LEGO est une franchise qui pèse. Quand tu avais huit ans, tu faisais déjà chier tes parents en laissant traîner des briques de couleur dans le couloir. Tu les obligeais à admirer tes créations sans queue ni tête conduites par de petits bonhommes à tête démontable. Tu étais folle des LEGO, ces objets rectangulaires emboîtables, ingénieux (et attirés par les voûtes plantaires humaines — souviens-toi de la douleur).
Et même si tu n’étais pas fan, tu as forcément croisé la route de ces petits jouets agressifs, mais terriblement créatifs.
Ensuite, tu as peut-être joué aux jeux vidéo LEGO, créé des Monster Truck de luxe et t’es lancée dans une course effrennée contre d’autres petits personnages jaunes. La franchise s’est emparée de Star Wars, Harry Potter, Marvel...
Bref, les briques de couleur se sont imposées dans ton âme, dans ton être. Elles se sont emparées du monde.
Il fallait bien cette belle introduction pour parler du nouveau film LEGO.
La Grande Aventure Lego, c’est un pari assez compliqué : faire rire toutes les générations en proposant une histoire crédible basée sur l’univers créatif mais enfantin d’un jouet. Tu n’es toujours pas allée le voir au cinéma car tu as peur de te retrouver devant un sous-Pixar empaqueté dans une bonne dose de pub ? Laisse-moi te convaincre qu’il faut que tu laisses tes préjugés de côté et que tu coures vite acheter du pop-corn.
https://youtu.be/uVU7fU9VpXI
Une histoire banale…
Le synopsis de La Grande Aventure Lego ne casse pas des briques. Il est d’ailleurs plutôt classique.
Tu vas suivre les aventures d’Emmet, un ouvrier lambda et dénué de toute capacité intellectuelle. Il va devoir sauver le monde d’un président qui le maintient dans la conformité et la non-mise en valeur de l’individu. Pour cela, il devra déjouer les plans des méchants alors qu’il n’y est pas préparé.
Il est la figure parfaite de l’anti-héros présent au mauvais endroit au mauvais moment qui doit accomplir une tâche inscrite il y a des années dans les étoiles par un sage un peu fou.
– 5 pour la grâce dans la chute.
En soi, ce n’est pas le scénario le plus original du monde. Les histoires de prophétie, tu en as peut-être par-dessus la tête, et je te comprends. Il ne faut pas oublier que c’est un film pour les enfants (en théorie, en tout cas). Il doit donc reposer sur une intrigue simple et efficace. C’est le cas, et c’est déjà pas mal.
…sous une belle couche d’anticonformisme
Partant d’une histoire assez simple, le film se construit de manière totalement originale. Si tu avais peur de deviner la fin au premier coup d’oeil ou de t’ennuyer tant les rebondissements sont gros, tu peux être rassurée : le film LEGO est un petit OVNI du genre.
Les scénaristes se sont basés sur une intrigue un peu naïve pour broder un univers assez fou et pas forcément dédié à un public si jeune que ça. Tu auras à plusieurs reprises l’impression d’être devant une production Cartoon Network. Dis au revoir à la niaiserie plus ou moins omniprésente de Disney : l’humour potache et les situations rocambolesques vont te tomber dessus pendant une heure et demie !
L’histoire en apparence basique dérive de plus en plus vers une sorte de dystopie bourrée de marketing et d’idées préconçues dont le héros doit s’extirper. De Bilbo le gentil élu, Emmet deviendrait presque un Neo tout droit sorti de Matrix.
Les rebondissements ne manquent pas : rappelons-nous que LEGO possède plusieurs licences, évidemment mises à profit pour le long-métrage. Emmet va donc pouvoir croiser sur son chemin Wonder Woman, Gandalf, Batman (qui m’a fait crever de rire au moins mille fois), Michelangelo ou encore une espèce d’Hello Kitty sous acides.
La pop-culture est omniprésente et les références valsent de façon anarchique, sans s’arrêter. Tu vas passer d’un univers LEGO à un autre sans avoir le temps de souffler. Ça n’a pas toujours de sens, mais c’est tellement orgasmique que j’aurais aimé que ça dure un millénaire.
En plus, le film est loin de manquer d’action. Sérieusement, la bataille finale est digne d’un Avengers bien musclé ! Les personnages ont beau être en plastique jaune citron, ils ne sont pas moins badass qu’une troupe de bodybuilders. Plusieurs scènes devraient te faire t’accrocher à tes accoudoirs en te penchant de droite à gauche (tu n’as pas à avoir honte, je suis sûre qu’une personne sur trois fait ça). Et même si certains personnages sont costauds, c’est toujours de l’invention et la créativité qu’il leur faut pour se sortir des pires impasses.
Finish Him : Croix + R1 + haut + haut + triangle.
Une réalisation impeccable…
Ce qui est totalement fou avec La Grande Aventure Lego, c’est que le film est réalisé en stop motion avec de réelle briques de LEGO. Plus de 15 millions de pièces ont dû être utilisées pour créer les décors et construire le film. Je te laisse imaginer le boulot !
J’étais très agréablement surprise par l’animation qui est très fluide et pas trop saccadée. Tout semble artisanal, ça donne un côté très authentique au film. C’est un peu une ode à toutes les vidéos de courts-métrages LEGO que l’on peut voir sur YouTube, mais en mode Hollywood, forcément
Comme quoi il n’y a pas besoin d’effets spéciaux de fous furieux pour que ça envoie du pâté.
…au service du lol constant
Forcément, cette absence d’images de synthèse est parfois source de comique dans le film. Alors que tu t’attends à voir une explosion traverser l’immeuble en feu, tu as droit aux mythiques flammes en plastique orange, par exemple !
Si le film évolue grâce à une histoire un peu WTF, il n’oublie jamais (ô grand jamais) d’être à mourir de rire.
Je suis sûre que j’ai un humour moisi… dans le sens où il en faut beaucoup pour me faire rire. Il faut se coucher tôt pour me faire lever la commissure des lèvres devant un one man show. Les blagues Carambar me donnent carrément envie de pleurer. Pourtant, le film LEGO m’a, très métaphoriquement, tuée.
Belle allégorie du rire dans le film : complètement crétin mais totalement génial.
Le duo Phil Lord/Chris Miller avait déjà développé un humour très particulier dans Tempête de Boulettes Géantes. C’est comme s’ils avaient condensé tout ce lol pour n’en tirer que le meilleur. Le comique d’action, de situation, de geste, de mots… tout y est. La Grande Aventure Lego devrait remplacer Molière comme modèle d’humour au collège. Je lance une pétition direct.
Un hymne à l’imagination
Partant, certes, d’une intrigue simple, le long-métrage Lego s’ouvre, en fait, à une dimension bien plus vaste. Le film est, contrairement aux a priori, une belle critique de la société de consommation. Celle-ci est faite dans les règles de l’art et ne renie pas en bloc la culture populaire, mais plutôt les normes que l’on veut imposer à son imagination.
Si tu veux manger ton dessert au début du repas et que tu préfères te baigner en combinaison de ski, vas-y. Nique la société. C’est ça, le vrai pouvoir !
Ce ne sont pas les plus musclés, ni les plus intelligents qui vont sauver le monde, ce sont ceux qui savent faire déborder leur imagination et s’en servir pour… créer.
Pour illustrer ça, le film utilise une mise en abîme totalement géniale qui met tous les spectateurs à leur juste place : de grands enfants. Là où Pixar commence peut-être à perdre un peu la main, Lego est dans la place. Et puis, quoi de mieux pour t’en parler que d’utiliser les briques que tu as forcément mâchouillées un jour en réfléchissant à ton nouveau chef-d’oeuvre ?
Attention, tu risque d’être envahie de cornes pour chats et de Chupa Chups bâton magique pendant un petit moment : Lego réalise ici sa plus belle opération marketing. La marque rappelle la vraie force de son produit, parfois un peu perdue au profil d’amateurs trop méticuleux et de collections pas très modulables : la liberté de construction. Ils ne perdent pas le Nord, et c’est très bien joué.
Bref, s’il fallait résumer La Grande Aventure Lego en une seule phrase, je n’aurais pas peur de te dire : « Tout est super génial » !
Ils confirment.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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