Certains la voient comme une illustration insupportable de la société de consommation, d’autres s’en moquent, d’autres encore la trouvent simplement et purement esthétiquement nulle : la publicité dans les villes ne fait pas vraiment l’unanimité. Grenoble, en tout cas, a annoncé qu’elle allait retirer 326 panneaux d’affichages publicitaires de l’espace public entre janvier et mai 2015. La ville a en effet décidé de ne pas renouveler son contrat avec JCDecaux, le groupe d’affichage et de mobilier urbain dont tu croises le logo probablement tous les jours en attendant le bus.
Éric Piolle, le maire écologiste de la ville, a annoncé que ce retrait du matériel de « réclame » serait accompagné d’une autre initiative : une cinquantaine d’arbres seront plantés à la place des « sucettes » et autres panneaux publicitaires. Pour les autres emplacements, la municipalité va réfléchir à différents affichages qui, pour le coup, seront libres, culturels et municipaux.
Mine de rien, c’est assez couillu : en annulant son contrat, Grenoble se prive d’une certaine somme — 600 000€ par an (6 millions de redevance sur dix ans) selon Albert Asseraf de JCDecaux. La somme ne s’élève sur un plan annuel qu’à 150 000€ d’après la mairie citée par Le Monde. La municipalité évoque entre autres la concurrence des espaces publicitaires disponibles sur Internet.
Si tu as peut-être entendu parler de cette information, c’est parce que c’est une grande première en France. Et le fait qu’il s’agisse d’une grande ville (environ 160 000 habitant•e•s) donne à la nouvelle un caractère symbolique plutôt exceptionnel !
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Mais alors comment compenser la perte de cette rentrée d’argent ? Eh bien le communiqué de presse annonce que la municipalité a économisé 190 000€ entre 2013 et 2014 depuis en réduisant le « budget protocole ». C’est pas rien.
À noter que la décision ne concerne pas les abribus, puisque le contrat du syndicat mixte des transports en commun de la ville avec JCDecaux court jusqu’en 2019.
Et toi, t’en penses quoi ? Tu trouves que c’est du gadget, tu aimerais voir ce genre de décisions prises dans ta ville, tu ne comprends pas l’intérêt de faire ça en 2014, tu trouves ça politiquement sain… ? Viens débattre dans les commentaires !
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Les Commentaires
D'abord, la mairie, ce n'est pas "les écolos", c'est "le rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes". Oui, c'est plus long à dire, mais c'est pas un détail : la majorité est composée de gens d'EELV, de gens du PG et d'Ensemble! (deux composantes du Front de Gauche), et aussi de citoyens encartés nulle part mais qui étaient engagés dans la vie de la ville (des gens qui ont lutté pour défendre le lycée Mounier, par exemple, des associatifs, etc.).
Ensuite, pour l'histoire des 150.000€ ou 600.000€, Decaux aurait baissé la redevance qu'il paye à la mairie de toutes façons, à moins d'accepter d'installer des panneaux "écrans" animés... (super agressifs visuellement, et qui consomment autant en une année qu'une famille moyenne, youpi quoi).
Enfin, pour ce qui est d'Esmonin, dont parle @Tatie et @Sharpabek , la mairie ne fait pas rien. Je vous renvoie ici par exemple : http://www.rue89lyon.fr/2014/11/24/a-grenoble-prefet-et-maire-dos-a-dos-sur-hebergement-sdf/ si vous voulez un petit état des lieux. Faut voir aussi que sur ce dossier comme sur d'autre, la mairie n'est *pas* le seul acteur : la pref et le CG ont aussi leur rôle à jouer par exemple (et ils ne le jouent pas toujours malheureusement...). Je vous renvoie aussi à cette tribune d'Éric Piolle et de Christophe Ferrari (président de la métro) dans libé il y a quelques mois : http://www.liberation.fr/societe/2014/07/02/hebergement-d-urgence-les-villes-demunies_1055860
Bref, j'ai du mal avec les histoires d'"il y a plus urgent" : pour la pub, c'est pas une question de savoir si c'était urgent ou pas : le contrat avec Decaux se terminait au 31 décembre, il fallait bien décider de reconduire ou de ne pas reconduire. Ça n'empêche pas la mairie de bosser sur d'autres sujets...
Ah, et un dernier truc : le contrat de Decaux pour les abribus se termine en 2019, affaire à suivre donc