Hari Nef a été assignée garçon à sa naissance, il y a 22 ans, dans la ville de Newton (Massachusetts). Mais, comme elle a pu le dévoiler dans son interview donnée au très bon magazine Dazed, elle a toujours su qu’elle était de genre féminin.
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Pendant son enfance, elle se sentait devenir un « enfant bizarre et potelé », mais pourtant « populaire et bohème ». Adolescente, elle avait l’impression d’être prise dans un carcan, comme « programmée », et essayait de sortir de son quotidien qu’elle jugeait monotone en se droguant et en allant batifoler en douce avec différents garçons — le tout dans le dos de sa mère.
Mais à 18 ans, Hari a décidé de prendre en main son destin, afin d’atteindre un univers plus « drôle et glamour » que celui dans lequel elle a évolué, et de tenter sa chance pour intégrer la prestigieuse (et un peu vieux jeu) Université de Columbia, de laquelle elle est sortie en mai dernier, diplômée d’art dramatique.
Via le compte Instagram de Hari.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2015 est l’année de consécration de la jeune femme, puisque même avant d’avoir son diplôme, au mois de mars, elle a signé un contrat avec la grande agence de mannequins IMG, qui a aussi fait travailler Gisele Bündchen, Heidi Klum ou encore Kate Moss ! Tout cela, en plus d’avoir défilé et fait plusieurs couvertures de magazines quelques années auparavant.
Bref, Hari Nef, c’est la star qui monte.
Très pédagogue, elle met un point d’honneur, notamment à travers différents articles écrits pour Vice ou sur son propre Tumblr, à répondre aux différentes questions que les internautes peuvent se poser sur des sujets comme la transidentité, son parcours ou simplement sur le mannequinat.
Si Hari commence tout juste sa carrière (qui semble être plus que bien partie), elle a entamé ses traitements hormonaux il y a peu également, et c’est aussi pour cela qu’elle souhaite être totalement accessible : afin de pouvoir renseigner voire aider des personnes qui souhaiteraient suivre elles aussi ce cheminement. Elle est d’ailleurs d’une adorable fraîcheur à ce propos dans l’interview qu’elle donne à Dazed :
« J’ai des fesses, maintenant ! Et ma taille s’est affinée, mais ce n’est pas parce que j’ai fait du sport ou un régime, ce sont les hormones ! C’est complètement fou et j’adore. Mes seins sont mes nouveaux jouets préférés en matière de sexe, ça me fait bizarre. Si un mec gay me drague en boîte, je fais le test. Je prends sa main, je la mets sur mon nichon, le regarde droit dans les yeux et lui demande s’il n’a pas de problème avec ça».
Via sa page Facebook.
En revanche, lorsque le journaliste lui demande si elle est en train de vivre une sexualité à la fois nouvelle, totalement désinhibée et ponctuée d’amour multiples, elle est moins confiante sur la question :
« Je ne sais même plus comment parler aux filles ou aux garçons, maintenant. Avant, j’avais l’habitude des relations stables. La semaine dernière, j’étais avec une personne différente chaque nuit, mais c’est tout. Les gens étaient fascinés par moi par le passé, mais ça n’arrive plus, maintenant. Peu de personnes trouvent les femmes trans fascinantes, pour moi. Aucun de mes amis ne m’a dit un jour « j’adorerais coucher avec une femme trans »… ».
Si la jeune femme tâtonne encore avec la perception des autres et sa propre sexualité, elle est très fière de son parcours et de son combat au quotidien. Hari soutient évidemment la cause LGBT, et surtout les autres femmes trans qui viennent de commencer leurs traitements hormonaux, tout comme elle.
Même si elle est très fière de voir de plus en plus de porte-paroles de ces causes, comme Caitlyn Jenner ou Laverne Cox, elle trouve que leurs discours, et plus largement leurs représentations médiatique ne sont que des petites fissures faites au plafond du plus gros problème :
« Pour moi, c’est beaucoup plus facile pour ces personnes qui passent à la télé d’être comprises et aimées, et même désirées, que pour des anonymes. Je ne veux pas que la même histoire de personne trans soit racontée encore et encore. Je ne veux pas que les gens restent coincés dans cette vision occidentale de qu’est être transgenre. Ce que nous devons vraiment voir et regarder, c’est la fluidité de genre, et l’idée que le genre peut être modelé de la façon que l’on veut. »
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Enfin, même si la jeune femme est passionnée par son métier de comédienne et de mannequin, elle a pour projet de se servir de sa notoriété grandissante pour essayer de devenir avocate, afin de représenter aux mieux toutes les personnes trans, et ouvrir les yeux au monde sur ce qu’est vraiment l’identité : celle que chaque personne, quelle qu’elle soit, a choisie, sans prendre en compte le physique ou les diktats sociaux.
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