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Grossesse

Le thème de grossesse gériatrique est inacceptable, et on vous dit pourquoi

Vous avez peut-être déjà entendu parler de « grossesse gériatrique », ce terme qui désigne les grossesses menées par des femmes de plus de 35 ans. Pourquoi ne devrait-on plus l’utiliser ?

Noté dans le dossier de maternité, ou prononcé par un professionnel de santé, ce terme a de quoi faire grincer des dents. « Grossesse gériatrique », parfois même « mère gériatrique », ou encore « accouchement gériatrique », tout à coup, au grand âge avancé de 35 ans, on relève du troisième âge, avec supplément carte vermeil.

La honte du corps féminin

La gériatrie désigne la médecine des personnes âgées, étymologiquement cela vient du mot grec gerôn, qui signifie « vieillard ». Le cadre est posé. S’il n’y a pas de honte à prendre de l’âge, ou à se voir attribuer des termes relatifs à la vieillesse, j’y vois tout de même clairement un mépris envers les femmes qui ne sont plus dans leur prime jeunesse. C’est un moyen de les blesser et de les punir d’avoir privilégié leur carrière ou leurs envies avant d’envisager un rôle de mère.

Évidemment, une femme n’est pas vieille à 35 ans, et son corps non plus. Cette honte du corps des femmes qui n’ont plus la vingtaine, des joues encore potelées, et des petits seins fermes, n’a pas lieu d’être.

L’autrice Mona Chollet parle de la figure de « la vieille » dans son essai Sorcières. La puissance invaincue des femmes. Les femmes sont soumises à une date de péremption, avec un compte à rebours qui commence dès leur vingtième anniversaire, puis, si l’on en croit la société, la décrépitude les envahit jusqu’à ce que mort s’ensuive. La vieille est menaçante, elle n’a plus sa beauté pour elle, parties la séduction et la féminité, elle ne représente plus que le mal, la sorcière.

C’est tout cela que j’entends dans « grossesse gériatrique », une femme qui décide de mener une grossesse contre-nature, qui a le culot de vouloir donner la vie, alors qu’elle devrait déjà songer à préparer ses funérailles.

Certes, avec l’allongement des études notamment, et grâce aux progrès de la médecine reproductive, nous allons vers des grossesses de plus en plus tardives, avec un taux de complications potentielles plus élevé. Selon l’INSEE, les mères françaises ont aujourd’hui leur premier enfant à 30,9 ans en moyenne, contre 24 ans en 1974. C’est une réalité, mais ne pourrait-on pas utiliser d’autres termes ?

À lire aussi : Les femmes n’ont pas des « daddy issues », elles ont des darons nuls et vivent dans un monde sexiste

Comment nommer les grossesses après 35 ans ?

Pour commencer, pourquoi faudrait-il utiliser un terme spécifique ? Pourquoi catégoriser d’une façon différente les grossesses après 35 ans ? Avoir un bébé après 35 ans est désormais monnaie courante. Les mentalités ont évolué depuis les années 1970, où être enceinte en fin de trentaine ou début de quarantaine avait un goût de transgression un peu honteuse, signe d’une sexualité toujours active à un « âge avancé » où d’autres étaient déjà grands-mères.

Aujourd’hui, avoir 35 ans c’est être jeune. Mais physiologiquement, c’est aussi un premier âge palier dans la fécondité : la fertilité féminine chute, le taux d’accouchement prématuré augmente, le risque d’hypertension artérielle et de diabète pendant la grossesse aussi, ainsi que celui d’arrêt naturel de grossesse, de prééclampsie, ou encore le taux d’anomalie chromosomique.

Le suivi d’une grossesse après 35 ans peut donc être légèrement différent, voire très différent selon les cas. D’autres paliers suivent ensuite : 40 ans, 42 ans, 45 ans. Au-delà, les grossesses se font bien plus rares puisque la ménopause intervient généralement aux alentours de 50 ans. Les accouchements les plus tardifs ont été recensés chez des femmes de 65 à 70 ans, ayant eu recours à des FIV avec dons d’ovocytes.

Je remarque également qu’on ne parle pas de paternité gériatrique ou de pères gériatriques, pourtant les hommes faisant des enfants tard sont bien plus nombreux, puisque certains d’entre eux restent fertiles jusqu’à la fin de leur vie. Mais, contrairement aux idées reçues, la fertilité des hommes décroît tout de même avec l’âge, et la qualité de leurs gamètes également, ce qui n’est pas sans risque pour les bébés conçus.

Plutôt que de parler de grossesse gériatrique, même dans le cas de grossesses après 40, 45 ou 50 ans, on peut utiliser un autre terme « officiel », déjà moins stigmatisant : grossesse tardive. Oui, elle arrive « tardivement » dans la période de fécondité d’une femme (entre les premières règles et la ménopause), non, la femme enceinte n’est pas une vieillarde.

On pourrait aussi tout simplement parler factuellement de « grossesse après 35 / 40 ans », plutôt que d’enfermer encore une fois les femmes et les mères dans des carcans culpabilisants et jugeants.


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Les Commentaires

31
Avatar de Ramelle
26 août 2023 à 07h08
Ramelle
Après le point du mari n'est pas enseigné non plus, le "syndrome méditerranéen" également etc, etc... Il y a une différence entre le consensus scientifique et la pratique de la médecine par des humains qui ont leur biais et qui peuvent les transmettre à leurs internes/élèves.
D'ailleurs pour grossesse gériatrique si on le tape dans Google le premier résultat amène au site d'un réseau de cliniques pour PMA... https://www.eugin.fr/grossesse-geriatrique/
Comme quoi il est bien utilisé de manière officielle.... En plus la définition qu'ils donnent est une grossesse à plus de 35 ans... C'est cocasse d'apprendre qu'une femme de 36 ans relève de la gériatrie....
Bon par contre en deuxième position c'est cet article qui apparait pour remettre en cause ce terme... Comme quoi il y a de l'espoir !
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