Depuis plusieurs jours, Harvey Weinstein, l’un des plus grands acteurs de l’industrie du cinéma aux États-Unis (donc dans le monde), fait la une de tous les journaux.
Et ce n’est pas pour un nouveau film en lice aux Oscars.
Le producteur est accusé par de très nombreuses femmes de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles et de viol. Depuis des décennies, il aurait abusé de son pouvoir et de sa célébrité.
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Harvey Weinstein, accusé de harcèlement sexuel, d’agressions, de viol
C’est le très sérieux New York Times qui a mis le sujet sur le devant de la scène médiatique en publiant un long article révélant notamment qu’Harvey Weinstein a passé plusieurs accords avec des femmes l’accusant de harcèlement sexuel.
Déjà dans cette première publication, les témoignages sont nombreux.
Le schéma est quasiment toujours le même : Weinstein met en place un rendez-vous avec une jeune femme débutant dans le milieu du cinéma. Il l’attend dans un hôtel.
La femme vient à l’heure dite, pensant qu’il s’agit d’un moment professionnel. Harvey Weinstein est tout-puissant ; être dans ses petits papiers, ça peut faire décoller une carrière.
Mais ce n’est pas pour parler boulot qu’il l’a convoquée.
Selon les femmes témoignant, Harvey Weinstein s’est dévêtu devant elles, leur a demandé de le regarder se doucher, a réclamé un massage, les a touchées sans leur permission…
Et il ne s’est pas arrêté là. Plusieurs femmes parlent de sexe oral ou de pénétration vaginale sans leur consentement, donc de viol.
Rosanna Arquette dit qu’Harvey Weinstein lui a demandé un massage alors qu’elle venait chercher un scénario. Elle a refusé, et le rôle est allé à quelqu’un d’autre.
Les femmes en question, surprises et choquées, avaient peur de mettre leur carrière en danger en refusant les avances de Weinstein ou en portant plainte.
Mais elles en parlaient.
À leur compagnon, comme Gwyneth Paltrow qui s’est confiée à Brad Pitt, son petit ami de l’époque, lequel a dit à Weinstein de ne plus jamais poser la main sur elle.
Quand Gwyneth Paltrow avait 22 ans, Weinstein l’a prise par les épaules et a suggéré de se rendre dans la chambre pour des massages. Elle a refusé.
Brad Pitt a confronté Harvey Weinstein lors d’une projection et lui a dit de ne plus jamais poser les mains sur Gwyneth Paltrow. Peu après, selon Paltrow, Weinstein l’a avertie de ne parler à personne d’autre de ses avances.
Elles en parlaient autour d’elles, aux autres femmes gravitant dans l’entourage de Weinstein, dans un réflexe de protection. Elles se disaient de faire attention à lui, se rendaient accompagnées à leurs rendez-vous avec lui.
Pendant des décennies, des femmes se sont serré les coudes pour ne pas se retrouver seules aux prises avec Harvey Weinstein.
J’ai eu une mauvaise expérience avec Harvey Weinstein dans ma jeunesse ; j’ai décidé de ne plus jamais travailler avec lui, et de prévenir les autres. (Angelina Jolie)
« Tout le monde savait » qu’Harvey Weinstein était dangereux
Son comportement est devenu un secret de polichinelle. Autant de femmes, pendant autant de temps, avec toujours les mêmes méthodes, ça finit par se savoir.
En 2013, pendant la cérémonie des Oscars, Seth McFarlane a dit aux nominées pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin :
« Bravo mesdames, vous n’êtes plus obligées de faire semblant d’avoir du désir pour Harvey Weinstein. »
Dans 30 Rock, une série de Tina Fey, un important personnage féminin déclarait :
Je n’ai peur de personne dans ce milieu. J’ai refusé d’avoir une relation sexuelle avec Harvey Weinstein.
En 2017, le sujet est enfin mis sur le devant de la scène. Des femmes témoignent, à visage découvert ; certaines ont une carrière bien installée, d’autres moins, et risquent davantage à s’exprimer.
Quelles récompenses pour cette prise de risque ? Harvey Weinstein est-il, comme tant d’autres avant lui, à l’abri dans une confortable impunité ?
Eh bien pas cette fois.
Harvey Weinstein ne restera pas impuni
Deux jours après la parution de l’article dans le New York Times, Harvey Weinstein a été licencié de sa boîte de production.
Sa conseillère, l’avocate Lisa Bloom, a démissionné et ne travaille plus à son service.
Plusieurs personnalités politiques appartenant au parti démocrate, généreusement soutenu par Harvey Weinstein, se défont de ses donations (ils rendent l’argent, quoi, pas comme d’autres).
Et sa femme, Georgina Chapman, mère de ses deux enfants, vient de le quitter. Elle a déclaré :
« Toutes ces femmes qui ont souffert de façon inimaginable à cause de ces actions impardonnables, ça me brise le cœur. J’ai décidé de quitter mon mari. Prendre soin de mes enfants est ma priorité. »
Mettre fin à l’impunité des agresseurs sexuels, un geste fort pour la société
Harvey Weinstein n’ira probablement pas en prison pour ses actes. Et rien ne peut racheter ce qu’il a fait subir à toutes ces femmes pendant des dizaines d’années.
Mais au-delà du jugement légal, il y a le jugement moral. Celui que nous appliquons, en tant qu’humain•es, en tant que société, et qui envoie des messages forts.
Ce que la société dit, via ces réactions à l’article du New York Times sur Harvey Weinstein, c’est ce que dit aussi Gwyneth Paltrow :
« Cette façon de traiter les femmes prend fin ici. »
Il faut faire passer le mot : l’impunité, c’est fini. Fini les hommes libidineux profitant de leur pouvoir, de leurs relations, de leur supériorité hiérarchique pour assouvir leurs pulsions malsaines.
Fini les secrets de polichinelle, les femmes qui se chuchotent de faire attention aux mains baladeuses d’untel, qui se préviennent mutuellement de ne jamais rester seule avec untel.
Fini la peur qui tord les tripes des femmes au pied du mur, pensant mettre leur carrière en danger si elles ne cèdent pas aux pressions d’un homme en érection devant elles.
Enregistré à son insu, Weinstein admet avoir touché les seins d’une jeune femme sans sa permission et tente de la convaincre de le rejoindre dans sa chambre d’hôtel.
Ces actes ne finiront pas avec Harvey Weinstein. Mettre un harceleur sexuel au ban de la société ne suffira pas à éradiquer le harcèlement sexuel.
Mais
c’est un pas dans la bonne direction. Un pas vers davantage d’Harvey Weinstein qui ne resteront pas impunis.
Après s’être tues pendant si longtemps, les femmes se sont unies pour ne plus être victimes. Leur voix a porté fort et loin. Ça fait peur, de parler ; peur d’être jugée, de n’être pas crue, d’être moquée, d’être seule.
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Ces femmes ne sont plus seules et leur parole n’a pas été vaine. J’espère qu’elles inspireront d’autres victimes à prendre la parole, et que les exemples se multiplieront pour prouver que les comportements comme celui de Weinstein ne sont JAMAIS acceptables.
Qu’au moins, ces femmes n’aient pas souffert en vain.
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Les Commentaires
Pour que le dénoncer fonctionne il aurait fallu que plusieurs femmes s'allient pour le faire tomber, mais comment tu trouves les autres victimes? Ou alors qu'une victime de viol porte plainte, mais comme la plupart avaient recu de l'argent contre leur silence elles pouvaient pas.
J'imagine que oui beaucoup savaient plus ou moins ce qu'il ce passait mais tu peux rien faire si t'es pas une de ses victimes. Quand à le virer de sa compagnie, si j'ai bien compris c'était sa compagnie, qu'il avait monté avec son frère. Tu te fais pas virer comme ca, y a personne de plus haut placé que lui, et les actionnaires je pense qu'ils s'en foutent royalement tant que l'argent rentre, et la Wenstein Compagny ca rapporte beaucoup.
C'est bien plus complexe que ce que l'on voit, Rose McGowan avait signé un accord l'empêchant de parler, des années plus tard elle sort avec Robert Rodriguez et joue dans son film Planète Terror. Tous les films de Rodriguez sont produits par les Weinstein. Elle en a légèrement parlé dans sa déclaration publique en disant qu'elle s'était retrouvé à jouer dans un film que son ex avait vendu a Weinstein. Mais elle pouvait rien faire, le film était en collaboration avec Tarantino, tous les films de Tarantino et Rodriguez sont produits par les Weinstein, avec à mon avis des contrats de malade qui les empêchent de changer de producteurs.
Pour les stars qui sont offusquées aujourd'hui et savaient surement ce qu'il se passait, je vois pas trop comment ils pourraient réagir autrement, tout ce qu'il font c'est pour leur image publique, ils vont pas se descendre eux même en disant qu'ils savaient mais ont rien fait.
C'est un milieu pourri jusqu'a la moelle et le seul truc positif c'est que faire enfin tomber un homme aussi puissant va encourager les autres victimes à parler, et c'est ce qu'il se passe au Canada.
Ce que j'aimerai (dans une utopie) c'est que tout les postes de ces hommes immondes soient récupérés par des femmes.