Bon, en gros, ça commence souvent comme ça : une première personne rencontre une autre. Les deux ont une relation plus ou moins longue. Et un jour, sans raison apparente, l’une des deux arrête de répondre à l’autre. Comme ça, pour toujours.
Cette pratique s’appelle le ghosting. C’est vraiment pas top et pourtant, toutes les personnes à qui j’en ai parlé m’ont dit avoir un jour été victime de ce phénomène.
Alors je me suis demandé : pourquoi certaines personnes ghostent ? Que ressentent les victimes du ghosting ? Et surtout, quelles sont les solutions alternatives ?
Ghoster… Parce que ça ne semble pas bien grave
Il y a plusieurs niveau de ghosting, mais le plus courant reste quand deux personnes viennent de se rencontrer et que finalement, la magie n’opère pas entre elles.
Zoé m’explique alors ne pas ressentir la nécessité de donner une véritable explication à l’autre.
« D’ailleurs, je n’ai pas toujours une explication précise en tête sur la raison pour laquelle je n’ai plus envie de continuer. Pour moi, donner une explication rend le truc hyper formel et dramatique là ou à la base c’est souvent juste un truc d’un soir. »
Une amie m’a expliqué que selon elle, ça fait partie des codes des sites de rencontre : quand tu vois quelqu’un et que tu ne passes pas un bon moment, tu n’aurais pas à le/la prévenir que tu ne souhaites pas donner de suite. Même si l’autre t’envoie un message.
Ma pote, cette personne bourrée d’empathie.
Ce genre de comportement dans cette situation peut sembler anecdotique. Mais soyons honnêtes deux secondes : quand il ne s’agit pas d’une courte rencontre mais bel et bien d’une véritable relation, qu’elle soit amicale, amoureuse ou même familiale, ça picote bien plus.
Pourquoi ghoster quelqu’un avec qui l’histoire a été plus longue ?
Car dans les cas de relations plus longues, le ghosting peut devenir extrêmement douloureux. Alors pourquoi passer par là ?
Annie me raconte qu’après des années d’amitié avec une fille, elle a réalisé que cette relation lui pesait plus qu’autre chose. Elle se sentait descendue en permanence.
« Ne sachant pas quoi faire d’autre, j’ai un jour décidé d’arrêter de répondre à ses sollicitations. Pendant plusieurs mois, elle a continué à m’envoyer des messages et, à chaque fois, je culpabilisais encore plus de ne rien répondre.
Mais je ne savais pas quoi faire, je me disais qu’elle finirait par se lasser et que ça serait moins douloureux pour elle que de recevoir un message disant qu’elle me saoulait.
En fait, je crois que j’ai fait ça par maladresse. À ce moment-là, je ne savais pas qu’on pouvait « rompre » avec un•e ami•e, je n’avais jamais entendu parler de cas comme ça. Je ne savais pas faire, alors j’ai fait ça.
Aujourd’hui, je lui en parlerait cash plutôt que de la laisser dans le doute pendant des mois. Je m’en veux, je sais à quel point ça peut faire du mal… »
D’autres m’ont également raconté cette sensation de s’en vouloir terriblement. Et une excuse revient toujours : celle de ne pas avoir su comment réagir autrement à cette situation.
Ce que ressentent les personnes ghostées
En face des personnes qui arrêtent du jour au lendemain de donner des nouvelles, il y a les autres, les victimes de ce comportement. Certaines me racontent ne pas avoir été touchées plus que ça par des gens qui, peu après leur rencontre, ont arrêté de répondre.
Pas très touchées, mais quand même un peu vexées.
D’autres, comme Kate, sont beaucoup plus marquées par ces histoires. Il faut dire que dans son cas, c’est son premier copain qui a voulu la larguer comme ça. Elle s’est énormément inquiétée, s’imaginant les pires scénarios.
« Je me suis sentie vraiment mal, je crois que c’est la pire rupture de ma vie alors que j’ai eu des relations bien plus longues et importantes depuis.
J’ai eu l’impression que le mec me méprisait tellement qu’il supportait plus l’idée d’avoir quoi que ce soit à voir avec moi. Je me suis sentie comme un énorme boulet stupide d’avoir cru qu’il lui était arrivé quelque chose.
Je repensais à toutes les fois où je lui avais envoyé un message à ce moment-là sans réaliser que c’était du ghosting et je l’imaginais se dire « oh non pas elle », c’était très blessant. »
Pamela s’est elle aussi fait quitter par un mec qui a juste arrêté de donner des nouvelles du jour au lendemain. Elle raconte les conséquences de cet acte.
« Malgré les années qui sont passées, c’est quelque chose qui m’a beaucoup marquée et qui continue d’orienter mes relations sociales et amoureuses.
J’ai une peur panique de l’abandon et j’ai l’impression que même si quelqu’un a l’air de m’apprécier, il peut me laisser tomber du jour au lendemain. Donc dès que je m’attache vraiment à quelqu’un (amicalement ou plus), je tends à paniquer ! »
Le discours est finalement toujours le même : les personnes qui ont témoigné auraient toutes préféré que l’autre soit honnête. Ça aurait toujours été un mauvais moment à passer, mais ça les aurait aidées à passer à autre chose plus rapidement.
Quelles alternatives au ghosting ?
Je pense qu’à ce stade de l’article, vous avez pigé que ghoster, c’est mal. Sauf que, retournement de situation, la plupart des personnes qui témoignent en tant que victime m’ont avouées avoir elles-même ghosté des gens dans leur vie. Et elles ne culpabilisaient pas plus que ça.
Alors le mieux reste de rappeler de communiquer : dites honnêtement que vous ne souhaitez plus garder contact avec l’autre. Je sais que ça peut sembler dur, mais en même temps, c’est le cas, non ?
Il ne sert à rien de se planquer dans une situation qui vous ferait culpabiliser et encore plus souffrir l’autre. Même si, de votre point de vue, ça ne vous semble pas si grave. On ne peut pas deviner ce que l’autre va ressentir.
Alors bien entendu, il y a l’art et la manière de le faire. Quand la relation est longue, il vaut mieux se voir en face, ou par Skype si vous êtes à distance. Dans le cas d’une relation encore récente, un texto poli peut faire l’affaire.
Zoé le dit bien :
« C’est peut-être un mauvais moment à vivre mais ça aide à passer à autre chose. »
Car ghoster, c’est comme enlever très très lentement un pansement. On peut croire au début que c’est une bonne idée, mais ce n’est en fait pas du tout le cas. Il vaut mieux pour tout le monde dire la vérité pour s’en remettre plus rapidement.
— Tous les prénoms ont été modifiés.
À lire aussi : Comment (et pourquoi) ghoster quelqu’un ?
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Les Commentaires
Perso, j'ai ghosté deux ex et un plan cul régulier. Parce que, malgré avoir rompu de manière nette avec eux en face à face et s'étant mis d'accord pour rester amis, ils pensaient que c'était quand même open bar niveau sexe avec moi tant que je m'étais pas recasée avec quelqu'un Donc la meilleure façon de leur faire comprendre que je n'étais plus intéressée, c'était de les ignorer, parce que j'avais l'impression que mes messages ou mes gestes amicaux étaient toujours mal interprétés (ou plutôt interprétés de la manière dont ils voulaient).
Alors, c'est un peu triste, mais j'ai quand même vécu des situations assez extrêmes avec mon premier ex (harcèlement, manipulation, chantage au suicide, agressions sexuelles...), que je n'ai pas du tout eu de scrupules à ghoster les suivants.