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Harcèlement scolaire, transidentité… « Wonder Egg Priority », l’anime engagé à ne pas manquer

Derrière ses atours colorés se cache une vaste parabole antisuicide : partez à la découverte du très sensible anime Wonder Egg Priority.

Ai Ohto est une adolescente aux yeux vairons, avec un hoodie jaune iconique et le regard un peu perdu. Elle refuse de sortir de chez elle, ou plus précisément de retourner au collège. On comprend vite pourquoi : Ai est harcelée, et sa meilleure amie s’est suicidée.

Un soir, elle trouve un œuf qui la fera rentrer dans un monde onirique, où elle sauvera des camarades de classe ou des filles de son âge, d’autres âmes qui ont déjà commis l’irréparable. C’est l’intrigue étonnante de Wonder Egg Priority, dont l’épisode final vient d’être diffusé sur la plateforme Wakanim, après un hiatus de plusieurs mois.

Dans un monde à la magical girl où son stylo quatre couleurs se transforme en arme géante, Ai affronte des démons — tous des métaphores assez transparentes. Elle sera bientôt rejointe par trois autres camarades qui ont toutes une amie disparue sur la conscience : Neiru, Rika (qui se bat avec un cutter, inutile de vous faire un dessin sur ce que ça suggère…) et Momoe, une jeune fille trans. Rien que la présence d’un tel personnage qui n’est ni un bête mécanisme de scénario ni un sujet d’humour déplacé, est une bonne raison de regarder Wonder Egg Priority, qui ne manque pas de qualités !

Wonder Egg Priority, une série signifiante par principe…

WEP

, pour les intimes, est le premier projet de Shin Wakabayashi en tant que réalisateur ; il a précédemment tenu des postes d’animateur-clé et de directeur d’épisodes sur d’autres animes. Il s’est spécialisé sur le réalisme du mouvement des corps.

Son premier bébé est une série originale qui a immédiatement charmé les fans d’animation dès la diffusion du premier épisode, début janvier. Sa direction artistique est étonnante, foisonne de couleurs, d’animation ambitieuse, et WEP ose aborder des sujets graves : dépression, solitude, isolement, suicide… et l’ijime, le harcèlement scolaire dans les classes japonaises, problème très présent dans la pop culture nationale — le proverbe « le clou qui dépasse appelle le coup de marteau » reste pertinent.

Dans une industrie où la subtilité n’est pas une norme, Wonder Egg Priority n’a pas peur de suggérer, mais aussi de montrer des choses que peu oseraient faire figurer. Certains plans sont crus, des épisodes bouleversent avec des passages inhabituellement rudes. Les intrigues sont particulièrement graves, et mises au service d’une imagerie morbide qui se conjugue avec des tons légers, voire flashy. Le bilan technique convainc ; décors, doublage… le soin domine partout.

Seul le scénario n’arrive pas à la hauteur de ses ambitions. En multipliant les couches de narration, le réel, le métaphorique et sur la fin une intrigue qui frôle le cyberpunk, on ne sait jamais vraiment si la série sait où elle va atterrir… L’issue est clivante, trop ouverte, comme inachevée.

Ceci étant dit, on ne peut pas retirer à Shin Wakabayashi une première œuvre volontaire, sensible, qui prend des risques, qui multiplie les signaux d’alerte mais aussi d’espoir sur la vie des écoliers et écolières japonaises.

…et signifiante malgré elle

Si la série est originale et ambitieuse, Wonder Egg Priority soulève involontairement des problématiques bien concrètes liées à la production d’anime.

Avec, la même année, les dernières saisons de L’Attaque des Titans et The Promised Neverland (aussi du studio Cloverworks, et une encore plus grande catastrophe de production, Neverland étant une série shonen à succès), WEP a montré les scléroses qui persistent dans le monde de la production d’animation.

Et si, dans les deux premiers exemples, les stigmates sont soit graphiques, soit scénaristiques, soit les deux, WEP a pour sa part souffert d’un problème structurel qui l’a empêché de rendre certaines de ses copies à temps.

Sachez-le : dans la majorité des cas, quand un anime commence sa diffusion, il est toujours en cours de fabrication. Les créateurs n’ont pas hésité à montrer, de manière plus ou moins implicite, leur souffrance sur les réseaux sociaux. L’arrivée d’un épisode récapitulatif en milieu de parcours permet de gagner du temps, mais représente surtout un indice sur l’état de santé de l’équipe de production : un anime qui se veut bienveillant est devenu l’inverse pour ses créateurs… Le très informé Sakugablog résume la chose avec brio (en anglais).

En 2019, Stars Align — une bonne série de sport qui mettait l’accent sur le body-positive et la représentation d’identités diverses — avait elle aussi été torpillée à la toute fin sur une conclusion ouverte et absurde. C’est, hélas, le risque avec les projets qui prennent le risque de créer un scénario original : les périls de productions se multiplient… Mais les produits finis, pour leur originalité, restent à découvrir.

Wonder Egg Priority est sur Wakanim.

À lire aussi : On vous a trouvé des mangas avec une belle représentation LGBTI+


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Les Commentaires

3
Avatar de Querencia
15 septembre 2021 à 15h09
Querencia
Mais en tous cas, ça donne envie de regarder cet anime ! owant:

Alors, c'est un anime excellent uppyeyes: Mais qui a malheureusement souffert du traitement de leurs employé.e.s Surmenage, délai compliquée à respecter, etc.
Et ça se sent. L'épisode finale, qui clot la série ne clot pas l'intrigue principal.
Bref, très bon anime sur sa saison, mais franchement l'épisode spécial/final est pas terrible, et ce en raison des conditions
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Voir les 3 commentaires

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