Goupil ou face est une bande dessinée de Lou Lubie parue aux éditions Vraoum !
Cette bande dessinée est autobiographique. Lou y raconte son combat contre un mal, indistinct dans un premier temps, qui la ronge intérieurement.
Si elle peine à mettre un nom dessus, son parcours du combattant contre ses tourments va la mener à enfin réussir à nommer sa bête intérieure : la cyclothymie.
La cyclothymie est un trouble de l’humeur que l’on assimile à la bipolarité. Il se caractérise par des périodes au cours desquelles l’individu concerné alterne des moments d’euphorie à d’autres moments de lourde dépression.
La BD est une vulgarisation de cette maladie méconnue, par tous, et même pour les malades eux-mêmes. On peut naturellement penser au travail de Marion Montaigne en lisant cet ouvrage !Non seulement Lou Lubie explique ce qu’il se trame dans son cerveau, mais elle raconte aussi son quotidien complexe.
Par exemple, tous les médecins consultés ne parviennent pas à s’accorder sur un diagnostic, ou refusent d’envisager qu’elle puisse être en dépression compte tenu de son âge.
Lou symbolise ces maux par le biais de représentations d’animaux, plus ou moins féroces. Sa cyclothymie à elle est un petit renard, qui comme chez Saint-Exupéry, doit être apprivoisé.
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Cette représentation, finalement fantaisiste et mignonne, permet à l’auteure de dédramatiser la maladie, de se montrer pédagogique et accessible, mais aussi d’ouvrir à des représentations artistiques plutôt intéressantes et éloquentes, notamment quand la bête devient plus carnassière.
L’auteure raconte aussi le poids que sa maladie peut avoir pour ses proches, et les violences psychologique qu’il faut parfois s’imposer pour réussir à s’en sortir, même quand la situation peut paraître paralysée.
Malgré la gravité du sujet, Goupil ou face n’a rien d’anxiogène. L’auteure se veut très factuelle et directe dans sa manière de présenter la situation : elle livre les faits bruts, tels qu’ils sont, mais avec tout de même de l’humour et un art de raconter admirable.
Bien entendu, il est précisé à la fin de la bande dessinée qu’il ne faut pas chercher à établir de diagnostic soi-même, mais toujours consulter un professionnel pour cela.C’est au final un livre plein d’optimisme et de courage que l’on referme, enrichi•e d’en avoir un peu plus appris sur une maladie pas forcément évidente à comprendre de l’extérieur.
Goupil ou Face aidera les malades à voir l’avenir d’un meilleur œil, et celles et ceux qui les entourent à être présent•es de la meilleure façon possible !
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Les Commentaires
Je me suis arrêté sur cet article à cause de Goupil (album jeunesse de Samivel), mais jamais je n'aurais pu imaginer découvrir un mot, un monde qui décrit le calvaire que je vis au quotidien. Je fais parti d'une famille de dépressifs, je l'ai toujours su et j'ai essayé de m'accepter en me sachant différente dans le mauvais sens du terme. Je savais que cela coulait dans mes veines et je me suis toujours battu contre. Mais mettre un mot, une définition, une explication sur ce phénomène incompréhensible qui régit ma vie. C'est ... je ne sais pas, je n'ai pas de mot. Si, lifechanging !
Je vais donc suivre les étapes, m'informer, consulter, en parler et peut-être que maintenant, je vais être capable de mieux gérer ma petite souris (oui, pour moi, c'est une souris). Alors, merci pour cet article.