Si Le Diable s’habille en Prada est l’un de vos films préférés (on l’adore aussi, mais il est un poil daté), ne bougez pas, on vous a trouvé une héritière à savourer, un Spritz dans une main, un gloss dans l’autre.
Créée par Jordon Nardino (qui a bossé sur Desperate Housewives ou Gilmore Girls), Glamorous suit en dix épisodes les aventures de Marco Meija (Miss Benny), jeune queer au genre variant et aspirant influenceur passionné par le maquillage, qu’il qualifie de “thérapie en tube”. Sa carrière décolle quand il décroche son dream job comme assistant de Madolyn Addison (Kim Cattrall). Cette ancienne mannequin a lancé sa marque de maquillage de luxe avec succès, et cherche à la dépoussiérer. Armé de sa fraîcheur et ses bonnes idées, Marco va lui redonner envie de prendre des risques.
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De Miranda à Madolyn
Madolyn Addison se présente comme une version 2023 de l’archétype de la papesse de la mode et de la beauté, créé avec le personnage de Miranda Priestly (Meryl Streep) dans Le Diable s’habille en Prada. Elle respire la confiance en elle et ne connaît pas le fashion faux pas. Si elle reste crainte et admirée, Madolyn a plus à voir avec Jacqueline Carlyle (Melora Hardin), la mentor bienveillante de The Bold Type.
Elle n’est jamais méprisante, apprend de ses erreurs et prête une oreille attentive à tout le monde, de son fils et bras droit Chad, à sa première assistante, l’ambitieuse Venetia, en passant par son fidèle chauffeur et confident, Teddy (Ricardo Antonio Chavira, aka Carlos Solis dans Desperate). C’est un régal de retrouver Kim Cattrall dans un rôle d’icône fashion et alliée LGBTQ+, assez proche de sa véritable personnalité. Elle est l’une des attractions majeures de Glamorous, mais ne vole jamais la vedette à Marco, incarné par l’irrésistible Miss Benny.
Apparue dans Love, Victor ou American Horror Stories, l’actrice trans et influenceuse YouTube brille de mille feux dans ce rôle taillé sur-mesure pour son talent. Aussi lumineux soit-il, Marco peut aussi nous taper sur les nerfs, car il ne prend pas toujours les bonnes décisions et peut blesser des proches au passage.
Mais c’est aussi ce qui en fait un personnage humain. Marco n’est pas angélisé et ses choix les plus douteux restent compréhensibles. On adore aussi sa relation avec sa mère. Incarnée par l’attachante Diana-Maria Riva (Dead to me), Julia comprend qu’elle doit laisser son enfant voler de ses propres ailes, malgré ses angoisses maternelles. La série explore aussi la relation entre Madolyn et son fils Chad (Zane Phillips), ce dernier cherchant coûte que coûte son approbation.
Queer et fièr·es de l’être !
L’atout maître de Glamorous, c’est sa queerness, qu’elle porte fièrement en bandoulière, à travers ses nombreux personnages LGBTQ+ (Marco, Chad, Venetia, Ben, Britt…) ou ses dialogues piquants (“I’m a twink on prep, I can do anything !”, la traduction française perd un peu en piquant, mais ça donne ceci : “Je suis un minet sous Prep, je peux tout faire !”). Chaque épisode contient son lot de répliques tordantes comme Chad, qui voit l’arrivée de Marco d’un mauvais œil et lance : “He’s gonna « Yass queen » us into bankruptcy !” (“Il va nous mettre en faillite à coup de “yass queen” !).
Parker, le love interest de Marco, est un homme gay au corps musclé parfait, qui bosse dans la finance et peut passer pour un hétéro. Et il aimerait bien que Marco police sa façon de se présenter et laisse tomber maquillage et talons quand la situation le met mal à l’aise. Glamorous s’attaque ainsi aux préjugés et à l’homophobie intériorisée qui règnent au sein de la communauté gay. Attention, spoilers ! Le final s’achève sur le coming-out trans de Marco (Miss Benny a également effectué le sien ce mois-ci). La série développe également une romance sapphique entre deux femmes noires, Venetia (Jade Payton), bisexuelle, et Britt (Ayesha Harris), lesbienne. Ce n’est pas tous les jours qu’une série couvre quasiment tout le spectre LGBTQ+ !
La série évoque également le pinkwashing, soit la récupération de la cause LGBTQ+ par les marques, qui atteint son pic durant le mois des fiertés. Alors qu’elle se lance dans la production d’une palette spéciale Pride, Madolyn prend le temps de réfléchir à son rôle d’alliée LGBTQ+ et lance une campagne plus engagée que prévu.
Trahisons amoureuses ou professionnelles, menaces de rachat, coups de cœur et soirées endiablées… Glamorous ne brille pas par l’originalité de ses arcs narratifs, mais bien par son supplément d’âme et par le soin apporté à l’écriture de ses protagonistes. Elle prouve qu’il est possible de concocter un soap à la fois fun et bienveillant. Et c’est exactement ce dont on a besoin cet été !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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