— Publié le 16 février 2015
#TuVoisCestFacile, une vidéo édifiante
Des cerveaux géniaux de Marion Seclin & Ivan est sortie cette vidéo à haut potentiel pédagogique (mais aussi rigolo) montrant par a+b que harcèlement de rue n’est pas drague. Derien.
Harcèlement de rue ou compliment ?
Depuis que Sofie Peeters a mis en évidence le harcèlement de rue grâce à une vidéo réalisée en caméra cachée, la parole s’est progressivement libérée autour de cette épuisante banalité.
Le nombre de femmes touchées par ce phénomène prouve qu’il ne s’agit pas de faits isolés, mais d’un problème de société.
Parmi les nombreux témoignages qui continuent de dénoncer cette réalité, d’autres vidéos, d’autres caméras cachées relancent régulièrement le débat, surtout que ces documents ne sont pas exempts de critiques.
En novembre 2014, la vidéo d’une femme traversant plusieurs quartiers de New York, tournée en caméra cachée, avait dépassé les 10 millions de vues en quelques jours (près de 40 millions à l’heure où nous publions).
Elle mettait en évidence le nombre d’invectives dont font l’objet les femmes se déplaçant seules dans l’espace public.
Extrait de la vidéo sur le harcèlement de rue à New York
Sauf qu’elle montrait quasi-exclusivement des hommes noirs ou hispaniques harceler la jeune femme, ne faisant que renforcer les croyances racistes selon lesquelles « les hommes blancs sont mieux éduqués » (sous-entendus : ils ne se comportent pas comme ça dans la rue, eux).
À lire aussi : La vidéo sur le harcèlement de rue à New York décryptée par Slate.fr
Ainsi, les hommes caucasiens, tous ceux qui ont un niveau d’éducation et/ou un statut social plus élevé ne se sentent absolument pas concernés par le harcèlement de rue, persuadés de ne pas y participer, parce qu’ils n’ont jamais balancé un « daaaaaaaamn » démonstratif en pleine rue, ni marché près d’une fille avec une insistance malsaine.
Et pourtant, messieurs, vous êtes beaucoup plus nombreux à être concernés que vous ne semblez le penser.
Le courrier de Jérémy quant au harcèlement de rue
Jérémy, un lecteur de madmoiZelle, a été choqué par certains commentaires laissés sur les réseaux sociaux, en réaction à la vidéo du harcèlement de rue à New York.
Le texte qu’il nous a adressé soulève plusieurs questions. Et puisqu’il a bien voulu nous autoriser à le publier (et nous l’en remercions), nous allons tenter d’y répondre ici.
« J’ai lu de nombreuses fois les termes « chiens en chaleur » ou « tarés » pour définir les hommes qui adressent la parole à une demoiselle dans la rue.
J’ai lu des commentaires disant que si nous trouvions une femme jolie, ou même si nous avions envie de parler, de dire bonjour à une inconnue, nous n’avions pas à le faire parce que nous devrions nous rendre compte que nous « les faisons chier ».
J’ai même lu un commentaire affirmant que certes, certains ont de bonnes intentions, « mais 90% des mecs ont juste envie de draguer ou de baiser, et 95% d’entre eux vont te suivre chez toi si tu réponds bonjour poliment ».
Dans mon expérience personnelle, j’ai souvent été choqué des réactions féminines qui reviennent régulièrement (pas à chaque fois, heureusement) à un bonjour avec un sourire.
Accélération de pas, visage qui se crispe, parfois regard choqué ou apeuré qui me renvoie un reflet de violeur ou de tueur en série, voire de demeuré échappé de l’asile.
Quand il s’agit de femmes en groupe, il m’est souvent arrivé d’entendre après coup des rires méprisants suivis de réflexion du type « C’est qui ce mec ? », « Pour qui il se prend ? », « Il se croit beau gosse ahaha ! », « Encore un chien… ». »
Pourquoi les réactions des femmes au harcèlement de rue sont-elles violentes ?
Parce que nous avons peur. La peur engendre des réponses réflexes, épidermiques, émotionnelles et parfois violentes.
Cette peur de la rue, peur des inconnus, elle nous a été inculquée depuis notre plus tendre enfance, et je le dis sans exagération. Les parents sont de plus en plus protecteurs envers leurs enfants, mais ils le restent encore davantage avec leurs filles :
« On m’a appris à être méfiante bien avant que je ne comprenne pourquoi je devais l’être. »
À lire aussi : Les « conseils aux femmes » de l’État face à mon impuissance responsable
Peut-être que cette peur est, en grande partie, irrationnelle. J’en ai conscience, quand je rentre tard de soirée, seule dans la rue, quand je traverse la ville en journée, seule, mon sac sous le bras.
Je sais que dans 80% des cas de viols, la victime connaît son agresseur, que « l’individu masqué dans une ruelle sombre » est loin d’être un scénario courant.
Harcèlement de rue : la peur et le risque
Il n’est pas courant, mais il existe néanmoins.
Le risque existe, et je l’ai en tête quand je marche dans la rue, parce qu’on m’a appris à avoir ce risque en tête, parce que les faits divers me rappellent que, de nuit comme de jour, je ne suis pas sûre de pouvoir compter sur la solidarité de mon entourage immédiat en cas d’agression.
Tous ces « gentils garçons » si prompts à dire « bonjour » et demander un sourire, seront-ils aussi prompts à me proposer de l’aide, ou à intervenir si j’étais en danger ?
Est-ce que les femmes qui réagissent avec violence (une violence verbale, donc toute relative) aux invectives non sollicitées ont raison de le faire ? Les statistiques des violences faites aux femmes dans l’espace public ne leur donnent pas tort.
Et le traitement médiatique réservé aux agressions de femmes tend à minimiser la gravité des faits.
On parle de « crime passionnel » pour un homicide, de « drague qui tourne mal » pour une agression violente… Comme s’il y avait une part de normalité dans l’agression d’une femme par un homme, et que seul le degré de violence était l’élément posant problème.
94% des femmes interrogées par Osez le féminisme ont déclaré avoir déjà été harcelées ou agressées dans les transports en commun.
Si vous en doutez encore messieurs, demandez autour de vous.
Demandez à vos sœurs, à vos amies, à vos collègues, à toutes les femmes de votre entourage si elles ont déjà été insultées, touchées, suivies dans la rue ou les transports.
Si elles se sont déjà senties en insécurité en marchant seule dans la rue, si elles ont déjà été saoulées par des interventions non sollicitées.
Si on leur a déjà demandé des renseignements dans la rue, qui n’étaient qu’un prétexte pour leur réclamer leur numéro, leur dire qu’elles sont « bien jolies », etc.
NB — si aucune femme de votre entourage n’a eu de telles expériences dans sa vie, deux hypothèses : soit elles vivent dans un petit village à la campagne (ces phénomènes étant surtout présents dans les villes), soit vous ne connaissez tout simplement pas assez de femmes !
Poursuivons la lecture de l’e-mail de Jérémy :
« Je pense parler au nom de beaucoup en disant que ce genre de commentaires ou de réponses est affreusement vexant et humiliant.
D’autant plus que nombre de ces réflexions dans la rue sont prononcées avec une voix forte, comme pour dénoncer en public un criminel sexuel. »
Je ne doute pas un seul instant que des réponses sèches, négatives, voire insultantes ne soient pas agréables à entendre. Je me garderai bien ici de hiérarchiser les humiliations, et je ne me permettrai pas de juger le ressenti de Jérémy, partagé par beaucoup d’hommes.
Mais il faut savoir que de l’autre côté du miroir, du côté des femmes, c’est aussi « affreusement vexant et humiliant » d’être toujours, sans arrêt, constamment, ramenée à son apparence physique.
Peut-être que tu ne penses pas à mal Jérémy, quand tu tentes un compliment sur l’apparence.
Mais lorsque tu croises mon chemin, selon l’heure de la journée, je suis déjà passée devant X publicités de lingerie dans les arrêts de bus, Y affiches en 4×3 dans le métro où une femme (forcément dénudée) servait de présentoir à un objet quelconque.
Je me suis déjà faite siffler ou interpeller Z fois.
Alors même si ton intention, au moment où tu m’abordes, est de me faire un compliment, je n’arrive pas, je n’arrive plus à percevoir ce qu’il y a de positif dans le fait de me ramener, une nouvelle fois, à mon apparence.
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Pourquoi les dénonciations sont si démonstratives ?
Tu notes que « nombre de ces réflexions dans la rue sont prononcées avec une voix forte en public, comme pour dénoncer en public un criminel sexuel ».
Ça ne m’étonne pas. Parce que si on sourit, si on répond cordialement, et si l’homme en vient réellement à nous agresser physiquement, la première chose qu’on nous demandera, c’est de savoir si on a manifesté fermement notre refus.
Ah non pardon, on nous demandera aussi souvent « comment on était habillée ». Si on n’aurait pas, par hasard, envoyé des signaux contradictoires, si on ne l’aurait pas « un peu cherché »…
Comme certaines de ces réactions sont suscitées par la peur, il y a du réflexe, de la véhémence. Comme les sollicitations sont nombreuses, il y a en réponse de la lassitude, du ras-le-bol, du trop-plein.
Comme cette société continue de faire peser sur les victimes d’agression une part de la responsabilité, il y a de la colère dans les réactions des femmes.
J’espère que ces quelques explications permettront à Jérémy, et à tous ceux qui partagent son point de vue, de mieux comprendre l’expérience des femmes dans l’espace public.
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« Nous prêter des intentions systématiques par notre appartenance au sexe masculin, cela s’appelle du sexisme.
Sauf si toutes les femmes qui nous jugent au premier abord sont des expertes en psychologie comportementale, ce dont je doute fortement. »
Pourquoi les réactions des femmes sont-elles systématiques ?
Ce n’est pas la psychologie comportementale qui permet d’analyser les intentions des hommes dans l’espace public, c’est le patriarcat.
Le patriarcat désigne un système : c’est une société dans laquelle les hommes et les femmes ont des rôles définis en fonction des stéréotypes du genre masculin et du genre féminin.
Pour faire court, le masculin est associé à la virilité, à des qualités de leadership et d’autorité. Par conséquent, les hommes occupent une position de dominant, des fonctions d’autorité.
Les femmes occupent plutôt des rôles en rapport à leurs « qualités naturelles » (qui n’ont rien de « naturelles », puisqu’elles reposent sur les stéréotypes de la féminité, donc sur des constructions sociales !) : la douceur, la patience, l’empathie, etc.
Toujours dans cette configuration sociale, les hommes sont élevés dans l’idée que c’est à eux d’initier la séduction, il en va de leur rôle, et donc de « leur honneur de mâle » de séduire une femelle.
Ce qui nous permet de décrypter les intentions d’un homme dans la rue, c’est tout simplement le fait que nous vivons dans une société patriarcale, un système où il existe une hiérarchie entre les genres :
- Les hommes sont actifs, les femmes passives
- Les hommes ont l’initiative, les femmes répondent
- Les hommes séduisent, les femmes sont l’objet de la séduction.
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« Les quelques fois où j’ai abordé une fille dans la rue pour lui dire que je la trouvais jolie, je n’avais pas le sexe en érection et des idées dignes de films pornos plein la tête.
Mais la timidité qui me rongeait et l’espoir fou que je ne passe pas pour un attardé dans le meilleur des cas, avec l’envie simple de dire ce que je pense à une fille qui m’a tapé dans l’œil et que je ne reverrai probablement plus jamais de ma vie. »
Mais du coup, pourquoi aborder une fille dans la rue ? Cette question s’adresse à tous. Vous croisez une fille que vous ne verrez probablement plus jamais, pourquoi vouloir absolument lui parler ?
Et surtout, à quelle fréquence cela vous arrive, de croiser une fille qui « vous a tapé dans l’œil » ?
Tous les espaces publics ne sont pas propices à ce type d’interaction.
Si je suis bien habillée, bien apprêtée, et que je marche d’un pas vif un matin, c’est sans doute que je me rends à mon travail, peut-être à un entretien important (raison pour laquelle, personnellement, je fais des efforts supplémentaires sur mon look).
Toute personne qui tentera de m’aborder à ce moment se verra forcément opposer un refus. Je ne vois pas quelle rencontre pourrait justifier de me faire arriver en retard à mon rendez-vous.
Excuse envisageable pour aborder un•e inconnu•e numéro 347 : la personne a un parapluie et vous non. Et il pleut.
En revanche, si tu me croises un samedi soir dans une rue bondée, à l’entrée ou à la sortie des bars, je serais sans doute plus disposée à engager la conversation…
Ce qui ne signifie toujours pas que je suis disponible (tu ignores tout de moi !) mais je suis déjà plus disposée à répondre aux sollicitations (voire à être celle qui sollicite !).
« J’ai déjà été dragué par des gays, ça m’a fait rire, et je les ai repoussés gentiment.
Parfois, si j’étais de mauvais poil, je répondais sur un ton un peu sec que j’étais désolé mais que je ne voulais pas discuter, et ça s’arrêtait là.
J’ai déjà dit à des mecs dans la rue un bonjour, ou bien que j’adorais leur t-shirt, ou que leur coupe de cheveux originale me faisait délirer.
Figurez-vous que la plupart des hommes répondent volontiers à d’autres hommes qui leur disent bonjour, du moins d’après mon expérience. »
Je ferais deux remarques par rapport à ce passage :
- La fréquence des rencontres
- L’absence de menace
Combien de fois as-tu, non, avez-vous messieurs, réellement été dragués par des gays ? Et dans quelle(s) situation(s) était-ce ?
Par rapport à ce que je viens d’écrire quelques lignes plus haut, si c’était dans un environnement socialement convenable (un resto, un bar, la pause dèj à La Défense, une file d’attente où on s’emmerde) ce n’est pas la même chose que d’être arrêté dans la rue sous un faux prétexte, d’être sifflé, d’être suivi, d’être envahi dans son espace… bref : d’être harcelé.
« Un commentaire qui m’a marqué était celui d’une fille qui disait « Vous les mecs, vous aimeriez qu’on vienne vous parler toutes les 5 minutes quand vous marchez dans la rue ? ».
Question qui je suppose se voulait ironique. Pourtant, ma réponse à celle-ci est clairement : OUI !
Mesdemoiselles et mesdames les inconnues, oui j’aimerais partager un bonjour, voire quelques phrases, un sourire ou un rire avec vous ! Tout bêtement parce que j’aime le contact humain.
Si vous voulez un monde où nous n’adressons la parole ou n’accordons un regard qu’à ceux que nous connaissons déjà ou ceux qui appartiennent au même cercle social que nous (camarades de classe, collègues de boulot, amis de la famille etc.), ce n’est pas mon cas. »
On va tomber d’accord sur un point : moi aussi, j’aime le contact humain ! Moi aussi, je voudrais pouvoir échanger des regards, un sourire, un « bonjour », sans passer pour « une chaudasse », sans que ce ne soit interprété comme autre chose !
Et de fait, j’arrive à entretenir ce contact humain avec des inconnu•es.
Déjà, je l’entretiens volontiers avec des femmes, et je m’étonne que tous les hommes si avides de « contact humain » ne commencent pas par le développer avec les autres hommes qu’ils croisent quotidiennement dans la rue et dans les transports.
Astuce : c’est aussi le meilleur moyen de vérifier que son « bonjour » et son sourire sont vraiment juste de la politesse, et pas de la drague.
« Vous nous jugez vraiment indignes de nous accorder quelques mots, quelques minutes de votre temps ? C’est nous qui devrions être vexés, et non vous.
Nous ignorer royalement ne nous rappelle pas que vous êtes nos égales, elle nous donne une image erronée de vous de princesses snobinardes, qui est toute aussi fausse que l’image d’agresseurs en puissance que vous avez de nous.
Je ne nie pas qu’il existe de réelles agressions qui doivent être fermement condamnées. Mais le traumatisme personnel de femmes victimes de cela ne doit pas se transformer en psychose collective injustifiée. »
Je ne reviens pas sur l’explication de ce que Jérémy appelle « une psychose collective injustifiée ».
Il me semble que le nombre et la fréquence des témoignages, combinées à la minimisation constante des agressions dont les femmes sont victimes, ainsi que nous l’avons démontré au début de cet article, décrivent bien une réalité, et non une « psychose ».
Mais à te lire Jérémy, je comprends que nous touchons au fond du problème. En fait, comme beaucoup, tu voudrais pouvoir draguer dans la rue.
Draguer dans la rue, c’est possible, à certaines conditions
Comme dans une danse : ça se pratique à deux.
« Je suis d’accord qu’on parle de harcèlement moral pour une insistance forcée suite à un refus de discuter de votre part clairement exprimé.
Mais je serais toujours contre le fait que moi et d’autres hommes soyons insultés et jugés au premier abord, simplement parce que nous considérons qu’humainement, nous méritons mieux qu’une froide ignorance pour toute réaction. »
Jérémy, et tous ceux qui me liront, j’aimerais déconstruire un dernier mythe dans cet article.
Je n’ai jamais, jamais, jamais de ma vie pu confondre un homme qui m’abordait parce qu’il avait envie de me parler avec un homme qui m’abordait uniquement parce que j’étais une femme, visiblement seule, et donc « pourquoi ne pas tenter un truc ? »
Je vais vous livrer ici le secret de la drague VS le harcèlement (c’est une exclusivité madmoiZelle.com).
Si vous n’aborderiez pas un homme hétérosexuel de cette façon, n’abordez pas non plus une femme (dont vous ignorez au passage l’orientation sexuelle !) de cette façon.
Vous ne siffleriez pas un homme. Vous n’iriez pas vous placer trop près de lui, dans son espace personnel, pour lui parler. Vous n’entreriez pas en contact physique avec lui sans son consentement.
Vous n’exigeriez pas de lui qu’il vous sourie ; un simple « non merci, je suis pressé » suffirait à vous faire lâcher l’affaire.
Vous ne l’insulteriez pas, vous vous diriez « cette personne est pressée, elle n’a ni le temps ni l’envie d’engager la conversation avec moi ».
Est-ce que vous demanderiez son numéro de téléphone à un homme que vous venez de rencontrer ? Non, bien sûr, vos intentions seraient mal interprétées… Alors pourquoi êtes-vous surpris que les femmes les interprètent aussi de cette façon ?
De deux choses l’une :
- Soit vous aimez « le contact humain » et les rencontres, et vous n’avez aucune raison d’aborder uniquement des femmes (même si vous êtes un homme hétéro).
- Soit, en réalité, vous cherchez à aborder uniquement des femmes, dans l’espoir que la rencontre débouche sur une relation « et plus si affinités ». J’ai un scoop pour vous : vous ne pouvez pas sauter la première étape, qui consiste tout simplement à « faire connaissance avec la personne », et ce indépendamment de son sexe, de son genre, de son orientation sexuelle (informations que vous ne pouvez pas deviner au premier abord en croisant quelqu’un dans la rue).
En résumé, draguer dans la rue n’est possible qu’à une seule condition : si la personne avec laquelle vous venez d’initier un contact parfaitement civil et respectueux change d’elle-même les termes de l’échange, et vous drague AUSSI.
Si elle ne prend pas part à la danse, il convient de ne (vraiment) pas insister.
Exemple d’invitation courtoise
Dès qu’il n’y a pas de répondant en face, n’insistez pas. Si vraiment c’est la femme de votre vie, vous la recroiserez certainement, si vous croyez au destin.
Et si vous n’y croyez pas, vous-mêmes vous savez donc qu’il n’y a pas « une femme de votre vie » qui se cache potentiellement derrière une inconnue que vous croisez dans la rue.
Il y a des êtres humains, beaux et incroyables de richesse et de diversité, dont vous aurez pour certain•es, le plaisir de faire leur connaissance, un jour, peut-être.
Un plaisir qui vous sera systématiquement refusé dès lors que vous tentez de m’aborder avec l’idée que je suis un vagin sur pattes avant d’être quoi que ce soit d’autre, et que comme je semble me déplacer sans la supervision d’un mâle, c’est donc que je suis disponible.
Je crois, mon cher Jérémy, que tu n’as jamais eu ni l’intention ni le désir d’appartenir à cette catégorie.
J’espère que ma (longue !) réponse te permettra à l’avenir d’assouvir ton besoin de contact humain sans participer au harcèlement dont les femmes continuent d’être victimes dans l’espace public.
Pour aller plus loin, je ne saurais que te recommander de faire un tour parmi tous nos articles consacrés au harcèlement de rue, qui détaillent assez longuement cette réalité.
Pour les plus motivés d’entre vous, je vous invite à lire les articles proposés ci-dessous, afin de devenir un véritable allié des femmes dans l’espace public !
À lire aussi : Messieurs, l’égalité hommes-femmes ne se fera pas sans vous
On peut très bien déconstruire un discours sans attaquer son auteur, d’autant plus qu’il est loin d’être le seul à tenir ce type de raisonnement. On espère que cet exercice de pédagogie en aidera d’autres à comprendre la différence entre drague et harcèlement !
Merci encore à Jérémy de nous avoir autorisées à publier et commenter son texte.
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Les Commentaires
C'est ton premier message sur le forum donc je suppose que tu as dû faire une fausse manip en me citant