L’urgence climatique en une d’un magazine de mode, c’est paradoxal ? Qu’importe, tant que le message passe. Pendant que les différentes éditions de Vogue à travers le monde cherchent à réduire la voilure, un nouveau venu frappe fort, bénéficiant sûrement de sa liberté en tant que franchisé : Vogue Scandinavia.
Pour son premier numéro, il érige en une, excusez du peu, Greta Thunberg.
« La mode joue un rôle majeur dans l’urgence climatique »
Pour accompagner cette nouvelle, la militante écologiste suédoise désormais âgée de 18 ans a partagé un message sur ses comptes Instagram et Twitter le 8 août 2021 qui peut sembler en opposition totale avec ce qu’ont l’habitude de promouvoir les magazines de mode :
« L’industrie de la mode joue un rôle majeur dans l’urgence climatique et écologique, sans parler de son impact sur les innombrables travailleurs et communautés qui sont exploités dans le monde afin que certains puissent profiter de la fast fashion que beaucoup traitent comme des produits jetables.
Beaucoup [de marques] donnent l’impression que l’industrie de la mode commence à prendre ses responsabilité, en dépensant des sommes folles dans des campagnes où elles se présentent comme “durable”, “éthiques”, “vertes”, “à l’empreinte écologique neutre” et “équitables”. Mais soyons honnêtes : c’est presque toujours du pur greenwashing. Vous ne pouvez pas produire de la mode massivement ou consommer “durablement” dans le monde tel qu’il fonctionne aujourd’hui. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons besoin d’un changement de système. »
Peut-on affronter l’urgence climatique comme la pandémie de Covid ?
En acceptant de poser pour l’un des plus prestigieux titres de mode, la millitante peut ainsi toucher, tel un cheval de Troie, une audience de fashionistas moins à l’écoute de ses prises de parole.
À l’intérieur de ce premier Vogue Scandinavia, Greta Thunberg raconte qu’elle n’a pas acheté de vêtements neufs depuis trois ans, et que la dernière fois qu’elle a acheté une pièce, c’était de la seconde main. Elle dessine d’ailleurs un parallèle entre la pandémie de Covid qui a été traité comme une crise mondiale et la façon dont on pourrait tout aussi bien se saisir collectivement de l’urgence climatique :
« Si vous achetez de la mode rapide, vous contribuez à cette industrie et vous l’encouragez à se développer et à poursuivre son processus néfaste. […] Comme nous, militants pour le climat, le disons depuis le premier jour, nous ne pouvons pas résoudre une crise sans la traiter comme une crise. Si la pandémie nous a montré une chose, c’est que la crise climatique n’a jamais été traitée une seule fois comme une crise. »
Greta Thunberg dans son interview de Vogue Scandinavia d’août-septembre 2021
Celle qui se sent parfois comme « un disque rayé qui répète les mêmes choses encore et encore », « signe que les gens n’écoutent pas vraiment », prend non seulement la parole là où on ne l’attendait pas forcément, mais aussi à un moment particulièrement judicieux : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de dévoiler le premier volet de son nouveau rapport ce 9 août 2021, soit huit ans après sa dernière édition, et lui aussi alerte sur la situation de crise climatique qui ne fait que s’intensifier.
Cette instance intégrée à l’Organisation des Nations Unies (ONU), synthétise les connaissances sur les bases physiques du changement climatique, dans un rapport rédigé par 234 scientifiques de 66 pays, à partir d’analyses de 14.000 études scientifiques. Et ils disent la même chose que Greta Thunberg : notre maison brûle.
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