Des adolescents pleins aux as font les frais d’une blogueuse, un trio de sœurs sorcières, un tueur en série reconverti en citoyen modèle… Toutes ces histoires vous parlent ? Bien sûr, il s’agit de Gossip Girl, Charmed et Dexter, séries cultes pour des générations de fans. Ou bien de leurs reboots et autres revivals ? Vous avez quatre heures.
Les séries version reboot ont le vent en poupe
Comme tous les domaines artistiques, du cinéma à la musique en passant par les comics, les séries bénéficient toujours, de temps à autre, d’une petite cure de jouvence sous la forme de reboots. Le principe : renouveler un programme version 2.0, majoritairement avec de nouveaux personnages !
Attention cependant à ne pas vous emmêler les pinceaux : la frontière entre un reboot et le simple retour d’une série (ou revival) est parfois floue. Le plus glaçant des habitants de Miami, Dexter, s’offre par exemple une neuvième saison à partir d’octobre. Michael C. Hall conservera son rôle de tueur « justicier » et le showrunner des premières saisons, Clyde Phillips, fera son grand retour. Dix ans après, le créateur semble enfin vouloir rectifier le tir d’une fin très controversée (et qui reste, à mon humble avis, l’une des pires de l’histoire des séries).
Ce n’est pas un reboot ici, mais une suite puisque l’équipe originelle est là et surtout que l’intrigue se déroulera dans la continuité des saisons précédentes.
Les reboots de séries, de pâles copies ?
Toujours est-il que le petit écran a une fâcheuse tendance à vouloir dépoussiérer les séries d’antan pour les remettre au goût du jour. Mais est-ce toujours une bonne idée ? Spoiler alert : NON ! Pour la simple et bonne raison que les œuvres originales restent majoritairement bien meilleures que n’importe quelle pâle copie — les échecs de Heroes Reborn sur NBC en 2015 ou de Prison Break : Resurrection sur FOX en 2017 l’ont bien prouvé à leurs dépens.
Alors pourquoi les producteurs persistent-ils à proposer des reboots à la chaîne ? Parce que le concept est déjà connu du public, et qu’il suffit d’un peu de marketing pour faire passer la pilule… En plus de pouvoir attraper une nouvelle génération qui n’a jamais entendu parler des originales, avec un peu de chance, la série piquera même la curiosité de fans de la première heure, qui y jetteront un œil prudent mais nostalgique.
La nostalgie, meilleure amie du marketing
C’est là que les reboots trouvent leur source la plus lucrative : dans nos tendres souvenirs. On le sait, la nostalgie fait vendre (coucou l’émission spéciale consacrée à Friends) ! Et dans les reboots, les clins d’œils appuyés se multiplient, avec du fan service à gogo et des têtes connues à chaque coin de rue.
Ce pouvoir de la mémoire a notamment été étudié par le chercheur américain en études culturelles Ryan Lizardi. Il a ainsi remarqué que les trailers mais aussi les publicités intègrent souvent des personnages célèbres ou des chansons cultes pour titiller les souvenirs des spectateurs. Le but : nous transporter dans des instants de romance, de confort ou d’émerveillement vécus dans notre passé pour nous connecter émotionnellement à ce que l’on regarde.
Tous les reboots de séries sont-ils à jeter ?
Alors, doit-on brûler tous les reboots sur le bûcher pour autant ? Eh bien non, pas tout à fait. Au fil des années, quelques belles surprises ont vu le jour : Battlestar Galactica au début des années 2000, la réinterprétation de The Twilight Zone par Jordan Peele (Get Out, Us), la troisième saison dingo de Twin Peaks : The Return... Même Le Prince de Bel-Air reviendra bientôt, mais surprise, vous pourrez adieu la comédie fun des années 1990 et bonjour au drame version The Wire.
Globalement, la réussite d’un reboot dépend justement de son parti pris : on prend les mêmes et on recommence, ou nouveau look pour une nouvelle vie ?
Le reboot de Gossip Girl, qui suit une nouvelle génération de lycéens connectés à Instagram et Snapchat, a choisi la seconde option et affiche l’ambition de réparer quelques torts de la série originale. Exit les relations toxiques glamourisées (Blair et Chuck, on vous voit) et le casting entièrement blanc : les adolescents de 2021 sont racisés, queer et engagés.
Problème : dans ce cas, que reste-t-il de l’oeuvre originale ? On pourrait très bien nommer la série Chroniques de gosses de riches à l’ère des réseaux sociaux, et le résultat serait a priori le même… Mais attirerait moins de monde.
Citons pour finir une personne très concernée par le sujet, à savoir l’acteur Jason Behr, éternel Max Evans de la série Roswell et qui est apparu dans son reboot, Roswell : New Mexico, diffusé sur The CW depuis 2019. Comme il l’a expliqué à nos collègues de Ouest-France, pour lui, les reboots ne sont pas si néfastes :
« Je pense que les histoires sont faites pour être racontées à nouveau. Les histoires ont toujours été redites pour continuer à exister. Imaginez que Shakespeare ait dit : “Il n’y aura qu’un Hamlet”, ou Romeo, ou Lear. Je pense qu’il est important d’avoir différentes versions des choses, car ça rend les histoires encore plus riches. »
Gossip Girl
n’est pas Hamlet, mais se réinvente malgré tout ce 8 juillet. L’avenir de ces gosses de riches nous dira si ce reboot était une si bonne idée que ça !
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