Quand on projette pour la première fois une virée au ski, forcément on se voit en combi top classe, stick lévral* blanc et « La Montagne, ça vous gagne » en air de fond. Le problème, c’est que l’office du tourisme ment aux gens pour attirer de nouveaux clients parce que la première fois, le ski, c’est pas comme ça… Pour t’éviter une cuisante déception, voici quelques conseils pour traverser ta journée avec le brio d’une hirondelle qui migre en Afrique sans GPS.
* je sais que ça n’existe pas mais on n’avait pas le droit de dire Labello.
L’arrivée sur les pistes
Pour skier, il faut de la neige. Et à moins d’être sur une piste à Dubaï, la poudreuse ne va pas s’arrêter au bord des télésièges. Apprête-toi à vivre des minutes d’interminable patinage artistique sur route de montagne, et éventuellement à enfiler pour la première fois une paire de chaînes à un pneu, si si. Tu ne sais pas mettre de chaînes et / ou, tu n’en as jamais vu, ne t’en fais plus :
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Si tu n’as pas fait demi tour, ou que ta voiture ne t’a pas écrasée pendant que tu installais tes chaînes, alors tu es maintenant sur le parking de la station, prête à dévaler les pistes, attendre deux heures pour trouver une place et une paire de skis à louer.
Location d’équipement et de pass
Que tu sois prévenue, il y a quelqu’un dans la foule de gens qui font la queue pour obtenir une paire de skis, qui va dire à un moment donné et assez fort pour que tu te sentes visée : « Bah dis donc, on n’est pas les seuls à avoir eu l’idée de skier aujourd’hui » + moue du style « ahlala, ces touristes ». Ne culpabilise pas, tu l’emmerdes, si ce connard était un vrai pro il posséderait sa propre paire de skis, affaire classée.
Il ne faut pas s’attendre à avoir envie de rester dans la cahute de location de matériel. Tu es en combinaison + trop de sous-vêtements (on est toujours trop habillée pour une première fois au ski, mais on en reparlera au paragraphe suivant), les gens sont en chaussettes, d’orphelins gants gisent au sol, témoins d’une bataille déjà perdue contre le froid.
Et puis ta paire de chaussures te serrera au mollet comme Josiane Balasko dans les bronzés #2. Il faudra vite tout oublier parce que la calvaire n’est pas fini. Une fois délestée du prix exorbitant d’une location (sauf dans les stations vosgiennes, mais personne ne pense à aller là-bas [autopromo off]), comme un pélerin tu feras ton Compostelle à toi, en chaussures INCLINEES sur un sol PLAT…
La vraie vie au ski : cris & douleurs (crédit : toutlecine.com)
C’est en cette tenue improbable qu’il te faudra aller choisir ton pass remontée et te mêler aux beaux gosses en snowboard et T-shirts qui optent pour la formule journée illimitée à 65 euros alors que tu commandes un carnet de 10 tickets unitaires s’il-vous-plaît-oui-c’est-ma-première-fois.
Point vêtement pour sortie au ski
Des gens, qu’on appelle communément des ingénieurs, travaillent d’arrache pied pour fabriquer des matériaux pratiques et adaptés aux situations comme Le Trop Froid ou Le Trop Chaud. Il faut en profiter et arrêter de se persuader qu’en mettant 4 ou 12 T-shirts les uns au dessus des autres, on obtiendra le même effet… L’important quand on est au ski c’est que la peau des interstices du type chevilles / ventre / poignets ne voient pas le jour, jamais, sous aucun prétexte.
Je sais pas s’il existe quelque chose de plus désagréable qu’un morceau de neige qui te glisse dans le bas du dos au moment où tu te relèves de ton fail #45. Non en fait je sais : rien (à part manger un bout de foie par inadvertance mais ça n’a rien à voir on est d’accord).
Les remontées mécaniques
Je vais te donner une information qui va te faire rire et à laquelle tu repenseras trop tard. Quand on va pour la première fois au ski, on est pressés de commencer. C’est donc avec le zèle du canard laqué dans une assiette quand s’installe dans la file d’attente pour les remontées mécaniques piste bleue. SAUF QUE. A ski, il vaut mieux s’essayer un petit peu avant. Mais ça tu t’en rendras compte alors que ça fait dix minutes que tu attends, et fuck, no way de perdre sa place dans le trafic, on verra là-haut… Cordialement.
Une fois là haut…
Ah oui je sais : tu pensais que j’allais te décrire comment les gens tombent au milieu de la remontée ? Non, je vais pas le faire. Déjà, parce que j’aime pas me moquer de la perdition d’une personne, et surtout parce qu’il faut être une buse pour lâcher ce truc.
Mode d’emploi : une remontée, c’est un mélange entre une barre de pole dance et un étranglement par les cuisses sans effraction. Tu chopes, tu cales, tu serres, tu attends, tu te casses. Basta.
Une fois en haut de la piste, ça va paraître haut, ça va paraître à 90° alors qu’on doit être à 24,2°, pas de panique. Le tout c’est de ne pas choper la pente en frontal, et d’opter à la place pour un zig zag ample. De toute façon, plus t’as peur, plus tu tombes, donc vas y mollo, sors le cul, écarte tes skis comme un enfant en classe de neige, n’aie pas peur tu es sur la piste bleue, les gens savent.
2, 4 ou 6 heures plus tard…
Il y a une demi-journée, tu n’aurais pas respecté un sandwich thon mayonnaise mais à présent tout a changé. Sache que le ski au niveau de la faim c’est la piscine fois dix et qu’au niveau de la fatigue, c’est équivalent à deux journées d’aviron mises bout à bout. Pense donc à emporter un goûter tiré du sac (faire le geste, c’est plus marrant).
Moralité
Même si demain tu auras envie de mourir à cause de muscles jusqu’alors non référencés sur ta fiche tarifaire, pour peu que tu aies réussi à faire une seule descente sans tomber, le ski te laissera un bon souvenir. Et puis ça permet de manger de la raclette sans te poser des questions du genre « Est ce que Dukan me juge ?» ou bien, « vais-je mourir des cuisses ce soir ? ». Non, après cette journée, exceptionnellement, tu peux kiffer la vie à loisir.
Les Commentaires
Après avoir passé 2h à descendre une oui UNE piste bleue dont la moitié sur les fesses, j'ai appris à :
- tomber les deux skis du même côté
- me relever
Je n'ai pas appris à:
- faire le chasse neige
- tourner
- m'arrêter
Heureusement j'ai bien aimé malgré la douleur, les courbatures et le temps dégueulasse, j'ai persévéré, pris des cours.
3 ans plus tard je commence les pistes noires et je m'éclate (mais pas la gueule dans la neige).
Et puis y'a le vin chaud...