Si le confinement m’a gardée loin de la ville, des rues, des transports en commun, et donc du harcèlement dont je peux être la cible au quotidien, j’ai cru par naïveté que ce serait le cas de toutes les femmes qui m’entourent.
Pourtant, depuis quelques jours, des témoignages qui me prouvent le contraire sont relayés par plusieurs médias, et certaines femmes de mon entourage attestent elles aussi d’une peur et d’une insécurité accrue dans l’espace public depuis le début du confinement.
Le harcèlement de rue pendant le confinement
Depuis le 17 mars et le début du confinement national, les rues et les transports d’ordinaire si fréquentés se retrouvent déserts.
L’atmosphère est parfois lourde et pesante, parfois plus légère quand viennent les beaux jours. Mais pour certaines femmes qui se déplacent à pieds et seules pour aller faire leurs courses, la peur des agressions n’a pas disparue, mais a grandi.
L’AFP a recueilli divers témoignages de femmes victimes de harcèlement de rue, se retrouvant seules face à des hommes ou des groupes d’hommes menaçant, sans personne autour à qui demander de l’aide.
Il y a notamment le témoignage de Fatima Benomar, 36 ans, qui raconte son agression par « une bande de jeunes » :
« Ils se sont collés à moi car je ne répondais pas à leurs avances, m’ont insultée, menacée et m’ont suivie en criant ‘de toute façon, ça se voit que t’es une salope’.
[…] Je ne pouvais me réfugier nulle part, tous les magasins étaient fermés et je ne pouvais demander de l’aide à personne. »
Pour Laurène Martin, 28 ans, qui « n’avait jamais eu de problème en Île-de-France », dès le début du confinement, ses trajets se sont transformés en enfer :
« Le deuxième jour du confinement, des mecs m’ont sauté dessus dans le métro pour me piquer mon téléphone.
J’ai crié, ils sont partis et le seul autre passager de la rame, un homme, est venu se coller à moi et m’a demandé si j’avais un mari…
[…] Il y a moins de personnes à agresser, moins de témoins, et les groupes d’hommes qui restent dehors sont ceux qui ne respectent absolument pas le confinement. »
Pendant le confinement, la boule qui s’accroche au ventre de certaines femmes quand elles entreprennent un trajet seule la nuit est désormais présente le jour.
La militante féministe Géraldine Franck, 37 ans, en témoigne à l’AFP :
« La journée devient la nuit, il n’y a plus de différence pour les femmes. »
Des témoignages de harcèlement de rue sur les réseaux sociaux pendant le confinement
Sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter, les témoignages se multiplient. Plusieurs femmes le disent : «
le harcèlement pendant le confinement, c’est pire qu’avant. »
Morgane Ortin, la créatrice du compte Instagram Amours solitaires, a elle-même recueilli et partagé dans sa story Instagram des dizaines de témoignages de femmes de sa communauté.
Elles racontent le harcèlement de rue et la peur croissante à l’idée de mettre un pied dans les rues désertes du confinement :
« Je suis rentrée il y a quelques jours d’un mois en Californie, je n’ai pas reconnu mon pays…
Arrivée à Lyon Part-Dieu, c’est la première fois que je me suis sentie en insécurité en plein jour…
On aurait dit qu’il ne restait que les psychopathes dans la rue. J’ai dû faire 2 kilomètres à pieds et deux hommes me suivaient dans un tunnel. »
Et parfois, il n’y a même pas besoin de sortir de chez soi :
« Dans notre propre jardin on s’est fait harceler par nos voisins. »
L’antropologue Chris Blache, cofondatrice de la plateforme d’innovation « Genre et ville » interrogée par l’AFP explique que la période de crise sanitaire et de confinement que nous vivons offre « un précipité de ce qu’on connaît d’habitude » en matière de domination des hommes dans l’espace public :
« Quand on vide l’espace public, des principes mécaniques reviennent : les propriétaires de ces espaces expérimentent leur droit à la propriété. »
Témoigne du harcèlement de rue que tu as vécu pendant le confinement
Si toi aussi tu partages le ressenti et le vécu des femmes citées dans cet article, si tu as été harcelée, agressée, ou que tu t’es sentie plus en danger qu’à l’ordinaire dans l’espace public depuis le début du confinement, témoigne sur madmoiZelle.
Tu peux me raconter tes ressentis et ce qu’il t’es arrivé en m’envoyant un mail à l’adresse jaifaitca[at]madmoiZelle.com, avec en objet « Harcèlement de rue et confinement ».
N’oublie pas de mentionner ton âge, et n’hésite pas à partager cet appel à témoins autour de toi !
À lire aussi : Comment garder le moral en restant enfermée chez toi
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires