J’ai parfois la réputation d’être pince-sans-rire. Les convulsions verbales de Jamel me crispent à peine la zygomatique. Les rodomontades d’Alévêque m’arrachent laborieusement un rictus. Kaamelott m’intéresse plus par son influence socio-linguistique que par sa cocasserie brocardeuse (c’est pas faux), et j’ai même réussi à m’endormir avant la fin de Bref. Moi je ris aux calembours en latin et aux contrepèteries en pentamètres iambiques. Donc, si en revenant du spectacle du Grandiloquent Moustache Poésie Club, j’ai la maxillaire aussi courbaturée que Pete Doherty au réveil, c’est qu’il s’agit bel et bien d’un prodige.
Pendant leur prestation, j’ai ri comme une baleine, pouffé comme un cachalot (je suis enrhumée), me suis gondolée comme un canal de Venise. J’ai eu des spasmes de jovialité et des transports de jubilation. Je crois même qu’à un moment je me suis luxé la rate à force d’allégresse. Je me suis poilée à m’en claquer le cuissot, à en tomber de mon siège, à en dévaler les gradins sur la tête, à convulser de gaieté au pied de la scène et j’en riais encore dans l’ambulance (à un moment, cette énumération commence un peu à exagérer, mais c’est vers la fin).
Une représentation du Grandiloquent Moustache Poésie Club ne se résume pas, ne se raconte pas, ne se décrit pas. Les seuls mots qui pourraient l’évoquer sont dans les bouches d’Astien, Mathurin et Ed Wood. Derrière leurs moustaches hérissées d’une verve puissante, les trois poètes à la langue agile et frétillante se moquent de tout, de vous, d’eux-mêmes et du voisin. Il est impossible de leur coller une étiquette qui puisse, ne serait-ce que faiblement, suggérer l’immensité de leurs talents. Voyez plutôt.
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Là où un esprit cruel et un bon dictionnaire des synonymes trouvent 8 692 534 façons de dire « C’est de la merde », l’être humain se trouve timide, frêle et sans voix pour crier au génie. Je me contenterais donc d’un simple conseil : ALLEZ. RIEZ. APPLAUDISSEZ. Je l’ai mis en majuscules pour lui donner de l’importance, mais si je pouvais, je l’aurais écrit en lettres de feu qui sortiraient de votre écran pour venir voltiger autour de votre tête sur la danse du Prince Igor
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Ce n’est plus un passage de pommade, c’est une tartinade de foie gras aux éclats de truffe confites au Henri IV Dudognon Heritage Cognac* et à la graisse de panda, mais je vous promets que c’est sincère et mérité, il y a même des loutres à un moment.
Ils jouent ce 17 et 18 mars à Lille mais aussi plein de dates partout ailleurs que vous pouvez retrouver sur leur site officiel et leur page facebook.
* La bouteille d’alcool la plus chère du monde (2 millions de dollars.)
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