Mis à part les jeux de baston où j’aime m’exciter en tapant frénétiquement et en gueulant comme une bougresse, je ne joue qu’à des jeux PC un peu rétro (snobisme quand tu nous tiens). Du coup, c’est l’occasion pour moi de vous parler de mon jeu préféré du monde entier : Grim Fandango !
Produit par Lucas Art et avec comme concepteur un des auteurs de Monkey Island (jeu culte à babord !), Grim Fandango est sorti sur PC et Mac en 1998 et n’a hélas pas été un succès commercial. Aujourd’hui, il a néanmoins atteint le rang de jeu culte et ça, ça n’a rien d’étonnant. Mais laissez-moi vous présenter un peu la bête !
Bienvenue dans le monde des mooooorts
Grim Fandango
, c’est d’abord un univers extrêmement soigné et bien pensé. On se retrouve dans un monde des morts rétro chic avec toute une mythologie, une hiérarchie et des inspirations diverses. Tout est incroyablement cohérent.
Les morts, en fonction de leurs vies passées, peuvent accéder plus ou moins rapidement à l’autre monde mais certains, comme le pauvre Manny Calavera, notre héros, ont eu une vie si abjecte qu’ils se voient contraints à des travaux d’intérêt général et jouent les faucheurs/vendeurs auprès des autres morts, sous la coupelle de cadavres mafioso.
Tout ça dans une ambiance de film noir avec casinos, fumée, alcool et magouilles… Les dialogues distillent toutes les informations nécessaires au compte-gouttes et d’une façon si distrayante, drôle et fine qu’il est parfois compliqué de s’en rappeler tous les détails.
Grim Fandango, un jeu de qualité à tous les niveaux
Ce serait presque dommage d’oublier des choses d’ailleurs, car tout est si bien pensé et construit qu’il est nécessaire d’être toujours attentif. Les personnages sont bien campés, bien écrits. Chaque réplique est drôle, et même quand on est du genre à zapper les dialogues dans un jeu, difficile de résister au flegme du héros, Manny Calavera, un des personnages les plus attachants du monde vidéoludique.
Doué d’une autodérision adorable, ce loser au coeur d’or pose sur le monde un regard mélancolique et désabusé mais parfaitement dénué de cynisme. Le suivre dans le jeu est un plaisir tant ses petites remarques et son accent latino le rendent mémorable !
Bonus : le jeu est aussi très beau ! Les designs art déco années 30 en 3D ont pris un coup de vieux, bien sûr, mais honnêtement, ils demeurent vraiment beau pour leur âge (seize ans) (AÏE ça pique). Et le cadre des aventures de Manny est incroyablement varié : on ne reste pas dans la ville, on se balade !
Chaque détail est pensé avec soin, c’est foisonnant, flamboyant et un tas de superlatifs en « –ant ». Hélas, une capture d’écran ne rendrait pas un juste hommage à ce jeu. Il faut entrer dans l’univers pour l’apprécier à sa juste valeur !
On a aussi une bande-son épique mêlant jazz, bebop, thèmes mexicains et tango, et le doublage français est absolument excellent. Bref, tout a été pensé pour aider à l’immersion.
Oooh rusty anchor, going down down down
Et le gameplay, alors ?
Pour ce qui est de la difficulté, j’avoue qu’on s’arrache parfois un peu les cheveux, mais le tout est suffisamment progressif et échelonné pour qu’on ne pas reste trop longtemps bloqué. On finit par comprendre un peu la logique tordue et perverse du jeu même si, au bout d’un moment, on en vient à tester tous ses objets au moindre obstacle…
On débute d’ailleurs avec paquet de cartes et un ballon en forme de Dingo ou de capitaine Haddock dans l’inventaire, ce qui ne donne pas l’air très fin mais rassurez-vous : ces objets trouvent vite leur utilité.
Le maniement avec le clavier est un peu rébarbatif mais on s’y fait vite. Le jeu suit un principe de point and click : il s’agit d’explorer le décor, de récupérer les objets, d’actionner les mécanismes ou de parler aux bonnes personnes. Les réflexes ne sont pas nécessaires.
Mais au lieu de cliquer directement avec le curseur sur les éléments mis en valeur, on dirige le personnage avec les flèches et, quand un élément susceptible d’être informatif ou utile est à proximité, il tourne sa tête vers lui. Ce n’est pas toujours évident à voir et cliquer frénétiquement sur la touche gauche pour lui faire effectuer un demi-tour à tous petits pas peut s’avérer terriblement irritant, mais ces lenteurs ne sont pas un handicap dans le jeu qui suit notre rythme.
Le dynamisme n’étant pas le but premier, on peut prendre le temps d’admirer les décors, les motifs du costume de Meche ou d’écouter la musique !
Pour vous donner une idée du jeu, même si je vous conseille d’arrêter rapidement pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, cette vidéo est très propre.
À sa façon, Grim Fandango est très contemplatif et mérite réellement qu’on s’y attarde car il a beaucoup à offrir : une atmosphère unique, des personnages inoubliables et une histoire passionnante et bien construite. Procurez-le vous donc, soyez patient-e avec lui et faites des sauvegardes régulières car il n’aime pas les ordinateurs récents. Il se trouve par exemple sur Amazon.
Je suis sûre que malgré les bugs, vous ne le regretterez pas !
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