Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Gwendoline qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Gwendoline
- Âge : 34 ans
- Métier : chargée d’études en CDI
- Salaires mensuels : 1 650€ pour elle, et 2 250€ pour son mari, qui est naturaliste.
- Famille : Gwendoline, son partenaire, avec qui elle est pacsée, et leurs deux furets
- Lieu de vie : une maison dans une moyenne ville de France, que le couple a achetée et est en train de rénover.
Les revenus de Gwendoline et de son conjoint
Pour son travail de chargée d’études spécialisée en sites pollués, Gwendoline touche le salaire de 1 650€ net par mois, après prélèvement à la source. Une somme qu’elle n’estime pas à la hauteur de ce qu’on lui demande :
« Par rapport au travail que je fais et aux responsabilités que j’ai, je suis en-dessous des salaires pratiqués dans la profession. C’est une discussion que j’ai depuis bientôt deux ans avec ma direction, et qui constitue un gros point de crispation… D’autant que j’étais la seule femme jusqu’il y a peu. »
Son conjoint quant à lui touche 2 250€ mensuel net de salaire. En tout, ils ont donc un budget total de 3 900€ par mois à deux.
L’organisation financière de Gwendoline et son compagnon
Pour gérer leurs dépenses communes, Gwendoline et son partenaire ont un compte commun sur lequel sont versés leurs deux salaires, et sur lequel sont prélevées leurs charges. La somme restante est répartie sur leurs comptes personnels. Pour le quotidien et l’épargne, c’est chacun pour soi.
Parce que leurs salaires sont disparates, ils font leurs comptes au prorata de leurs revenus . Elle explique :
« Parce que je gagne moins que mon cher et tendre, le prorata est de 57% pour lui et 43% pour moi. Certaines dépenses sont prélevés directement sur nos comptes perso (Netflix, Deezer, abonnements à des médias en ligne etc.), donc nous les intégrons dans notre feuille de comptes. »
Pour eux, c’est l’organisation la plus juste : Gwendoline met un point d’importance à savoir que son indépendance financière est assurée.
L’achat d’une maison de ville
Le plus gros poste de dépense du ménage est le remboursement du prêt de leur maison, ainsi que les assurances du prêt : pour cela, il paient 1073€ par mois. C’est un peu moins du tiers de leurs revenus, pour une maison de ville qu’ils rénovent depuis deux ans, et dont ils sont heureux d’être propriétaires. Elle raconte en effet que l’achat n’a pas été simple :
« Quand on s’est lancés dans l’achat d’une maison en 2017, on ne savait rien du tout. Nos critères étaient d’avoir un jardin, une distance maison-boulot de 20 ou 25 minutes à vélo, et une maison un peu atypique — vieille, ou originale.
Et pour la première fois, on s’est rendu compte que nous n’étions pas si aisés financièrement que ça ! Dans les prix que nous nous étions fixés (250 000€ maximum), on ne trouvait rien qui nous convenait.
Les maisons étaient en ruine, localisées sous des lignes à haute tension, ou dans des quartiers ressemblant furieusement à Wisteria Lane dans Desperate Housewives… Vivre dans un quartier où les maisons, les jardins et les gens sont identiques, ça nous semblait horrible. »
Pour avoir la maison qu’ils s’imaginaient, le couple comprend qu’ils vont donc devoir passer par des travaux… Et finissent par tomber sur un coup de coeur, une maison à 220 000€.
« La vente a traîné, on a eu un an pour préparer notre budget et nos travaux : c’est une énorme chance ! »
Un budget de rénovation élevé…
Parce que c’est une part importante de leur budget depuis deux ans, Gwendoline a accepté de revenir en détails sur ces frais de rénovation, financés avec leur épargne. Elle explique :
« Dans les diagnostics que nous a fourni le vendeur, nous avons vu qu’il y aurait l’électricité à mettre aux normes, et des travaux d’isolation à faire. L’avantage de travailler dans l’environnement pour moi, c’est qu’on avait plein d’amis compétents !
On nous a conseillé de faire faire un audit thermique par un professionnel, qui nous a coûté 600€ mais a été remboursé de moitié par un crédit d’impôts. Il a inspecté la maison et nous a proposé plusieurs scenarii en fonction des aménagements que nous souhaitions.
Il nous a notamment donné une enveloppe travaux qui a été notre base: 20 000€ pour la rénovation énergétique. Il y avait tout à faire — l’isolation, un changement de la chaudière, la pose d’une ventilation, un changement des fenêtres…
À cela, il fallait ajouter : la refonte complète de la cuisine, changer les sols, et peindre les murs, pour un total de 5 à 10 000€ »
En tout, le couple prévoyait donc un budget rénovation d’environ 30 000 €. Une fois ce diagnostic effectué, ils partent à « la pêche aux aides financières » :
« Clairement, c’est un job à plein temps de faire des dossiers d’aides. Il ne faut pas avoir peur de l’administratif ! Ce n’est pas accessible à tout le monde (ce qui est regrettable pour un système d’aides) et au bout d’un an et demi, je suis toujours en lutte pour les CEE de la chaudière. On me réclame en boucle des justificatifs que j’ai déjà donnés il y a un an… »
…et des imprévus
Pour les travaux les plus simples et qui ne leur octroient pas d’aides de l’État, ils choisissent de les faire eux-mêmes : ils s’occupent donc de poser l’isolation dans les combles, leur cuisine et le plancher eu eux-mêmes, ainsi que de peindre leurs murs… Et même s’ils n’y connaissaient rien, leur fibre de bricoleurs leur a été bien utile :
« On a passé notre vie à Leroy Merlin, au point d’en connaître les rayons par coeur, et on s’est enfilé des dizaines de tutos YouTube. Mais vivre dans son propre chantier, c’est compliqué : on a eu des baisses de motivation, plus d’espace mental pour se reposer… Rentrer du boulot et constater qu’on a encore du boulot, c’est fatiguant. Mais on s’est relayés ! »
Entre dépenses imprévues et traitement de leur charpente, ils ont a l’heure actuelle dû dépenser en tout plus de 55 000€ pour ces rénovations, dont une partie a été remboursée par des aides de l’État. C’est donc près de 48 000€ que leur ont coûté les travaux de rénovation.
Les dépenses du couple
Du côté des dépenses quotidiennes, Gwendoline et son partenaire déboursent en premier lieu environ 550€ par mois pour les courses. Un budget qui a pu monter jusqu’à 700€ pendant les périodes de confinement et de télétravail généralisé et que l’interviewée trouve élevé. Cependant, elle refuse de réduire : cette manière de s’alimenter est un choix politique.
« Je vais au marché toutes les semaines, et une fois par mois en magasin bio pour acheter en vrac. On a la chance d’habiter dans une région maraîchère et très orientée agriculture bio donc on a accès à beaucoup de denrées alimentaires bio vendues directement par les producteurs. En faisant ce choix de consommation, on subventionne une agriculture respectueuse des écosystèmes et des agriculteurs. »
Le budget pour leurs deux furets leur coûte la somme de 150€ par mois lissée à l’année, principalement des frais de vétérinaire élevés, car la nourriture et la litière, au quotidien, leur coûtent plutôt une trentaine d’euros par mois.
Viennent ensuite environ 150€ mensuels de factures courantes, à savoir le chauffage, l’eau chaude au gaz, l’électricité et l’eau. Cette somme a été réduite de moitié grâce à leurs travaux de rénovation.
Pour leurs abonnements Internet, streaming de vidéo et mobile, ils paient en tout 66€ par mois.
Leurs impôts fonciers et leur taxe d’habitation réunies s’élèvent à 72€ par mois. Enfin, leur assurance habitation leur coûte 31€ par mois, et leurs assurances pour leurs deux voitures représentent un total de 48€ mensuels, une somme qui a le don d’énerver Gwendoline :
« Ça me rend folle de payer aussi cher pour une prestation qui ne me couvre pas les trois quarts du temps. J’ai vraiment l’impression de me faire rouler ! »
En effet, le couple se déplace principalement à vélo : ils font environ un plein par mois pour la voiture qu’ils utilisent le plus, soit une soixantaine d’euros.
« Mon conjoint ne s’achète rien, à part des caleçons »
Gwendoline et son compagnons sont sportifs : elle fait de la danse, du yoga et de la gym suédoise, son conjoint pratique la plongée et la course à pieds. Pour ces activités, ils dépensent 130€ par mois à deux. À ce budget loisirs s’ajoutent 75€ de restaurants, bar ou cinéma quand ils sont ensemble — lorsqu’ils sont chacun de leur côté, ils paient avec leurs comptes individuels. Ils dépensent aussi une vingtaine d’euros par mois dans des livres ou des BD.
En terme de vêtements, les dépenses du couple sont relativement peu élevées. Gwendoline explique dépenser environ 25 euros par mois pour elle. Son conjoint, lui, « ne s’achète jamais rien, à part des caleçons une fois par an ».
Une fois ces dépenses communes faite, il leur reste 1500 € environ à se répartir au prorata de leur participation.
Un rapport à l’argent un peu différent
Pour parler de leurs rapports à l’argent, Gwendoline explique que son compagnon aimerait se préoccuper un peu moins des finances. Elle précise :
« On gagne très correctement nos vies, mais on ne gagne pas assez pour ne plus avoir à se préoccuper du prix des assurances, des travaux, des loisirs… Il aimerait que l’argent soit une question qui nous occupe moins l’esprit. Je le comprends, ce n’est pas fun de consulter 36 boîtes d’assurance pour trouver le meilleur rapport qualité/prix… Mais il faut bien le faire. »
Pour autant, leur manière de dépenser est un peu différente. La jeune femme raconte :
« J’aime pouvoir me payer ce dont j’ai envie sans trop y penser et me dire que de temps en temps je peux me payer un super truc : un restaurant gastronomique, un week-end dans un hôtel un peu stylé… Mais je n’ai pas non plus besoin d’un gros salaire.
Je dépense plus facilement que lui qui est un véritable écureuil. En revanche quand j’achète, je fais attention à ce que je prends (d’occasion, avec des matériaux écolos, marque éthique etc.) et lui beaucoup moins. »
Dépenser éthique ou non
Cette différence dans les habitudes de consommation peut même être une petite source de conflits… ou de cachotteries.
« Il trouve que j’ai la dépense facile, et moi qu’il est un peu radin sur des sujets que je ne comprends pas. Par exemple, il va acheter un aspirateur sans fil qui n’aspire pas sur un coup de tête, mais me reprocher d’acheter des savons bio produits localement…
C’est sûr qu’un objet écolo rémunérant correctement son producteur n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais pour moi, c’est un choix politique et surtout logique ! Alors parfois, je ne lui dis pas tout de suite le prix du savon, ou d’une parure de lit made in France…
Je lui donne le prix en fin de conversation, comme ça, même si il trouve ça cher, je ne l’entends pas râler trop longtemps ! »
Elle explique que de manière générale, le couple n’est pas très dépensier. Chaque mois, Gwendoline réussi à mettre 300€ de côté, et son conjoint 500€, qui ont servi aux gros travaux de rénovation de la maison, mais aussi à des projets de voyage pour leurs vacances.
Merci à Gwendoline d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Crédit Photo : Los Muertos Crew / Pexels
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Les Commentaires
Leurs factures courantes sont peu élevées, l'isolation, ça vaut le coup !