En général je suis plutôt difficile quant au thème des séries que je regarde. Je n’aime pas les shows estampillés « comédie », ni quand ça pue l’eau de rose à des kilomètres. Outre Girls, qui a réussi à m’accrocher après une saison 1 un peu chaotique, il me faut au minimum un tueur en série et trois litres de sang pour réussir à me faire tendre une oreille.
Forcément, quand j’ai entendu parler du projet de transposer les débuts d’Hannibal Lecter à notre époque, mes sens d’apprentie psychopathe se sont mis en route plus vite qu’un moteur de tronçonneuse. J’ai dévoré la première saison, avec ses défauts et ses imperfections, jusqu’à tomber dans le piège de Mads Mikkelsen et décider de lui offrir mon coeur pour qu’il en fasse du ragoût.
C’est donc dans un état de fébrilité intense que j’attendais cette saison 2. Le 28 février semblait me tendre ses couteaux flambant neufs. Je commençais même à en rêver la nuit. La névrose était totale.
Nous sommes le 21 mars et plusieurs épisodes ont été diffusés. Je pense donc que je suis en mesure de faire le point avec toi sur cette saison 2 qui, pour moi, est meilleure que jamais.
L’année dernière, tu avais laissé Will Graham, Hannibal Lecter et Jack Crawford dans la mouise. Concrètement, le psychiatre cannibale avait réussi à tromper tout le monde en faisant croire que Will était l’auteur du meurtre d’Abigail Hobbs (et de tous les autres). Interné de force dans un hôpital psychiatrique, celui-ci attendait d’être jugé pour homicides multiples et pour cannibalisme. À côté de ça, Hannibal se frottait gentiment les mains et pouvait continuer de servir de l’humain en brochette à tous les amis qu’il invitait dans sa cuisine de luxe.
Difficile d’imaginer façon plus déprimante d’entamer l’intrigue de la saison 2…
Pourtant, les scénaristes ont réussi à faire quelque chose d’hyper intelligent dans la narration de cette saison 2 : ils ont commencé par la fin. En effet, tu te doutais déjà que Jack Crawford n’était pas complètement convaincu de la culpabilité de Will, et il risque bien de suivre ses intuitions. La première séquence te met directement dans le bain avec une projection dans le temps particulièrement violente, qui a dû laisser sur les fesses tous les spectateurs.
La saison peut donc débuter, trois mois plus tôt, et toi tu es directement dans l’ambiance. Pas mal de critiques ont reproché à la série d’être un peu lente et de trop se perdre dans des dialogues sans fin. Avec un début pareil, je pense que les rageux peuvent aller se rhabiller et se cramponner à leur canapé en faisant voler le pop-corn.
Enfin… Si tu as eu du mal avec le côté sanglant d’Hannibal, tu n’auras vraiment pas envie de finir ton repas en sa compagnie
. Côté gore, j’ai noté que cette saison allait encore un cran au-dessus. Certaines images te feront froid dans le dos tandis que d’autres te donneront carrément envie de prendre une bonne dose de Vogalène. Mais c’est aussi ça qu’on aime !
Ce serait tout de même bête de louper ça, tant la chair et le sang sont sublimés par la réalisation, en tous points parfaite. La série a décidément mis la barre au top de ce côté-là. Chaque plan ressemble à un tableau, la photographie est sublime et l’ambiance trouve son côté malsain dans cette très troublante beauté.
Ce n’est pas le cerf un peu moins convaincant (mais pas moins glaçant) qui me contredira : c’est digne d’un Lars von Trier. Et je ne dis pas ça souvent.
Le scénario est plus complexe que la saison précédente, mais plus intéressant aussi. La saison 1 décrivait les personnalités extrêmement complexes des différents personnages ; celle-ci peut enfin les mettre en scène autour d’une intrigue plus importante.
Hannibal a pris la place de Will en ce qui concerne les enquêtes criminelles. C’est lui qui apporte son avis psychologique et tente de comprendre le schéma qui pousse les hommes à commettre des meurtres. À côté de ça, Will tente de se faire entendre depuis sa cellule, tout en essayant de résister au semi-lavage de cerveau qu’Hannibal lui fait subir lorsqu’il lui rend visite. Il ne sait plus vraiment qui croire, et est toujours à la limite de la folie… ou de la clairvoyance.
Alors qu’en général, tu pouvais compter sur un meurtre sordide par épisode, cette fois-ci la trame de base est plus complexe. Les enquêtes ne se succèdent pas aussi vite et mettent plus de temps à se dénouer. L’étau se resserre sur les personnages principaux et risque de te prendre à la gorge plusieurs fois par épisode.
Le côté juridique est également très intéressant dans l’affaire de Will Graham : doit-il plaider la folie ? Continuer à nier en bloc ? Chercher un moyen d’inculper Hannibal ? Tout cela donne encore plus de profondeur à l’intrigue. Les personnages doutent, magouillent dans leur coin, cherchent à adopter des stratégies, et nous on a envie de hurler à notre écran qu’on connaît la vérité. La frustration est proportionnelle à l’envie d’enchaîner sur un autre épisode, quoi.
Comme tu as pu le remarquer dans la première saison, les personnages sont très bien écrits, très fouillés. Cette fois-ci, ce sont les relations entre eux qui seront un peu plus creusées. Celle qui unit Will Graham à Hannibal Lecter devient de plus en plus complexe et ambigüe. Elle pourrait presque finir par donner raison aux multiples montages réalisés par les fandoms en rut de Tumblr, tant ils semblent connectés l’un à l’autre par un étrange lien…
Je ne m’inclus en aucun cas là-dedans, soyons bien clairs.
Pour finir en beauté, moi qui avais peur que la (furtive mais pas trop) romance entre Will et le docteur Alana Bloom ne devienne un peu trop concrète et chiante, j’ai été agréablement surprise de voir qu’elle évolue de manière chaotique. Ça change de ces séries où les amants tombent dans les bras l’un de l’autre à la vie, à la mort, pour des siècles et des siècles.
Bref, si tu n’as pas encore tenté l’aventure « rôti humain emballé dans un beau costume trois pièces », je te conseille de le faire fissa ! Si tu as abandonné à la fin de la saison 1, je te somme de faire un (tout petit) effort et de zieuter (au moins) le premier épisode de la saison 2. J’ai du mal à croire que tu pourras t’arrêter là.
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