C’est officiel : à compter d’aujourd’hui, au Bénin, l’interruption volontaire de grossesse « peut être autorisée » jusqu’à douze semaines « lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale », dispose désormais la loi relative à la santé sexuelle et la reproduction.
L’IVG était interdite au Bénin avant cela, sauf rares exceptions — par exemple lorsque la grossesse était la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou en cas de risque pour la vie de la femme.
Au Bénin, les complications liées à l’avortement tuent
Au Bénin, tout comme en Pologne, l’avortement représentait jusqu’ici un risque. Les femmes avaient recours à des IVG non-sécurisées, mettant leur vie en danger.
Le ministre de la Santé béninois Benjamin Hounkpatin a déclaré lors d’un point presse à Cotonou :
« Cette mesure vient soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu par des pratiques d’interruption de grossesse dans des conditions non sécurisées. »
En effet, près de 200 femmes meurent chaque année au Bénin des suites de complications d’un avortement, selon les chiffres du gouvernement.
Le ministre a ajouté que ces drames pourraient être évités :
« Plusieurs familles continuent de pleurer la perte d’un enfant, d’une épouse, d’une mère partie tragiquement à la suite d’un avortement compliqué. Ces blessures sont irréparables. Pourtant on peut bien éviter ce drame qui se joue sous nos yeux. »
Une opposition à l’IVG se réveille
Cette nouvelle mesure concernant l’avortement a déclenché une levée de l’opposition, notamment par la Conférence épiscopale du Bénin ou conférence des évêques.
Dans un communiqué publié le 21 octobre, ces derniers ont déclarés être « préoccupés » par ce projet de légalisation. Ils ont ajoutés vouloir rappeler « le caractère sacré de la vie, surtout de celle de l’innocent. L’avortement détruit la vie du foetus mais aussi celle de la mère à plusieurs égards. »
Le ministre, quant à lui, a déclaré lors de son point presse que :
« L’acte qui est posé doit être perçu comme une mesure de santé publique dont l’unique objectif est de sauver des vies humaines. »
Une belle avancée pour le Bénin, qui malgré l’opposition, aidera beaucoup de femmes à ne pas se mettre en danger.
À lire aussi : Un an après, sans surprise, les Polonaises pâtissent de se voir privées d’accès à l’IVG
Crédit photo : Unsplash – Gayatri Malhotra
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Les Commentaires
Mais je crois comprendre qu'il y a des conditions ?
@Eva Levy : qui juge que " la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale"?