Nanette. Depuis quelques semaines, Internet n’a que ce mot à la bouche.
Nanette, c’est le titre du nouveau spectacle d’Hannah Gadsby, comédienne de stand-up originaire d’Australie. Une heure en sa compagnie, disponible sur Netflix.
Nanette, c’est drôle. Mais pas vraiment. C’est horrible. Mais pas seulement. C’est sincère. Et c’est le plus important.
C’est compliqué pour moi de vous parler de Nanette.
Car j’ai vu ce seule-en-scène sans savoir à quoi m’attendre, et je pense que vous devriez faire de même.
Nanette, de Hannah Gadsby, sur Netflix
Hannah Gadsby a grandi en Tasmanie. Elle a 40 ans tout pile. Elle est lesbienne. Vous avez pu l’apercevoir dans la chouette série Please Like Me.
Elle a joué Nanette sur scène dans plusieurs pays anglophones. Et cette heure « un peu spéciale » est arrivée récemment sur Netflix, bouleversant rapidement le monde entier.
Nanette de Hannah Gadsby, de quoi ça parle ?
Déjà, là, je bloque. Je vais essayer de vous résumer Nanette, sans trop en dire, ni être trop vague.
Dans Nanette, Hannah Gadsby parle d’homosexualité. D’homophobie
. De coming-out.
D’être une femme. De la violence masculine. De la culture du viol. D’être confondue avec un homme.
D’art. De Van Gogh. De santé mentale. Du prix de la créativité.
D’humour. De ce que veut dire l’humour quand on fait partie d’une minorité. De ce que veut dire le fait qu’elle a choisi de se moquer d’elle-même et d’en faire une carrière.
Comme si le reste du monde ne se moquait pas déjà assez d’elle.
Nanette, de Hannah Gadsby, c’est drôle ?
Oui. Hannah Gadsby a un humour très fin et intelligent. Elle maîtrise le rythme de ses phrases à la perfection, comme une musicienne.
Non. Nanette, ce n’est pas drôle.
C’est horrible.
Ça arrête d’être drôle. Ça devient trop vrai. Car Hannah Gadsby explique pourquoi il lui faut arrêter l’humour. Pourquoi elle ne peut plus faire son métier.
Pourquoi Van Gogh n’a vendu qu’une seule toile. Pourquoi elle se doit de changer de carrière.
Pourquoi elle sait que la vie des femmes est une vie de violences subies, surtout quand elles ne sont pas féminines, surtout quand elles ne sont pas hétéro.
Pourquoi sa vie mérite d’être plus qu’une punchline qui fait rire le public. Ce public qu’elle ne peut plus faire rire.
Pourquoi elle pleure, là, devant nous, sur scène.
Et on pleure avec elle.
Regardez Nanette, d’Hannah Gadsby, et parlez-en
Voilà. Je ne vous en dirai pas plus.
Nanette mérite d’être découvert avec l’esprit bien ouvert. C’est un diamant brut qui se mérite, qui surprend, qui force à se faire violence, à ne pas fuir les sujets difficiles.
Regardez Nanette avec une amie, une sœur, une amante, si vous voulez du soutien féminin. Avec un ami, un frère, un amant, si vous voulez débattre. Car les hommes et les femmes ne sont pas ciblé·es de la même façon par Hannah Gadsby.
Regardez Nanette, et parlez-en. Parlons-en. Car chaque mot de ce spectacle est important.
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Les Commentaires
Je suis abonnée à la newsletter de Mad, et la miniature et le titre à eux seuls m'avaient (enfin) décidée à le regarder. J'ai d'ailleurs mieux compris, au passage, l'effet wahou du titre + miniature, qui fait que des gens se précipitent souvent dans la zone commentaire des réseaux sociaux (abonnés au Monde y compris), sans même lire l'article... l'humain est faible.
Bref à la base j'avais juste vu passer des commentaires/critiques sur Facebook et Komitid, mais sans les lire, et je me disais "Tiens, les gens en parlent, peut-être que ça fait débat, ça a l'air intéressant, en plus c'est du stand-up ça va me changer les idées".
Ben tu parles !
Je ne peux pas dire que j'ai passé un bon moment à regarder ce show. C'était un bon pain dans la gueule. Mais putain, même si tu reste un peut groggy au début, au final ça réveille !
Bon bon bon je suis bavarde aujourd'hui En tout cas je ne sais pas ce qu'elle fera par la suite (d'autres shows, des conférences, des films, ouvrir un salon de thé LGBT+...) mais ça ne peut qu'être cool