2001, c’est l’année où j’ai pris un cours de hip hop avant d’immédiatement abandonner devant ma nullité évidente. C’est aussi l’année du pantalon en peau de pêche, des bottes à bouts pointus et des mini-jupes en latex fuchsia.
Mais 2001, c’est aussi et surtout l’année où vous et moi avons découvert Harry Potter pour la première fois au cinéma, après avoir englouti les quatre premiers tomes de la saga littéraire tissée par J.K. Rowling.
Parce qu’il était hors de question de laisser passer le vingtième anniversaire du premier volet sans le fêter en grande pompe (et parce que le studio aurait tort de nous priver d’une piqûre de rappel de son univers phare avant la sortie des Animaux Fantastiques 3…), Warner a façonné une superbe émission diffusée sur HBO Max et sur Salto en France.
Une réunion Harry Potter tendre et émouvante, qui vient tout à fait écraser celle de Friends, diffusée en mai 2021, même si elle comporte tout de même son petit lot de déceptions.
Retour sur un programme que j’ai hâte d’oublier… pour vite le revoir.
Harry Potter : Retour à Poudlard, et surtout en enfance
Ça commence par une enveloppe cachetée, un voyage en train, et la délicatesse d’un bal emplumé dans la grande salle de Poudlard, où virevoltent des danseurs, et où se croisent certains acteurs de la saga, parmi lesquels Tom Felton et Emma Watson.
Immédiatement, comme par enchantement, la nostalgie opère et nous renvoie 20 ans en arrière, lors des premiers pas des acteurs sur grand écran.
Rapidement, les visages apparaissent, et ponctuent les récits : celles et ceux qui ont prêté leurs traits à Hermione, Ron, Harry, Hagrid, les jumeaux Weasley, Sirius, Neville, Chris Columbus et consorts viennent témoigner de leurs rencontres, de leurs amitiés, de leurs souvenirs les plus marquants.
Et ce dans un ordre chronologique qui permet de revoir tout un tas d’images, non seulement des premiers volets, mais aussi des premiers castings, notamment pour choisir le Harry Potter parfait !
Il est charmant de regarder nos trois héros principaux — Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint — faire leurs premiers essais face-caméra, et fascinant de découvrir comme ils ont été bien castés.
Tous les trois ne jouent pas, ils SONT leurs personnages ! À commencer par Emma Watson, que tout le monde sur le plateau définit comme une élève modèle, intelligente, brillante même. D’ailleurs, la petite fille était à l’époque tellement persuadée d’être Hermione que ses parents se sont demandé comment ils feraient si elle n’obtenait pas le rôle.
Heureusement pour eux et pour elle, Emma Watson est la Hermione Granger que l’on connait tous désormais.
Ainsi, c’est avec une vraie nostalgie et une larmichette qui menace de couler à chaque instant qu’on plonge, non pas seulement dans l’histoire de la saga qu’on connaît, mais dans ses coulisses, apprenant combien les enfants acteurs étaient dissipés (rien de plus normal vu leur âge), et combien le tournage semblait s’apparenter à une immense colonie de vacances.
Place aux fabricants avec les réalisateurs de la saga Harry Potter
Outre les acteurs, présents en grand nombre pour évoquer leurs souvenirs et détailler leurs relations, l’émission présente évidemment tous les réalisateurs de la franchise — à commencer par Chris Columbus, qui a eu la lourde responsabilité de mettre le pied à l’étrier de la saga.
Il explique comment on s’y prend pour faire tourner des enfants, pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-même, tout en s’amusant.
On y découvre ensuite Alfonso Cuarón, Mike Newell et bien sûr David Yates (dont Harry Potter et l’Ordre du Phénix est le premier long-métrage pour le cinéma) en train de diriger leurs jeunes acteurs.
L’occasion de découvrir combien le jeu des jeunes acteurs évolue, ainsi que la manière avec laquelle les réalisateurs les dirigent.
En effet, David Yates, par exemple, s’adresse à eux comme à des adultes, sur un ton bien différent de Chris Columbus, les mettant dans la peau d’acteurs professionnels — ce qu’ils étaient de toute façon après le tournage des trois premiers volets de Harry Potter.
Il est passionnant de voir tous les réalisateurs se succéder pour confronter leur manière de procéder, selon l’âge de leurs acteurs mais aussi selon les thématiques du film : à partir de L’Ordre du Phénix par exemple, la saga verse davantage dans le politique, ce qui requérait un réalisateur tourné vers ce domaine précis.
Passer de l’autre côté du miroir, même 20 ans après, ça fait frissonner de plaisir.
La belle fresque des grands acteurs britanniques de Harry Potter : Retour à Poudlard
Il est bien différent de regarder Harry Potter quand on est môme que lorsqu’on est bel et bien adulte.
Difficile, quand on a 10 balais, de reconnaitre la myriade de visages pourtant illustres du paysage cinématographique britannique.
Pourtant, dans la saga, les plus prestigieux des comédiens ont défilés, parmi lesquels Gary Oldman, Ralph Fiennes, Helena Bonham Carter, Maggie Smith, Alan Rickman, Richard Harris et encore bien d’autres.
Certains d’entre eux honorent l’émission de leur présence, dans les décors des films de la saga. L’occasion d’apprendre que les enfants-acteurs n’avaient absolument pas conscience, surtout lors du tournage du premier volet, d’être en présence de mastodontes du cinéma !
En grandissant toutefois, les acteurs ont pris la mesure de leurs nouvelles fréquentations. Daniel Radcliffe a par exemple halluciné et un poil stressé quand il a appris que Gary Oldman allait jouer son parrain. Il a alors demandé à Emma Watson et aux autres acteurs d’être « cool » devant lui.
Par ailleurs, le trio de tête, composé de Radcliffe, Watson et Grint, raconte face caméra combien il était impressionnant et enrichissant de tourner avec des stars internationales — notamment dans une scène du Prisonnier d’Azkaban réunissant Gary Oldman, Alan Rickman et Timothy Spall.
Une leçon d’acting pour les trois jeunes acteurs et pour nous, devant Harry Potter : Retour à Poudlard.
Un bel hommage aux disparus dans Harry Potter : Retour à Poudlard
Le secret de la réussite de l’émission proposée par HBO Max aux États-Unis et par Salto en France, c’est sans nul doute l’élégante simplicité de sa réalisation.
Point de voix-off décrivant les différents temps et actions, point de présentateur qui distribue la parole (ce qui était franchement lourdingue dans la réunion Friends), point de stars random venues donner leur avis sur la saga : simplement des images au service des histoires racontées par les intervenants, des plans splendides, et un montage efficace.
C’est grâce à ce savant mélange, qui débarrasse l’émission d’une dimension trop américaine ou d’un quelconque misérabilisme, qu’est rendu un splendide hommage aux morts. Celles et ceux qui ont participé à l’aventure Harry Potter devant et derrière la caméra, qui s’en s’ont allés et qui méritent, eux aussi, d’être célébrés lors de cet anniversaire.
Grâce à un somptueux montage d’images et de témoignages, la lumière est faite sur ces sorciers disparus qui nous manquent à tous.
Et ça fout les poils.
Beaucoup d’absents dans Harry Potter : Retour à Poudlard
Malheureusement, et comme une œuvre, quelle qu’elle soit, n’est jamais parfaite, il y a des petits couacs, dans cette belle cérémonie.
En effet, beaucoup de comédiens brillent par leur absence. À commencer par l’illustre Maggie Smith, qui campe l’incroyable Minerva McGonagall, ou encore les actrices Sitara Shah et Afshan Azad qui jouent les sœurs Parvati et Padma Patil, ainsi que Katie Leung ou encore Robert Pattinson !
Autant d’absences qui se font sentir, même si on peut tout à fait comprendre qu’il soit impossible de réunir l’entièreté des personnes ayant fait la magie Harry Potter, que ce soit à cause du Covid ou tout simplement par incompatibilité d’agenda.
Il est possible d’imaginer, par exemple, que Robert Pattinson est actuellement en promo pour The Batman de Matt Reeves, et que son image d’anti-héros archi-badass pourrait être entamé par son statut de vicos imberbe qui meurt en deux secondes dans Harry Potter et la Coupe de feu ?
Mais je n’en sais rien bien sûr, ceci n’est que spéculation !
J.K. Rowling, une absence dont la raison n’est pas celle que vous croyez
J.K. Rowling, l’autrice de la saga, fait également partie des grands absents de l’émission. Seuls quelques magnétos d’elle, tournés il y a quelques années, ont été utilisés, pour tout de même l’inclure dans l’histoire des films.
Beaucoup ont affirmé, dénoncé, hurlé qu’elle avait été écartée de la réunion en raison de ses propos transphobes. Sauf que la raison est tout autre : HBO a bien sollicité l’autrice pour participer à un entretien, et l’intéressée aurait tout simplement décliné, arguant que les interviews faites il y a quelques années étaient suffisantes.
Tout est beau, tout est rosé à Poudlard
Pour conclure en toute franchise, le point noir principal de l’émission est… qu’on n’y apprend pas grand-chose qu’on ne savait déjà.
En raison des rouages de la machine bien huilée d’une telle franchise (destinée à un public familial, qui plus est), personne n’est habilité à sortir des rangs et à évoquer les zones plus sombres des coulisses d’Harry Potter.
Par exemple, il n’est fait mention nulle part de la difficulté qu’a eu Daniel Radcliffe à encaisser la célébrité, se réfugiant ainsi dans l’alcool.
Il aurait été intéressant que l’acteur revienne sur sa relation compliquée avec la notoriété, avec ce qu’elle lui a couté en santé mentale et en santé tout court.
Ainsi, l’émission demeure un peu en surface, nous entretenant dans un univers « tout beau, tout rose » absolument factice.
En dépit de ces quelques points noirs, Harry Potter : Retour à Poudlard est un shot de nostalgie, un sachet de bonbons dont il est difficile de n’en manger qu’un. Alors on vous le conseille chaudement !
Voir Harry Potter : Retour à Poudlard sur Salto
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