— Article initialement publié le 5 avril 2013
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Hannibal est une nouvelle série diffusée depuis le 4 avril 2013 sur la chaîne NBC et créée par Bryan Fuller (Pushing Daisies, Dead Like Me). Elle explore la genèse du célèbre cannibale de fiction Hannibal Lecter, personnage de la saga littéraire imaginée par Thomas Harris.
Les faits se déroulent après Hannibal Lecter : Les Origines du Mal – dans la série, Hannibal est déjà le psychiatre de renom qu’on connaît, dans la force de l’âge – et l’action est transposée en 2013, comme avec Bates Motel.
Une revisite du mythe d’Hannibal
Une transposition qui gêne toujours beaucoup de gens mais qui au final a bien plus de sens que lorsqu’on essaye de reproduire à l’identique une époque révolue depuis longtemps.
C’est toujours un peu perturbant, particulièrement quand on est plongé dans le quotidien de personnages de fiction qu’on connaît déjà et qu’on a vus évoluer dans un contexte historique complètement différent, mais ça permet de réduire les limites imposées par l’Histoire en prenant un peu plus de libertés avec l’oeuvre d’origine.
Le vrai héros de la série Hannibal, c’est Will Graham (personnage vu dans Sixième Sens et Dragon Rouge, interprété ici par Hugh Dancy), un profiler un peu spécial, socialement inadapté, qui voit et ressent ce que le commun des mortels ne peut percevoir — ce qui fait de lui un atout majeur dans les enquêtes criminelles puisqu’il lit chaque scène de crime à sa façon.
Alors qu’il enquête sur la disparition de plusieurs jeunes filles, il se retrouve coincé entre Jack Crawford (Lawrence Fishburne), le boss du département des sciences du comportement, et Hannibal Lecter (Mads Mikkelsen), vers qui Jack se tourne pour l’aider à gérer à la fois l’enquête et la personnalité complexe de Will.
C’est Hannibal qui servira de béquille à Will, et qui permettra de perpétrer la tradition qui veut que nous nous sentions toujours un peu proches du cannibale sans assumer totalement l’affection qu’on lui porte.
Et Mads Mikkelsen va franchement nous faciliter la tâche. N’étant déjà pas dénué de charisme en tant qu’acteur, il apporte un petit plus chaleureux au rôle du Dr. Lecter qui rappelle clairement la performance d’Anthony Hopkins.
Il est à la fois glacial et réconfortant, son débit de parole – et son accent prononcé – nous berce dès les premiers mots, il est rassurant et inquiétant, tout ce qu’on bon Lecter doit être.
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Des portraits remplis de paradoxes dans Hannibal
Il est très probable que Mikkelsen offre exactement ce que les fans du docteur demandaient – il nous manquait à tous mais nous savions qu’un nouveau film avec Anthony Hopkins serait ridicule et douloureux (comme en témoigne le très discutable Hannibal de Ridley Scott).
On sent déjà poindre les caractéristiques propres au personnage qui ne doivent pas être mises de côté ou remaniées complètement.
Il a ce côté paternel dans sa relation avec Will Graham qui n’est pas sans rappeler ses échanges avec Clarice Starling – une relation qui a quelque chose d’enviable (en théorie, bien sûr) et de terrifiant à la fois.
Parce que l’intérêt qu’il porte à ses « protégés » est une chose que nous recherchons tous à différents degrés dans nos relations les plus intimes, il est toujours agréable de savoir qu’on peut compter sur quelqu’un, qu’il sera là pour veiller sur nous, où qu’on soit.
Mais un psychopathe comme Lecter renverse les codes et s’approprie ces besoins, ces envies et ces sensations pour les transformer en une combinaison cauchemardesque qui ne laisse personne indemne.
C’est tout le génie du personnage – et il est clair que Bryan Fuller a su garder tout le package pour le sublimer, se l’approprier, et en faire quelque chose de nouveau sans être déstabilisant.
Un esthétisme à toute épreuve dans Hannibal
Le gros point fort de la série, pour l’instant, c’est son esthétisme. Tout est beau, même les scènes de crimes, les effusions de sang, la petite popote d’Hannibal ; tout est filmé avec une immense délicatesse, avec tendresse (aussi étrange que ça puisse paraître dans un tel cadre).
La violence est adoucie par une mise en scène léchée qui permet de prendre suffisamment de distance pour ne pas se prendre les images en pleine tronche, mais qui n’enlève rien à l’impact qu’elles auront immanquablement sur le spectateur.
Le filtre sombre qui plombe l’image et nous plonge d’entrée de jeu dans une ambiance glauque est relevé de quelques touches de rouge, rose et marron qui sont, malgré leur contexte, du plus bel effet.
Il va sans dire que si vous avez quelques problèmes avec des thèmes comme la violence, le cannibalisme, l’hémoglobine et tout ce qui vient avec l’histoire d’un psychiatre anthropophage, il vous sera difficile d’aller au bout de chaque épisode.
Mais le but d’Hannibal n’est pas de choquer, de traumatiser, de nous balancer plein de visions d’horreur dans le cerveau avant de nous envoyer au lit – on sent d’abord un véritable respect de l’oeuvre de Thomas Harris mais également des téléspectateurs, qu’ils soient fans ou non de l’histoire.
Les scènes de dialogue ne sont pas là pour remplir les blancs entre chaque scène de crime, les personnages ne sont pas des coquilles vides qui ne font que passer, tout a un sens, plusieurs dimension, de la profondeur.
Dancy, Mikkelsen et Fishburne forment un trio prometteur et un quatrième personnage, féminin cette fois, va peu à peu prendre sa place au fil des épisodes – reste à voir si elle aura elle aussi une personnalité propre et bien travaillée ou si elle ne sera là que pour servir de maman/amante au personnage principal. On croise les doigts.
En attendant, même s’il est risqué de se baser sur un premier épisode, Hannibal paraît être une série réellement prometteuse qui surpasse nos attentes et qui en crée beaucoup d’autres – on espère simplement qu’elle ne nous laissera pas tomber en cours de route.
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