On se croirait, à certains moments dans Antichrist, long-métrage décrié de Lars Von Trier, dont on ne sait pas si les terres qu’il filme se trouvent au paradis ou en enfer.
The Third Day déroute donc psychologiquement ET visuellement, provoquant le malaise total du spectateur. Malaise comparable à celui qu’on ressent devant un film d’Ari Aster (Midsommar, Hérédité) ou d’Adrian Lyne (L’échelle de Jacob).
Et Dieu (puisqu’on en parle tant dans The Third Day) qu’il est bon de sortir de sa zone de confort audiovisuelle !
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