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Halima Aden, mannequin qui porte le foulard, raconte pourquoi elle a quitté les podiums dans un documentaire de la BBC
Mode

Halima Aden a-t-elle quitté les podiums à cause de l’islamophobie ?

Rarissime mannequin de la mode occidentale à porter le foulard sur les podiums comme dans les campagnes de pub dès 2017, Halima Aden s’est retirée de l’industrie fin 2020. Elle explique aujourd’hui pourquoi, et illustre en creux les enjeux grandissant de la mode modeste.

Elle a préféré raccrocher les stilettos plutôt que son hijab. En novembre 2020, Halima Aden renonçait officiellement à sa carrière de mannequin, lassée de lutter pour que son foulard, sa signification, et son intégrité soient respectés.

Même si son contrat stipulait que son port du hijab était une condition sine qua none de ses participations, l’industrie de la mode manquait cruellement de personnes aptes à comprendre ses positions et les valoriser plutôt que de les exotiser.

Dans une nouvelle interview accordée à la BBC le 22 juillet 2021, Halima Aden détaille davantage comment son hijab a été de moins en moins respecté par l’industrie de la mode : 

« Les deux premières années, je venais avec mon hijab, et ça se passait relativement bien. Les deux dernières années, j’ai commencé à faire confiance aux équipes en plateau de shooting pour faire mon hijab et c’est comme ça que les problèmes ont commencé : comme un jean placé sur ma tête à la place d’un foulard ordinaire. Dans la façon dont c’était stylisé, j’étais si loin de ma propre image. Mon hijab n’arrêtait pas de rétrécir et devenait de plus en plus petit à chaque shooting. »

Halima Aden à la BBC

Halima Aden avait débuté le mannequinat dans l’espoir d’enrichir les représentations et permettre davantage d’inclusion :

« Quand j’ai commencé, je pensais que ça allait ouvrir la porte à tant de filles dans ma communauté. Je n’ai jamais pu feuilleter un magazine et voir quelqu’un en hijab, alors être cette personne pour les autres filles était un rêve devenu réalité. Mais les deux dernières années [de ma carrière], j’ai eu tellement de conflits internes. »

Halima Aden à la BBC

De son expérience, Halima Aden rappelle combien l’industrie de la mode peut se montrer opportuniste et abusive. En particulier en matière de diversité et d’inclusion :

« Il doit y avoir de la diversité dans l’équipe de maquillage, de coiffure, de stylisme. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un podium diversifié. Il s’agit aussi des gens dans les coulisses. »

Halima Aden

Une carrière qui a vite décollé

D’origine somalienne, née en 1997 dans un camp de réfugiés au Kenya avant de s’installer à 7 ans aux États-Unis, Halima Aden y est arrivée demi-finaliste de Miss Minnesota, en étant la première à concourir en portant un hijab tout au long de la compétition. Elle a même porté un burkini pour l’épreuve du maillot.

De quoi taper dans l’œil des médias et de la mode, toujours avides de sensationnaliser les profils atypiques. La prestigieuse agence de mannequin IMG Models la signe en 2017, et sa carrière de mannequin décolle d’emblée.

Autre point marquant de sa carrière, c’est sa présence en burkini dans le numéro maillot de bain du magazine très populaire Sports Illustrated (plutôt habitué à présenter des femmes dans des postures hypersexualisantes). Mais cette expérience a également été révélatrice d’irréconciliables tensions, comme l’explique Halima Aden, toujours à la BBC

« J’avais l’impression de marcher sur une frontière ténue. Je contrariais des membres de la communauté musulmane. [J’entendais] des commentaires comme « Ce burkini est bien trop ajusté » et « Pourquoi poser pour un tel magazine ? » J’avais l’impression que j’essayais constamment d’apaiser mes fans musulmans tout en devant rester toujours très à la mode. »

Halima Aden à la BBC

Si les femmes musulmanes se font rares sur les podiums (même si on peut citer par exemple les soeurs Bella et Gigi Hadid, célèbres dans l’industrie, ou encore la vétérante des podiums Iman Abdulmajid, veuve de David Bowie), celles qui y portent le foulard y sont quasi-inexistantes.

Pourtant, elles représentent une part importante et grandissante de la clientèle du luxe, qui peine à s’adresser au marché de la mode modeste avec authenticité plutôt qu’opportunisme. 

Selon un rapport publié en 2018 par Thomson Reuters et DinarStandard, près de 270 milliards de dollars ont été dépensés dans ce secteur sous-estimé en 2017. D’après les projections d’économistes, ce marché qui affiche une croissance annuelle de 4,8% devrait atteindre les 402 milliards de dollars de vente d’ici 2024.

De quoi attirer les convoitises des acteurs de la mode occidentale, sans qu’il ne daigne forcément se former aux enjeux que cela représentent, ni embaucher des talents parmi les premières personnes concernées, et surtout mettre en place des conditions pour qu’elles puissent s’épanouir. 

À lire aussi : La France accepte enfin le foulard ! Mais celui des modeuses, pas des musulmanes

Crédit photo de une : capture d’écran de la chaîne de la BBC


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Les Commentaires

1
Avatar de Aichathegypsy
22 juillet 2021 à 15h07
Aichathegypsy
Merci pour cet article ! Je ne connaissais pas Halima Aden. Je la trouve magnifique.
Il est dommage que les femmes voilées ne sont pas représentées dans le milieu du mannequinat et plus particulièrement, de la mode.
0
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