Il pourrait bien finir sa vie derrière les barreaux. Jeudi 23 janvier, l’ancien magna d’Hollywood, Harvey Weinstein, a été condamné à seize ans de prison supplémentaires, à l’issue de son deuxième procès, qui s’est tenu à Los Angeles. Il a été reconnu coupable de viol et de multiples agressions sexuelles sur une mannequin et actrice italienne, pour des faits remontant à 2013 dans un hôtel de Beverly Hills.
Le tribunal a précisé que cette peine devrait être purgée à la suite de celle déjà en cours, d’une durée de 23 ans d’emprisonnement, dont il avait écopé après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires.
Comme il l’avait laissé entendre avant que ce deuxième verdict ne tombe, l’ex-producteur américain, aujourd’hui âgé de 70 ans, a fait appel de la décision rendue.
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Plusieurs semaines d’audience éprouvantes
Ce sont quatre plaignantes anonymes qui ont pris la barre cette fois-ci, pour raconter les horreurs infligées par celui décrit comme un « ogre tout-puissant », dont la chute en 2017 avait permis une libération de la parole et la naissance du mouvement #MeToo.
Elles ont décrit des relations sexuelles forcées dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013. L’ex-producteur, quant à lui, a choisi la stratégie de la pitié, tentant d’implorer la clémence des juges : « S’il vous plaît, ne me condamnez pas à la prison à vie. Je ne le mérite pas. Il y a tellement de choses qui ne sont pas normales dans cette affaire », a-t-il dit. « Je maintiens que je suis innocent, je n’ai jamais violé ou agressé sexuellement ». Sa défense s’est par ailleurs évertuée à discréditer les témoignages des quatre plaignantes, insistant sur l’absence d’éléments médico-légaux pour étayer leurs récits.
Celui qui a longtemps joué de son statut d’homme puissant pour réduire au silence ses victimes, terrifiées à l’idée de perdre leurs carrières, encourait jusqu’à 18 ans de prison.
Des jurés mitigés
Mais les jurés en ont décidé autrement, comme l’expliquent nos confrères de Libération :
« Aux États-Unis, avant le prononcé de la peine, le tribunal tranche d’abord sur la culpabilité de l’accusé. Ainsi, le procès de décembre 2022 s’est soldé par un verdict partagé. Les jurés ont déclaré Harvey Weinstein coupable de toutes les accusations portées par la mannequin européenne. Ils l’ont en revanche déclaré non-coupable concernant celles d’une deuxième femme, et n’ont pas formulé de verdict concernant les allégations portées par les deux autres. »
Libération, 23 février 2023
Après cette condamnation de l’ex-producteur au pénal, la mannequin italienne reconnue comme victime a déposé plainte début février devant un tribunal de Los Angeles, afin d’obtenir des dommages et intérêts au civil. Consultée par l’AFP, cette plainte ne spécifie pas le montant demandé, mais met en lumière la « souffrance physique et mentale » provoquée par le viol et les agressions sexuelles subies. L’actrice italienne ne faisait pas partie de l’accord au civil qui, en 2021, avait par ailleurs attribué 17 millions de dollars à plusieurs dizaines de femmes accusant l’ancien titan d’Hollywood.
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90 femmes accusent Harvey Weinstein
Depuis 2017, ce sont près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, qui ont accusé de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols l’ex-producteur américain. Pour la plupart d’entre elles, malheureusement, le délai de prescription est dépassé, certaines de ces affaires remontant jusqu’à 1977. L’ex-producteur est par ailleurs inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.
Les réactions saluant la décision n’ont pas tardé à pleuvoir, certains se félicitant même que le jugement tombe le même jour que celui du chanteur R. Kelly, condamné quant à lui à 20 ans de prison pour pédopornographie.
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