Et si le meilleur accessoire pour le printemps-été 2023 était de se balader avec sa copie conforme ? On pourrait ainsi résumer le dernier défilé Gucci qui n’a employé que de vrais jumeaux, habillés de la même façon de la tête aux pieds, afin de jouer à fond la carte de la gémellité.
Questionner l’identité avec 68 paires de jumeaux au défilé Gucci
On pouvait deviner qu’interroger la notion d’originalité et de copie serait au cœur de cette collection, rien que par son titre « Twinsburg » (qu’on pourrait tenter de traduire en « ville des jumeaux », mais aussi par le photocall. Le parterre de célébrités invitées devait en effet se positionner devant une mosaïque d’écrans rediffusant leur visage par centaine, pendant que les photographes prenaient des clichés. Ensuite, quand le défilé en tant que tel a débuté, on pouvait d’abord croire qu’un mur de photos servait de toile de fond sur toute la longueur du podium. Mais en réalité, il le scindait en deux, avant de se retirer, dévoilant que chacun des passages était en fait dupliqué de l’autre côté du mur, avec un jumeau de chaque côté.
Une fois la supercherie révélée, les mannequins jumeaux ont redéfilé pour le final, cette fois main dans la main, sur une bande-son de Marianne Faithfull lisant les paroles d’une chanson d’Ashley et Mary-Kate Olsen, « Identical Twins ». Au total, c’était 68 paires de jumeaux qui ont été castées à travers le monde pour être les plus identiques possibles.
Pour cette collection-réflexion sur ce qui constitue l’altérité et l’identité (au sens d’individualité, mais aussi au sens de similarités, être identique à quelqu’un d’autre), le directeur artistique de la maison, Alessandro Michele, a commencé par se questionner sur lui-même, en tant que fils d’une jumelle. Sa mère a eu en effet une vraie jumelle, avec qui elle partageait une connexion indicible, que seuls les jumeaux peuvent vivre et décrire. Elles vivaient ensemble et l’élevaient comme deux mères, jusqu’à ce que la tante d’Alessandro Michele ne meure quand il avait 7 ans.
Alessandro Michele s’inspire des années 1980 et des Gremlins pour Gucci
Puisqu’il s’est inspiré de sa jeunesse, le styliste né en 1972 a imaginé des vêtements reprenant des codes des années 1980, dont beaucoup de vestes aux larges épaules, des joggings oversize, et quelques clins d’œil aux Gremlins (une série produite par HBO se prépare d’ailleurs autour de ces petits monstres pour 2023).
Si le défilé a eu lieu deux jours avant la victoire du parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, qui obtient ainsi une nette majorité au Parlement italien, on pouvait déceler l’inquiétude d’Alessandro Michele quant aux droits des personnes LGBTI+ à travers le mot « FUORI !!! » qui parsemait certains vêtements. Ce qu’on pourrait traduire par « out » constitue aussi le nom de la première association queer du pays en 1971, et apparaît aujourd’hui sur le podium de Gucci comme un cri de fierté contre le fascisme contemporain.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram.
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