Son entrée au Panthéon sonnait comme une évidence. Et pourtant, il semblerait qu’elle soit désormais incertaine : selon France Inter, Emmanuel Macron aurait des réserves quant à la panthéonisation de l’avocate féministe Gisèle Halimi.
Décédée le 28 juillet 2020, elle aura porté de nombreux combats majeurs pour les droits des femmes au cours du 20e siècle : accès à l’IVG, reconnaissance du viol comme d’un crime, mais aussi opposition à la guerre d’Algérie.
Car c’est justement cet engagement contre la colonisation qui pourrait freiner sa mise à l’honneur dans le célèbre monument qui rassemble les dépouilles de ceux et celles (surtout ceux, avouons-le) qui ont marqué l’histoire de la France.
Gisèle Halimi a dénoncé les tortures de l’armée française en Algérie, elle a soutenu des militants du FLN, elle a défendu Djamila Boupacha, jeune Algérienne accusée d’avoir préparé un attentat, torturée et condamnée à mort.
Cet engagement serait perçu comme trop clivant et pas assez fédérateur, et au lieu de confirmer que l’avocate et militante a toute sa place parmi les plus hautes figures de la France, va peut-être l’empêcher d’être honorée comme il se doit.
Une preuve, s’il en fallait encore une, que la France a toujours du mal à regarder en face les actions commises dans son passé colonial.
Combien de femmes au Panthéon ?
Pour le moment, seules cinq femmes
ont rejoint le Panthéon :
Sophie Berthelot, chimiste inhumée en 1907 pour ses « vertus conjugales » selon son éloge funèbre, puisque sa famille souhaitait ne pas la séparer de son époux.
Marie Curie, double prix Nobel de physique, puis de chimie, est donc la seconde à l’y rejoindre en 1995, mais est la première à y entrer pour son œuvre exceptionnelle et sa contribution exceptionnelle aux progrès scientifiques.
Les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz les rejoignent en 2015.
Enfin, Simone Veil y a fait son entrée en 2018, un an après sa mort.
Cinq femmes, pour pas moins de 80 hommes. C’est à se demander si les femmes n’ont fait que se tourner les pouces depuis des siècles… ou simplement que leurs engagements, leurs présences, leurs contributions sont quasi systématiquement amoindris, voire effacés…
D’autres hommages à Gisèle Halimi dans l’espace public
Si l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon n’est pas encore tranché, le Conseil de Paris a voté mi-avril en faveur d’une promenade Gisèle-Halimi, qui sera située en bord de Seine, au niveau du quai d’Orsay entre le pont des Invalides et le pont de l’Alma, dans le 7e arrondissement.
Une pétition a aussi été lancée pour qu’une rue d’Aix-en-Provence, là où s’est tenu en 1978 le procès des violeurs d’Anne Longuet et Araceli Castellano, défendues par Gisèle Halimi, et qui a permis de faire reconnaitre le viol comme un crime et non comme un délit.
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Les Commentaires
On a eu une sorte d'exemple en Belgique y'a pas longtemps : Bruxelles a voulu renommer le tunnel Léopold II (rapport au fait que la colonisation, bon) et a fait une consultation populaire. Parmi les noms proposés, celui de Semira Adamu a été hyper fort plébiscité (c'est une demandeuse d'asile décédée lors de son expulsion). Le miracle aurait pu avoir lieu, mais hop, le gouvernement a rajouté le nom d'Annie Cordy pour faire bonne figure et in fine, le tunnel a été renommé tunnel Annie Cordy
Et donc voilà un bel acte sans aucune répercussion si ce n'est celui de se gargariser. Je dis pas qu'on doit toujours vivre dans une société qui s'oppose, mais la remise en question et le débat public, ça fait quand même plus avancer le schmil-blick que quand on est tous d'accord et qu'on se donne des p'tites tapes dans le dos (même si c'est chouette et que ça fait du bien aussi).