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Féminisme

Pourquoi Alyssa Milano appelle à la grève du sexe

La grève du sexe serait-elle un outil efficace pour lutter contre les discriminations sexistes ? Selon Alyssa Milano, oui, mais tout le monde n’est pas de son avis.

Le 15 mai 2019

L’actrice Alyssa Milano a appelé à une grève du sexe de la part des femmes américaines, pour protester contre de nouvelles lois mettant le droit à l’IVG en danger.

On est en train de supprimer nos droits reproductifs. Tant que les femmes n’ont pas le contrôle légal sur leurs propres corps il est impensable de risquer une grossesse.

JOIGNEZ-VOUS À MOI : pas de sexe tant que nous ne récupérons pas notre autonomie physique. J’appelle à une #GrèveDuSexe. Passez le mot.

Comme à chaque fois qu’il est évoqué, le sujet de la grève du sexe comme outil féministe fait débat. Je te laisse donc lire l’article ci-dessous qui explique très bien la chose !

La grève du sexe, un outil de militantisme féministe qui fait débat

Le 12 avril 2017

Le numéro de mai de la version américaine de Marie-Claire met à l’honneur cinq femmes féministes, figures d’empouvoirement.

Une démarche honorable qui permet à Janelle Monáe, chanteuse et depuis peu actrice dans le film Les figures de l’ombre, de faire la couverture du magazine. Cela implique bien entendu une interview.

Allure vient pointer du doigt des propos tenus par cette célébrité, alors qu’on l’interroge sur le respect des femmes :

« Il faut que les hommes respectent le vagin.

Nous devrions envisager l’idée de refuser toute relation sexuelle avec les hommes, jusqu’à ce qu’ils se battent tous pour nos droits. J’adore les hommes, mais je ne tolère pas les connards. Ils ne méritent pas ma présence.

S’ils cherchent à posséder le monde, si c’est comme ça qu’ils cherchent à le diriger, eh bien je ne vais plus y contribuer. Et ce, jusqu’à ce qu’ils le changent.

Nous devons réaliser le pouvoir, la magie qui nous est propre. »

En clair, Janelle Monáe appelle les femmes à une grève du sexe.

Cette déclaration soulève plusieurs réflexions.

Déjà, avoir un vagin ne fait pas nécessairement de nous une femme (pour plus d’infos, cliquez ici). Ensuite, tous les hommes ne sont pas hétérosexuels, et de plus, on peut être une femme ET sexiste. Il n’y a pas que les hommes qui renforcent le patriarcat.

Enfin… est-ce qu’on peut vraiment faire évoluer des mentalités en refusant de faire l’amour ?

Une grève du sexe, une idée vaine pour obtenir l’égalité des genres ?

Selon la journaliste d’Allure, ce combat est vain.

« La fin de cette oppression ne proviendra malheureusement pas de la bonne grâce d’hommes en manque de sexe. (…)

Les discriminations ne sont pas du seul ressort des hommes qui pratiquent le sexe avec des femmes (mêmes s’ils tendent à être très concernés).

D’ailleurs il m’arrive moi aussi d’aimer beaucoup le sexe, et je prévois bien de continuer à faire l’amour tout en promouvant l’égalité des genres. »

Tout d’abord, merci à la journaliste de rappeler que les femmes aussi peuvent aimer le sexe : ce n’est pas un cadeau qu’elles font aux hommes !

À lire aussi : La sexualité positive, c’est l’avenir : voici comment vous y mettre !

Je dois avouer que je me suis moi-même sentie mal à l’aise en lisant cette proposition. J’ai l’impression qu’elle est maladroite.

D’une part, priver quelqu’un de quelque chose ne fait pas changer d’opinion. Au mieux, cela force à se plier à une idéologie, pas à la suivre par la pensée.

D’autre part, l’idée me semble en elle-même plutôt sexiste : elle considère les hommes comme des animaux qui ne sauraient survivre sans leur dose de sexe.

Cette fausse croyance peut faire énormément de mal ; on l’a notamment vu dans nos témoignages autour des couples souffrant d’une forte différence de libido.

Mais cette idée de grève du sexe n’est pas nouvelle, la preuve.

La grève du sexe, une idée pas si nouvelle pour revendiquer son opinion

L’idée de faire la grève du sexe n’est pas récente. En 411 avant Jésus-Christ, Aristophane écrivait Lysistrata, une comédie dans laquelle des femmes arrêtent d’avoir des rapports sexuels avec leur mari pour stopper la guerre.

Plus récemment, plusieurs exemples de ce type de protestation, dans de petites communautés et dans un but précis, ont existé.

En 2006, une grève du sexe prenait place dans une ville en Colombie afin de faire comprendre aux gangsters que commettre des violences ne les rend pas sexy (au contraire).

Quatre ans plus tard, en 2010, The Guardian explique que le nombre de meurtres aurait baissé de 26,5%.

Impossible d’être certaine de la corrélation entre la grève du sexe et la baisse du taux de criminalité, cela dit.

Un article de RFI datant de 2016 tempère : sur huit cas cités, seuls quatre se seraient soldés d’un succès. La grève du sexe n’est pas une idée nouvelle, mais son efficacité est loin d’être prouvée.

Quand Janelle Monáe propose d’arrêter de faire l’amour au nom du féminisme, je ne peux m’empêcher de penser que l’intention est bonne, mais que la manière de la défendre est maladroite.

Personnellement, je suis plutôt tournée vers le militantisme pédagogue. J’explique, même si c’est redondant : ça me paraît (et c’est mon avis, hein !) plus efficace que de priver mes partenaires, et me priver, de relations sexuelles.

Mais ce n’est pas l’avis de tout le monde — on vous en parlait notamment dans l’article Féminisme, militantisme et pédagogie, un équilibre délicat. Ce débat est un exemple supplémentaire montrant qu’il y a différentes façons de militer pour la même idée.

À lire aussi : Ce monde sexiste m’épuise


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Les Commentaires

84
Avatar de MorganeGirly
16 mai 2019 à 22h05
MorganeGirly
Cette grève ne serait efficace que dans le cas ou le refus de coucher est respecté par la contrainte.
Ce n'est pas une "contrainte" imposée aux hommes par les femmes par les femmes que de choisir qu'elles n'auront pas de relations sexuelles avec des hommes parce qu'elles en ont ras-le-bol du sexisme, c'est un choix qu'elles ont parfaitement le droit de faire, et oui, certaines personnes vont avoir l'impression qu'on leur "impose" l'abstinence mais le sexe n'est pas un dû, l'accès au corps des femmes n'est pas un dû. Si certains hommes voient cette grève comme une contrainte et non comme le libre choix de leurs partenaires, c'est finalement pas plus mal parce que ça permet de faire réfléchir si ce n'est ces hommes, au moins les personnes qui réaliseront que les hommes considèrent le sexe avec une femme comme un dû qu'il est très choquant de leur refuser.
Par ailleurs, le viol est hors-propos ici parce que bien évidemment que pour que la grève fonctionne, il faut que la femme qui s'y consacre ait un minimum de latitude pour dire non. Si elle ne peut pas dire non compte tenu de sa situation, ben on n'est pas dans le cadre de la grève, donc ça ne me parait pas être un argument très valable.

Comme mes premiers messages sur ce topic datent d'il y a 2 ans et que je vois les arguments anti-grève revenir exactement dans les mêmes termes, je dois avouer que je suis toujours un peu surprise que des féministes se déclarent opposées à des initiatives de femmes cherchant à reprendre le pouvoir. J'ai l'impression que les gens anti-grève du sexe ont un peu le même genre d'arguments que les gens anti-espace non-mixte pour les femmes (genre taxis pour les femmes, wagons réservés aux femmes, écoles pour filles, etc.). A chaque fois c'est "Ah oui mais que vont penser les hommes si on ne fait pas tout 100% en miroir d'eux, ça discrédite le mouvement! Ils vont nous croire faibles/moins intelligentes/frigides/nous agresser quand on sortira des clous".
Ce n'est pas parce que des hommes sexistes réclament l'abstinence ou la non-mixité que les femmes qui décident de reprendre du pouvoir en écartant les hommes de leurs espaces de transport/sexuel/d'apprentissage font le jeu des sexistes. Ce sont deux démarches complètement opposés. Il faudrait essayer de ne plus toujours se mettre à la place des hommes et d'essayer de rentrer dans leur tête quand on voit une femme faire un geste fort pour elle.
Refuser le sexe à un homme, ce n'est pas dire "je n'aime pas ça, toi oui donc je te punis", c'est dire "mon corps m'appartient, ma sexualité aussi et si je veux en faire une arme politique, je le ferai".
On n'est pas obligée de vouloir faire pareil, on peut trouver que ce n'est pas un combat qui nous convient, mais aller critiquer une prise de pouvoir des femmes sur leur vie, aussi éloignée soit-elle de nos propres aspirations et de nos propres choix, parce que que-vont-penser-les-hommes-de-nous ou "moi je veux pas faire ça donc je dis aux autres femmes qu'elles devraient pas le faire", c'est plutôt ça qui me parait nuire à l'autonomisation des femmes.
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