En partenariat avec Metropolitan FilmExport (notre Manifeste)
La première fois que j’ai eu peur au cinéma, c’était devant l’une des moutures d’Halloween.
J’étais trop jeune pour voir des jeunes femmes se faire massacrer à l’arme blanche, mais quelque chose dans l’atmosphère du film m’aspirait toutefois…
La musique, l’image vintage et surtout le personnage de Laurie Strode porté par Jamie Lee Curtis.
Quand les films de genre mettent les femmes à l’honneur
J’ai donc découvert avec surprise les charmes du cinéma de genre, et ai ensuite avalé goulûment chaque film qui sortait comme autant de bols de gaspacho.
J’ai fini par piger que l’horreur et le thriller fourmillaient de symboliques, de mythes et de métaphores sociétales. Qu’ils portaient l’héritage d’un patrimoine culturel monstre, puis les transformaient, et créaient avec cette matière de nouveaux mythes.
Passionnant !
De plus, les films de genre ont un atout qu’ont peu d’autres styles : les femmes y sont souvent les héroïnes.
Et ça, forcément, ça rend le tout encore plus intéressant…
D’ailleurs, dans le tout nouveau film de Neil Jordan, Greta, les femmes sont au cœur de l’intrigue. Elles sont à la fois les héroïnes et les antagonistes d’un thriller dont les hommes sont finalement quasiment absents.
Ingénues ou machiavéliques, ces femmes sont en tout cas le socle d’un scénario qui fait flipper, et c’est bien ce qu’on attend d’un thriller !
Greta, de quoi ça parle ?
Frances est une jeune femme douce, avenante et altruiste dont la mère est récemment décédée.
Elle vit en coloc avec Erica, une tornade blonde qui aime la fête et pousse son amie à se décoincer un peu, à vivre comme une jeune femme de son âge.
Au détour d’un trajet en métro, Frances découvre un sac à main perdu.
Elle décide de rendre l’objet à sa propriétaire, et fait alors la rencontre de la mystérieuse Greta, une veuve esseulée pour qui elle ressent une empathie quasi-immédiate.
Greta est en manque de sa fille, partie vivre à l’étranger, et Frances est en manque de sa maman.
La solution semble toute trouvée pour les deux femmes, qui se rapprochent considérablement et se comportent comme mère et fille.
Mais Greta est-elle la femme bien intentionnée qu’elle prétend être ?
Rien n’est moins sûr…
Greta, un synopsis passionnant
Greta
est un thriller psychologique bien bâti.
Des constructions très fortes soutiennent une histoire étonnante, dont le début ne prédit pas la fin.
S’il est évident, au vu de la bande-annonce, que la relation entre Frances est Greta n’est pas aussi saine qu’elle n’y paraît, rien ne laisse présager d’un revirement de situation aussi net.
Je ne t’en dis pas plus…
Honnêtement, il est quasi-impossible de ne pas se laisser happer par le film, qui table sur des scènes fortes visuellement et des twists malins pour surprendre son public.
Greta, des personnages féminins à la psychologie fouillée
Je te l’ai dit plus haut, douce lectrice, les femmes sont au cœur de ce thriller perçant. Et c’est justement l’un des piliers fondateurs du film : la multiplicité des personnages féminins et leur psychologie.
On attend rarement d’une femme, par exemple, qu’elle soit capable des mêmes ignominies qu’un homme.
D’autant que les films, séries et documentaires sur les serial killers dont le cinéma et la télévision t’abreuvent n’égrainent presque que des noms masculins.
Et pourtant…
J’adore l’idée de braquer toute l’intrigue sur un duo de femmes aux antipodes l’une de l’autre avec des intentions radicalement opposées.
J’aime la fusion de ces actrices qui sont très différentes mais finalement complémentaires à l’écran.
La folie rejoint la douceur et ça donne un film captivant.
Greta, un casting parfait
Isabelle Huppert est mon actrice française préférée.
Son physique glacial, ses manières délicates et sa diction si particulière font d’elle une candidate parfaite pour les films de genre.
Elle l’a prouvé plusieurs fois en s’aventurant sur des terrains a priori étranges et audacieux, comme Elle, le dernier film de Paul Verhoeven, ou La caméra de Claire de Hong Sang-Soo.
Ici, une nouvelle fois, Isabelle Huppert brille par son jeu ambigu qui oscille entre la retenue et la fureur.
Chloë Grace Moretz lui donne la réplique dans un tout autre registre, et ne se défait pas du début jusqu’à la fin de son air mutin et ingénu.
Elle est la brebis de l’histoire, qui ne trahit jamais sa condition initiale et demeure innocente jusqu’à la fin.
Maika Monroe, qui incarne Erica, apporte de la nuance à ce binôme d’actrices. Les trois femmes réussissent à donner du corps au film, à porter brillamment l’intrigue, sans tomber dans des caricatures d’elles-mêmes.
Bref,Greta c’est malin, surprenant, original, glaçant, et ça sort le 12 juin.
Alors douce lectrice, prête à céder à ses sirènes charmantes et furieuses ?
À lire aussi : Parasite, la nouvelle claque par le réalisateur de Okja, a remporté la Palme d’or !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires