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Société

La meilleure solution contre le cyberharcèlement ? C’est toi

Marie, fondatrice des Internettes, vous propose ici quelques conseils pour soutenir une personne cyberharcelée, à partir du cas de DanyCaligula. Le vidéaste s’est exprimé sur Twitter après un an de silence.

Tu connais peut-être DanyCaligula pour ses vidéos de vulgarisation passionnantes sur la religion, le bonheur, l’écologie ou la démocratie. Depuis 5 ans, il partage sur YouTube ses idées et des clés de compréhension du monde.

Il y a un an, DanyCaligula a notamment réalisé cette vidéo pour analyser et déconstruire la rhétorique de Raptor Dissident, un autre youtubeur dont l’activité principale consiste à partager ses idées, et sa propre lecture du monde.

https://www.youtube.com/watch?v=lJmfonXS-Zo&t=102s

Sur YouTube, il est assez commun de ne plus entendre parler d’un créateur pendant plusieurs mois. On se dit qu’il n’a plus de temps à consacrer à sa chaine, qu’il s’est découragé, qu’il cherche un nouveau sujet… ou que les imprévus de la vie l’ont rattrapé, tout simplement.

Mais ce week-end, j’ai compris pourquoi Dany avait arrêté de produire des vidéos et ça n’avait rien à voir avec mes suppositions.

DanyCaligula raconte le cyberharcèlement qu’il subit depuis un an

Tu peux ouvrir ce tweet dans un nouvel onglet pour pouvoir lire le thread dans son intégralité.

Depuis un an, Dany subit les assauts répétés de centaines d’anonymes visant à l’intimider. Leur but : le dissuader de poursuivre ses prises de parole sur YouTube.

L’histoire de Dany m’a affligée, mise en colère mais surtout, elle m’a rappelé d’autres épisodes terribles de cyberharcèlement, comme celui qu’a essuyé Marion Séclin.

Comme si c’était le cas de trop, j’ai eu envie de revenir sur cette tendance morbide à rouler dans la boue des inconnus pour trouver avec toi des solutions.

Harcèlement sur Internet : pourquoi réagissons-nous à des contenus qui ne nous sont pas destinés ?

Il y a de tout sur Internet. Chacun peut y trouver son compte, quelle que ce soit sa passion, quelles que soient ses ambitions. Alors pourquoi s’évertuer à aller ajouter de la négativité sur des contenus dont nous ne sommes pas la cible ?

Si tu n’aimes pas les fruits de mer, est-ce que tu rentrerais dans un resto de poisson pour aller dire au Chef : « je déteste votre cuisine ! Cessez tout de suite vos activités ! » ?

Non, parce qu’il en faut pour tous les goûts. Sur Internet, c’est la même chose.

Une vidéo que tu n’apprécies pas a poppé dans tes recommandations YouTube ? Plutôt que de mettre un pouce rouge, de te déchaîner dans les commentaires et d’augmenter tes risques d’accident cardiovasculaire, va donc regarder une vidéo de dinosaure chevauchant un poney, ça fera redescendre ta tension artérielle. Dans 5 minutes, tu auras oublié que la vidéo qui ne te plaisait pas a existé.

Tu suis un créateur ou une créatrice depuis des années et le tournant pris sur sa chaine ne te convient plus et ça te déçoit ? Ça m’arrive aussi.

Récemment par exemple, j’ai tenté de m’accrocher à YouTube Hero, la nouvelle websérie de Mathieu Sommet – lui aussi a subi une campagne de cyberharcèlement, également en relation avec une vidéo de Raptor Dissident, au passage.

https://youtu.be/N3UkaCQScwo

Après avoir essayé de tenir 3 épisodes, j’ai abandonné.

Je préférais ses commentaires de vidéos dénichées sur le net mais Mathieu a changé et avec lui, son contenu. Et c’est normal. Les créateurs vidéo grandissent sur Internet. Leurs goûts et leurs aspirations évoluent, et avec eux, leur public.

J’ai accepté que le contenu de Mathieu ne me soit plus destiné et je lui souhaite de trouver un nouveau public qui sera sensible à ses fictions. L’antidote est super simple : tu vas sur la chaine de la personne et hop, désabo. Ça va mieux, non ?

Et ce qui est formidable avec YouTube, c’est qu’en cherchant un peu, tu trouveras sans doute une nouvelle chaussure à ton pied. Le choix est vaste !

Cyberharcèlement : il y a critiquer et critiquer

Certain·es internautes sont porté·es par la volonté tout à fait louable d’aider le créateur ou la créatrice à améliorer ses productions, ou de rétablir une forme de justice.

Avec YouTube, on a effectivement la possibilité de filer directement des conseils à la personne qui crée du contenu et il y a de grandes chances pour qu’elle en tienne compte ou qu’elle en profite pour expliquer ses choix de réalisation.

Malheureusement, les commentateurs trop tatillons finissent par décourager les créateurs. Dans le milieu de la vulgarisation, il est commun que des internautes très éduqués viennent rectifier des faits et c’est louable.

Mais quand on a passé 40h à faire des recherches, à tourner ou à monter, il est parfois décourageant de voir que les viewers se focalisent sur un aspect négatif sans même reconnaître le travail global fourni autour de la vidéo.

À lire aussi : Pourquoi suis-je plus sévère avec mes alliées qu’envers mes adversaires ?

La forme de la critique prend ici tout son sens : on peut tout à fait signaler une erreur ou une imprécision avec diplomatie sans finir par insulter le travail de la personne qui a créé la vidéo. Avant de poster, relis-toi avec le point de vue de la personne qui le recevra.

D’ailleurs, avais-tu remarqué que les viewers étaient plus tatillons sur les vidéos de vulgarisation des femmes que sur celles des hommes ?

Florence Porcel en fait les frais quotidiennement, et honnêtement, je me demande où elle trouve encore la force et la conviction de continuer.

Mais quand je mets mes tripes, six mois de mon temps et une énergie infinie à constituer un contenu comme « La folle histoire de l’Exoconférence », pour la seule raison que je ne veux pas garder pour moi la chance inouïe de pouvoir côtoyer les personnes incroyables qui y participent, et qu’on me dit que j’ai forcément couché avec chacun des intervenants pour pouvoir parvenir à ce résultat, je sais que je devrais supprimer et oublier.

Mais c’est humiliant. C’est profondément humiliant et c’est compliqué de vous parler de ce commentaire-là encore aujourd’hui, plusieurs mois après l’avoir reçu.

Je suis la co-fondatrice de l’association Les Internettes, qui promeut le travail des créatrices de contenu vidéo. Nous avons notamment soutenu le documentaire de Léa Bordier et Lisa Miquer “YouTube : elles prennent la parole”. Je craignais que la partie sur l’ampleur du cyberharcèlement décourage des femmes de se lancer.

Aujourd’hui, il est très difficile de quantifier combien de femmes n’osent pas prendre publiquement la parole sur Internet de peur de se prendre un déferlement de haine.

Mais à chaque rencontre de l’asso avec des créatrices, des jeunes femmes me font part de cette crainte d’être décrédibilisées, déligitimées et jetées en pâture aux commentateurs les plus acerbes.

L’humiliation publique est une véritable angoisse.

Sur Internet, on est méchant·es

Je te vois sourire devant ce titre : ouah elle vit au pays des Bisounours, avec les gentils et les méchants, elle est si naïve !

Je ne vis ni au pays des Bisounours, ni au pays de la censure dans lequel personne ne pourrait donner son opinion.

Mais il y a une différence entre exprimer son opinion pour faire avancer un débat dans l’optique de sortir grandis de cet échange, et démolir quelqu’un sous prétexte qu’il ne pense pas comme nous.

Le sémiologue François Jost a publié en janvier un essai sur « La Méchanceté en actes à l’ère numérique » et même si je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire dans son intégralité, les interviews qu’il a données pour le promouvoir ont fait tilt.

Pour lui, la critique sur les réseaux sociaux devient une arme du peuple pour s’approprier les sujets d’ordinaire réservés à l’élite. Il décrit une lutte des classes quasi invisible et montre comment la haine et les insultes se sont banalisées :

« Chacun peut prendre la parole, critiquer, démolir. La dénonciation des valeurs d’une société a laissé la place à des attaques ad hominem ou ad statutum.

On ne reconnaît plus aux élites le droit de prendre la parole tout le temps et de juger de tout.

La méchanceté devient une arme pour le ‘peuple’ qui se défend contre une caste dont la parole ne souffrait, jusqu’il y a peu, aucune contestation. »

À quel moment a-t-on décidé qu’Internet nous donnait le droit de vie ou de mort sur une personne ? La peine de mort est abolie depuis 1981 en France et la voilà rétablie sur Twitter et sur YouTube sous prétexte qu’une personne ne partage pas notre vision du monde.

Ça ne te rappelle pas l’épisode de Black Mirror « Hated in the nation » dans lequel des internautes sont tués après avoir été dénoncés sous le hashtag #DeathTo pour avoir écrit « le mot de trop » sur les réseaux sociaux ?

black-mirror-s03e06

Invraisemblable et extrême, non ? Pourtant, l’allégorie n’est pas loin de devenir réalité.

Le cyberharcèlement n’est pas un accident : il est de plus en plus utilisé comme outil de lutte politique. Son but ? Faire taire une personne, la chasser d’un espace d’expression, empêcher la diffusion de son discours, de ses idées.

Participer à un cyberharcèlement, ce n’est pas exprimer un désaccord, ce qu’on peut très bien faire dans le respect de l’autre, et avec courtoisie.

L’insulte, le mépris que l’on balance à un ou une inconnue, qu’elle soit une personnalité publique ou juste un·e internaute qui s’exprime, ce n’est pas une discussion, un débat : c’est une violence.

Additionnez des dizaines, des centaines, des milliers parfois de messages de la sorte et vous avez un cyberharcèlement.

Le loup est dans la bergerie

Une victime de cyberharcelement peut très vite se retrouver isolée.

Dany témoigne :

Quand Marion s’est fait rouler dessus, c’était aussi par tout l’Internet.

D’un côté, il y avait les harceleurs hardcore, ceux qui l’enjoignaient à « fermer sa gueule » ou la menaçaient frontalement de mort, elle et ses proches.

De l’autre, il y avait les critiques de son propre camp, des personnes féministes qui lui reprochaient un manque de rigueur, doutaient de la sincérité de sa démarche, ne voulaient pas la soutenir publiquement parce qu’elle et son discours n’étaient pas « parfaits ».

Personne n’est parfait et personne ne mérite de se prendre ce torrent de violences, jamais. Les personnalités publiques sur Internet sont humaines et sensibles, elles sont touchées par ce qu’elles lisent, elles se remettent en question et prennent de plein fouet les critiques.

Aucun bouclier mental ne peut les empêcher de prendre tout ça à cœur.

Le Raptor Dissident s’est lui-même pris une volée de bois vert, suite à diverses vidéos publiées à son sujet, par d’autres créateurs.

tweet-raptor-dissident

J’ai beau avoir très peu d’affinité avec le personnage, je ne pense pas que la maxime « œil pour œil dent pour dent » nous aide à sortir grandi·es de nos combats contre le cyberharcèlement.

Alors maintenant, qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter de plonger au fond du gouffre d’autres créateurs ou créatrices ? En plus d’arrêter de les enjoindre à la perfection, on peut commencer par éviter de leur sortir ces banalités.

7 trucs à ne pas dire à une personne cyberharcelée

  • C’est pas des vraies attaques, c’est sur Internet

En 2018, Internet, c’est la « vraie vie ». Les mots qui te parviennent, qu’ils soient écrits ou en vidéo, ne sont pas virtuels. Ils t’atteignent autant que si on t’avait arrêté·e dans la rue pour te les dire en face. D’ailleurs, Internet c’est tellement la vraie vie que quand t’es cyberharcelé·e, t’es harcelé·e tout court.

Marion et Dany se font arrêter et insulter dans la rue, dans les magasins.  Dany a arrêté ses vidéos et est financièrement dans la dèche. Internet, c’est la vraie vie.

À lire aussi : Marion Séclin s’exprime dans Cyber harcelées, chroniques de l’impunité 2.0

  • Ça ne devrait pas te toucher, tu connais pas ces gens

On a tous et toutes envie de devenir des meilleures personnes. Les critiques nous touchent donc forcément, qu’elles viennent de notre mère ou d’un•e inconnu•e. Quand en plus ces inconnus se déchaînent par milliers dans tes mentions, ça devient un problème envahissant.

https://soundcloud.com/notube-binge-audio/marion-seclin-mon-youtube-mes-emmerdes

  • Tu n’as qu’à éteindre ton ordi et couper tes notifications

Peut-on vivre sans les réseaux aujourd’hui ? Quand on est une personne lambda comme toi et moi, tout se fait par Internet. Déclarer ses impôts, chercher un travail, trouver un toit, commander des produits…

Il est déjà compliqué de couper cet accès quand on est anonyme, alors imagine quand on est une personnalité publique.

Les personnalités publiques développent sur le web leur image de marque. Elles ne peuvent pas quitter Facebook, Twitter, Instagram, clôturer leur boite mail car c’est par là qu’elles sont contactées… à la fois par les personnes qui leur veulent du bien, et par celles qui leur veulent du mal.

  • En même temps, vu les sujets que tu traites, tu l’as bien cherché

« En même temps, vu que tu portais une jupe, normal que tu te sois faite violer. »

Ne blâmons pas les créateurs, ils n’ont rien demandé et sont des victimes avant tout. Blâmons les coupables.

  • T’as qu’à arrêter de faire des vidéos

Être créateur ou créatrice de contenus sur Internet peut être un hobby, mais c’est parfois un métier-passion. Parmi celles et ceux qui parviennent à en vivre, il y a parfois des histoires de longues galères. Ils ne peuvent pas décider de tout quitter du jour au lendemain.

Dire « tu n’as qu’à arrêter de faire ça » à une personne cyberharcelée, c’est comme dire à ta cousine qui subit du harcèlement moral de sa boss au travail « tu n’as qu’à changer de boite ». Ce n’est pas toujours aussi simple.

  • T’as qu’à porter plainte

À ma connaissance, aucune plainte déposée à l’encontre de cyberharceleurs n’a abouti à ce jour. Aucune.

La justice est d’une lenteur incommensurable et demande des preuves attestées par huissier qui sont extrêmement difficiles à fournir. Et même lorsqu’on les fournit, elles n’aboutissent pas. Et d’ailleurs, vous avez déjà essayé de porter plainte contre 1 000 personnes10 000 personnes ? 

  • Sois fort, ne leur donne pas raison en montrant que t’es atteint

Chacun gère les épreuves de la vie comme il peut. Dire à une personne « tu dois être fort·e » que ce soit face à un déferlement de haine sur Internet ou à l’annonce d’une maladie est parfois dévastateur.

Quand on enjoint à être fort, on met la personne à distance. Parfois ça peut être reçu comme « si j’étais toi, je ferais ça et je le ferais mieux que toi ». Réfléchissons-y avant de l’écrire ou de le dire, surtout à une personne que l’on ne connaît pas intimement.

Contre le cyberharcèlement, faisons preuve d’empathie

Depuis des années, je fais un bout de chemin avec des créateurs et des créatrices vidéo qui en CHIENT sur Internet. Parce qu’ils ou elles ont osé exprimer un point de vue qui n’est pas dans la norme, qui est avant-gardiste, qui dérange certains groupes de personnes.

Je suis en colère parce que je suis en empathie avec ce qu’ils et elles subissent. Le flot de haine. La minimisation. L’isolement. Les questionnements existentiels. La dépression. Les pulsions de mort.

À mes yeux, aucune cause, aussi juste soit-elle, ne justifie que l’on vienne détruire personnellement la vie d’un individu parce qu’on ne partage pas sa vision du monde.

Je suis persuadée que nous avons tous comme but commun de faire de la Terre un endroit meilleur pour tout le monde. Alors pourquoi nous évertuons-nous à pourrir la vie de gens que nous n’avons même pas envie de comprendre ?

Qu’on soit d’accord ou non avec ses idées, il suffit de se mettre deux minutes à la place de Dany pour avoir un haut le cœur et l’envie de mourir.

La meilleure chose à faire contre le cyberharcèlement : montrer son soutien

Ce qui va aider une personne à s’en sortir à ce moment-là, c’est de montrer un soutien indéfectible. Même si on sait qu’au fond de nous, on aurait fait autrement ou que ce que la personne a fait n’est pas parfait.

Elle ne mérite pas ça et la seule chose qui pourra l’aider à s’en sortir, c’est notre soutien.

Ça ne veut pas dire que l’on se porte caution de tous ses actes, tous ses propos. Ça veut simplement dire que quels que soient les désaccords que l’on peut avoir avec cette personne, ses idées, ses valeurs, elle ne mérite pas de subir une telle violence. 

Et dans le cas de Dany, si tu veux lui filer un coup de main financier, sache que tu peux le faire très concrètement en contribuant à son Tipeee. Si tu n’en as pas les moyens, ça ne coûte rien de mettre des pouces bleus, de retweeter, de faver, de soutenir publiquement, d’envoyer un MP, juste pour dire « je suis avec toi de tout cœur ».

Ça ne coûte rien et ça change tellement de choses pour la personne qui se retrouve soudainement si isolée, pestiférée.

Parce que oui, les personnes cyberharcelées semblent soudainement contagieuses. On a peur qu’en les soutenant publiquement, on ramasse nous aussi la haine, qu’elle se rabatte sur nous.

Si tu ne le sens pas, tu peux alors choisir de glisser en MP, ça sera toujours ça. D’ailleurs, peux-tu resituer la dernière fois que tu as écrit un commentaire positif ou encourageant ?

Je n’écris pas ici pour réhabiliter Dany ou Marion auprès de leurs détracteurs, ni pour les positionner en victimes.

J’écris parce qu’il me semble que nous avons toutes et tous une responsabilité et des leviers pour mettre en échec les cyberharceleurs. Soutenons-nous. Soyons solidaires. Soyons empathiques.

Parce qu’au final, on désire tous la même chose : un Internet positif, divers et sain.

Les phénomènes de cyberharcèlements sont divers, mais ils ont un dénominateur commun : l’illusion de la violence légitime.

Marie s’est appuyée ici sur les exemples de Marion Séclin et de DanyCaligula, mais elle aurait pu citer Henda Ayari, ou encore Nadia Daam, mais aussi Caroline De Haas, pour ne mentionner que les exemples les plus récents et les plus médiatisés de harcèlement ciblé.

J’ai (Clémence Bodoc) déclenché moi-même des vagues de cyberharcèlement contre Guillaume Pley, puis contre Rémi Gaillard, quand bien même mon intention n’a jamais été d’envoyer les abonné·es de madmoiZelle « pourrir » ces deux personnalités.

J’exprimais simplement mes désaccords avec leur discours et leurs créations, et je me suis sentie dépassée par la vague de violence que mes articles avaient déclenchée à leur encontre.

Dans tous ces exemples, je constate qu’énormément d’anonymes participant à ces mouvements d’insultes et de dénigrements ont le sentiment de rétablir une forme de justice : ils cherchent à « punir » une personne, à faire taire des idées jugées illégitimes.

Quel que soit « le camp » d’où émanent ces injonctions à se taire et à disparaître, elles ne sont jamais légitimes. C’est aussi ce qu’écrit DanyCaligula dans son thread :

« N’appelez pas justice ce qui est VIOLENCE »

Le cyberharcèlement, on s’en relève ?

Oui, mais ce n’est pas une raison pour le tolérer. Marion s’en est remise, et je souhaite à DanyCaligula de s’en sortir également, comme toutes celles et ceux qui ont eu à endurer ça — ou qui le vivent actuellement (c’est loin d’être terminé pour Henda Ayari, et Caroline De Haas n’est pas revenue sur les réseaux sociaux).

Il y a un an et demi, #Badmoizelle, une campagne de dénigrement visant à traîner Fab dans la boue, a fortement ébranlé madmoiZelle.

Cette histoire a mené Fab à porter plainte, mais aussi à entamer une thérapie. Voici les leçons qu’il en a tirées. Puissent-elles donner de l’espoir et de la force à celles et ceux qui en cherchent pour aller mieux.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

22
Avatar de skippy01
12 février 2019 à 17h02
skippy01
Pour ma part, je temporiserais également le titre. Les zentils commentaires et les pouces bleus, c'est très bien, mais ça ne suffira jamais, parce que:

  • Ça ne résout pas le problème, au mieux, ça aura un rôle d'antidouleur.
  • Ça n'empêche aucunement la normalisation de ce type d'agression.
  • Ça ne fonctionne que pour contrer les violences verbales, alors que les violences en lignes ne se limitent plus à ça.
  • Si la victime n'a pas la chance d'avoir une fanbase suffisante (pas une célébrité, célébrité détestée), elle n'aura plus que ses yeux pour pleurer.
J'espère vraiment qu'on trouvera une solution, parce que si un parti d'extrême droite prend le pouvoir, il sera tenté d'enterrer définitivement tout espoir de condamnation de ces pratiques, au nom de la «liberté d'expression» (ou plutôt de la définition très personnelle qu'il en fait), et même si l'état se décide enfin à agir, il y a un gros risque de lever de boucliers au sein de la population sous le même prétexte. Ou pire, que l'état crée une cellule spécialement destinée au cyberharcèlement ciblé, comme ça se fait déjà en Arabie Saoudite.
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