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Société

« Le harcèlement de rue, c’est culturel » : un témoignage édifiant

Le harcèlement de rue, est-ce vraiment une fatalité ? Autre ville, autres moeurs, comme en témoigne ce tweet devenu viral.

Le harcèlement de rue est une épuisante banalité, que de nombreuses femmes dénoncent de plus en plus bruyamment depuis que Sofie Peters, étudiante belge, en avait révélé l’existence grâce à une caméra cachée.

C’était en 2012, nous sommes en 2018 et en France, la Secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes a présenté un projet de loi dont l’une des mesures vise à sanctionner d’une amende les faits de harcèlement de rue.

L’annonce de cette mesure avait soulevé de nombreux débats, relancés par le dépôt du projet de loi au Parlement.

À lire aussi : Quand tu veux verbaliser le harcèlement de rue, mais que la police fait parfois partie du problème

Comment lutter contre le harcèlement de rue ?

Le constat est simple : de (trop) nombreuses femmes se plaignent de ne pas pouvoir jouir de l’espace public en toute quiétude.

En clair : y en a marre de se faire emmerder dans la rue ou dans les transports publics juste parce qu’on est une femme seule.

Il est normal que les pouvoirs publics se saisissent du problème, cherchant à remédier à cette situation pénible. Mais comment ?

madmoiZelle a publié de nombreux articles au sujet du harcèlement de rue, et ils suscitent toujours le même type de réactions. Deux objections principales font régulièrement surface :

  • Le harcèlement de rue serait une réaction aux vêtements que portent les femmes : s’habiller court, moulant, sexy serait un appel à l’attention, et il ne faudrait donc pas s’étonner de susciter ladite attention.
  • Le harcèlement de rue serait une fatalité : les hommes sont hommes, il faut bien que leurs pulsions s’expriment, que voulez-vous, c’est comme ça et pas autrement.

Ah bon.

À lire aussi : Aux mecs qui me harcèlent dans la rue, sachez que je ne vous laisserai pas gâcher mes journées

« Le harcèlement de rue, c’est culturel », illustration par l’exemple

Donc, si je suis ces hypothèses : une jeune femme sexy se baladant seule la nuit dans une grande ville, en ne portant qu’un soutien-gorge en guise de haut, elle va FORCÉMENT se faire emmerder, n’est-ce pas ?

https://twitter.com/malviiinou/status/987304205395390464

  • Elle est jeune
  • Elle est en soutien-gorge
  • Elle est seule
  • Dans les rue de Madrid, une capitale européenne
  • Il est 4h du matin
  • Elle croise plein d’hommes et…

…Il ne se passe rien. (La suite va vous étonner).

Si ce tweet a dépassé les 16 000 RT à l’heure où j’écris ces lignes, c’est que son auteure, par son témoignage, illustre une solution sensée : peut-être que la cause du harcèlement de rue ne se trouve absolument pas dans les vêtements qu’une femme porte (ou ne porte pas), mais plutôt… dans le comportement des hommes ?

Donc : si globalement les hommes changeaient de comportement vis-à-vis des femmes, le problème serait réglé ?

« Posez-vous les bonnes questions »

https://twitter.com/malviiinou/status/987429477792788480

Tant de bon sens dans ce thread <3

Je me dis que si tu peux traverser Madrid en soutif à 4h du mat SANS te faire emmerder, ça doit être possible de traverser Paris ou n’importe quelle autre ville habillée, en journée, SANS te faire emmerder ?

Qu’est-ce que les hommes espagnols ont de plus que les hommes d’autres pays, selon vous ?

Est-ce qu’il ne suffirait pas de… respecter l’autre, tout simplement ?

C’est pas parce qu’une femme marche seule dans la rue qu’elle est « disponible », et ce indépendamment de la ville, de l’heure, des vêtements portés.

À lire aussi : #TasÉtéHarceléeMais… T’as vu comment t’étais habillée ?

La lutte contre le harcèlement de rue, une bataille culturelle

Oui, @Malviiinou a raison sur Twitter : le harcèlement de rue, c’est culturel. Autre pays, autre moeurs, autres comportements.

Mais ce n’est pas parce que c’est culturel que ce serait une fatalité.

Est-ce qu’une loi punissant les comportements relevant du harcèlement de rue va réussir à les éradiquer complètement ? Non bien sûr, il n’y aura jamais assez de flagrants délits pour punir tous les coupables…

Mais une loi de la République Française est un symbole fort dans une lutte culturelle : c’est l’affirmation d’un principe.

Il n’y a pas si longtemps, le harcèlement de rue n’avait pas de nom : on n’en parlait pas, on le subissait en silence. Il a eu des images, un nom, d’autres images, des questions, des débats, et bientôt une loi, si le Parlement l’approuve.

Et si je ne suis pas prête de pouvoir traverser sereinement Paris en soutien-gorge, cette future loi m’évitera pourtant d’avoir à subir des débats sur l’existence du harcèlement de rue, mais au fond est-ce que ce ne serait pas juste la séduction à la française, m’voyez ? Non.

Les lois de la République française condamnent et punissent ces comportements : ils ne sont donc ni normaux, ni acceptables. L’injustice n’est pas une fatalité.

— Merci à @Malviiinou de m’avoir autorisée à reprendre ses tweets.

Entretien avec Marlène Schiappa, Secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes

 


Les Commentaires

221
Avatar de youpyoup
2 mai 2018 à 13h05
youpyoup
Mais c'est tellement vrai et tellement culturel !!! Je vis en Irlande où tous les vendredis et samedis soirs les filles sont toutes à moitiés en culotte dans la rue (et je ne minimise pas mes mots, j'ai vu pleins de culotte depuis que je suis ici ahah) et tout le monde s'en fou et je trouve ça tellement biiiiieeeeeen !!!!!

Avant j'habitais en banlieue Parisienne et je me faisais tout le temps enmerder dehors, ici si un mec enmerde une nana ils seront 4 à lui tomber dessus pour lui dire d'arrêter, je me sens tellement en sécurité en Irlande.

Je ne dis pas que le harcèlement n'existe pas mais il est sévèrement puni ici et les mecs le savent très bien. Après y a aussi tout une part culturelle comme dit l'article, ici les filles et mecs ont des relations "bizarre", ils ne se mélangent pas beaucoup et son très timide. Du coup, y a beaucoup de détails qui rentrent en compte =)
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