Bonne nouvelle ! Alors que, depuis onze jours, Stéphane Ravacley ne mangeait plus afin de protester contre l’expulsion de Laye Fodé Traoréiné, sa demande a été finalement été entendue.
Selon l’AFP, l’apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé après un rendez-vous à la préfecture de Haute-Saône. Joint par téléphone par l’agence de presse, le boulanger a déclaré après un entretien avec le secrétaire général de la préfecture :
« Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi ! »
Ce geste de la préfecture était attendu mais cela interroge sur la gestion des régularisations des sans-papiers, qui semble se faire au mérite… ou en fonction du tapage médiatique.
Article initialement publié le 6 janvier 2021
Stéphane Ravacley ne mange plus depuis trois jours.
Pour garder son employé Laye Fodé Traoréiné en France, le boulanger de Besançon a opté pour une méthode radicale : la grève de la faim. Alors que son apprenti guinéen est menacé d’expulsion, l’homme de 50 ans a décidé de tout faire pour le soutenir. Il confie au Parisien :
« C’est un gamin qui travaille bien. Il arrive à partir de 3 heures du matin et repart vers 7h30. Cela fait un an et demi qu’il travaille avec moi. C’est un taiseux. Il bosse et apprend, il a compris déjà l’essentiel du métier. Ce gosse, il parle mieux français que moi ! »
Une pétition pour Laye
Après les fêtes et une année difficile en raison de la crise sanitaire, Stéphane Ravacley, propriétaire de la boulangerie La Huche à Pain, aurait surement préféré ne pas avoir à se battre pour maintenir son apprenti guinéen sur le sol français.
Laye Fodé Traoréiné, qui a eu 18 ans en 2020, fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français. Il est menacé d’expulsion pour être entré clandestinement en France
.
Dire que la nouvelle a décontenancé le patron est un euphémisme. Pour faire face à cette situation, l’homme a lancé une pétition qui dépassent les 100 000 signataires.Un exploit mais pas assez pour un revirement de l’administration. En parallèle, son combat prend une ampleur nationale avec la lettre de la maire de Besançon, Anne Vignot, adressée au ministre de l’Intérieur. Elle écrit :
« Abandonnons cette vision administrative qui consiste à accueillir, protéger, former pour au premier de la majorité, rejeter et expulser. Offrons-leur une autre politique […] débouchant sur un véritable projet de vie. »
Sur Twitter, le hashtag #LayeResteEnFrance a été largement partagé, contribuant à la médiatisation du combat. Aujourd’hui, le boulanger est sur tous les fronts dans l’espoir d’une issue favorable.
Prêt à tout pour son Laye
Déterminé, Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim depuis dimanche 3 janvier. Il soutient être prêt à poursuivre son action jusqu’au 26 janvier prochain, date d’une audience devant le tribunal administratif de Nancy. Cette lutte, il la mène pour lui, pour Laye mais aussi parce que en tant que chef d’entreprise, il a du mal à recruter une main d’oeuvre motivée comme Laye. Il déclare à l’AFP :
« L’Etat m’a confié cet apprenti migrant en connaissant sa situation. J’ai pris la responsabilité de le former et je veux aller au bout de cet engagement. Moi, des apprentis, j’ai un mal fou à en avoir. Et celui-là, on me le retire. Il faut savoir que dans la boulangerie, on perd 70 % des diplômés du CAP qui ne continuent pas dans le métier. Lui, il a l’envie ! »
Depuis deux ans, le boulanger a accueilli Laye Fodé Traoréiné dans le cadre d’un CAP. Alors qu’il doit passer son examen dans six mois, le jeune homme ne sera peut-être plus en France en raison de son âge.
Arrivée à l’âge de 16 ans en France comme mineur isolé, l’adolescent s’est installé à Besançon grâce à l’aide d’une association. Depuis, il s’est inscrit dans un formation et a pu obtenir un appartement. Alors qu’il travaillait d’arrache-pied pour se construire un avenir meilleur, celui-ci risque de s’effondrer en raison de son âge.
Afin d’apporter votre soutien à Stéphane Ravacley et Laye Fodé Traoré, vous pouvez signer la pétition ici et la partager.
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