Précédemment dans #62jours : « Vas-y au feeling ! » ou la meilleure leçon qu’on m’ait donnée
Voilà encore un sujet que je marine depuis des semaines. Ça ne venait pas. Je voulais écrire une « lettre ouverte à mes haters ». Mais je n’ai jamais réussi à en écrire une ligne. Et pour cause : je n’ai rien à leur dire.
Je ne sais pas écrire à un sentiment. Plus je les écoute, plus je les lis, et plus je réalise que ce ne sont pas des gens, qui m’adressent ces insultes, ces menaces. Ce sont des colères qui s’expriment.
La haine des autres, et la mienne
Moi-même, j’ai eu beaucoup de haine. J’en ai encore, parfois. Et si j’écris ce texte, aujourd’hui, ce n’est pas pour me placer au-dessus de celles et ceux qui en souffrent : c’est pour me rappeler, à l’avenir, de me tenir éloignée de la haine.
Contrairement à la colère, qui peut être une énergie, la haine ne m’apporte rien. C’est un poison, un acide qui me ronge de l’intérieur. Si je la garde en moi, elle ne fera rien d’autre que parasiter mes entrailles, pourrir, gangréner progressivement mon être tout entier.
La colère est comme un fioul, en fait. Si tu t’en sers pour gaver ton moteur, t’iras loin. Si tu te noies dedans, tu vas crever. C’est ça, la haine, pour moi, au fond. Une colère utilisée à mauvais escient.
La haine est une gangrène pour moi
La haine est dangereuse, pour moi. C’est l’équivalent de m’attacher un poids, et de me jeter à l’eau.
J’ai compris, avec le temps, comment mes colères pourrissaient parfois en haine.
Parfois, c’est moi qui nourris ce processus. Comme un feu que j’alimenterai, parce que la colère soulage… Parce qu’il y a quelque chose de profondément cathartique à voir ce feu prendre de l’importance, de la puissance, on espère qu’il brûlera ceux qui l’ont provoqué en nous… En oubliant que c’est moi qui l’ai alimenté.
C’est pour ça que
je travaille tant sur la colère. Je ne veux plus jamais être ce pyromane, à souhaiter la destruction de l’autre, aveuglée par ce sentiment… et ne plus me rendre compte que je brûlerais avec, si je laisse le feu s’étendre.
Désormais, lorsqu’encore une colère m’échappe, je n’essaie plus de l’étouffer : je lâche prise.
Cette personne te voue une haine farouche, qu’y peux-tu ? Elle n’est plus en état de dialoguer, d’écouter, elle est aveuglée par ses propres colères.
Je décide alors de m’extraire de la conversation, de l’ignorer, de ne plus m’y exposer, si je le peux (sur Twitter, c’est facile : mute, block, etc).
Je ne peux rien contre la haine des autres
Il faut que je me rende à l’évidence. Il y a trois raisons pour lesquelles je n’écrirai jamais cette lettre à mes haters. D’une part, parce que je n’ai rien à leur dire, ensuite parce qu’ils ne sont pas en condition de l’entendre, mais surtout : parce que ce serait purement vain.
Je ne peux rien contre la haine des autres. Et pour la control freak que je suis que j’essaie d’arrêter d’être, lâcher prise sur ce point est un combat de tous les instants.
Être récipiendaire de la haine de l’autre, est l’une des pires violences que je connaisse (ça va, on m’a jamais amputé un membre à vif, donc ça relativise mon expérience de vie).
Mais je n’ai aucun autre recours, aucun autre plan d’action face à la haine que de m’en détacher, m’en protéger… m’en éloigner.
Il n’y aurait aucun intérêt à travailler aussi dur sur moi-même, pour ne jamais laisser mes colères pourrir en haine, si je me laissais entraîner dans un combat vain contre celle des autres.
Lorsqu’elle se manifeste chez moi, j’ampute. Alors pourquoi accorderais-je une once d’attention à la haine que les autres expriment ?
Voilà sans doute ce que contiendrait la lettre à mes haters, que je n’écrirai jamais : je suis désolée pour vous, que vous soyez à ce point en souffrance.
Mon conseil ? Lâchez prise. On se sent beaucoup mieux après.
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