L’art et la mode sont un peu copains comme cochons. Quand ce n’est pas la sculptrice Sylvie Fleury qui reproduit un sac Chanel géant, c’est Yves Saint-Laurent qui pique les motifs des peintures de Mondrian pour en faire une robe.
Bref, l’un et l’autre ne font que s’influencer, et certaines langues particulièrement élogieuses racontent même que les créateurs de Haute-Couture sont des artistes modernes. Sauf qu’au lieu de fourrer leurs mains dans la glaise, ils les mettent dans le tissu.
La frontière entre un styliste et un artiste ne tient donc qu’à un fil de couture. On colle les fringues dans les musées au même titre qu’un tableau de Rembrandt, et certains couturiers se lancent même dans des installations qui n’ont plus grand chose à voir avec un défilé.
Bref, la mode c’est commode, et l’art contemporain, c’est bien. Surtout qu’aujourd’hui, tout le monde peut y aller de sa papatte pour tenter de devenir un artiste au même titre que le héros principal de Starmania.
Du coup, tu peux toi aussi devenir une oeuvre d’art au quotidien. Pour cela, il suffit de copier discrètement ce que font les autres. Petite visite guidée du style.
Roy Lichtenstein
Dans le domaine du Pop Art, il n’y pas que les Marilyn sérigraphiées d’Andy Warhol qui ont une physionomie à devenir un t-shirt. De Roy Lichtenstein, tu connais sûrement les immenses reproductions de cases de bandes dessinées.
Dans les années 1960, ce peintre américain bosse beaucoup à partir de comics : il les reproduit en utilisant des couleurs basiques (rouge-bleu-jaune) et les « ben day », ces trames d’impression mécanique.
Sauf que Roy Lichtenstein est un badass qui fait tout à la main à la peinture et réalise les pointillés avec des grilles perforées. Son but, c’est d’obtenir une image presque aussi lisse que celle de la publicité et que les fesses d’un bébé.
Dans la bande dessinée, il kiffe particulièrement les effets de dynamisme des scènes violentes. Ici « Whaam! » (1963) est une adaptation du comic-book All American Men of War.
Pour choper ce look hyper américanisé, à toi de miser sur les couleurs qui pètent et les graphismes de BD. En gros, le concept, c’est de faire beaucoup de bruit visuellement et d’être un peu agressive pour les mirettes.
Et si jamais tu veux pousser le délire jusqu’au bout du pinceau, tu peux toujours attraper la varicelle pour avoir une peau tramée en rouge et blanc.
Veste en jean sans manches Jennyfer, 35,99€ – Jupe courte rétro H&M, 17,95€ – Legging rayé New Look, 14,99€ – Sandales combinées Zara, 29,99€ – Bague Pow! Forever 21, 3,90€ – T-shirt blanc Pimkie, 12,99€ – Boucles d’oreille Forever 21, 3,90€ – Débardeur noir Pimkie, 12,99€.
François Morellet
Le néon et le hasard, ce sont un peu les deux amours de François Morellet. Depuis le début des années 1960, cet artiste français fait mumuse avec l’espace et la géométrie pour créer des sculptures abstraites.
Il pense toutes ses œuvres « in situ », c’est-à-dire par rapport au cadre d’un lieu particulier. Il est aussi un des fondateurs du GRAV, le groupe de recherche d’art visuel, dont le kif est de faire des recherche sur le mouvement, le volume et la structure, en utilisant des matériaux contemporains, comme les tubes de néon bleu.
François Morellet les accroche, les superpose, ou anime leur reflet dans l’eau, et paf, ce mouvement devient ce qu’on appelle l’art cinétique. Dans « L’Avalanche » (1996), l’artiste suspend ses néons par des fils de nylon, pour qu’ils aient l’air de s’éparpiller dans un joyeux bazar comme des stalactites qui se seraient cassé la figure.
Pour adopter le style Morellet, je t’aurais bien conseillé une robe électroluminescente, mais je crains qu’il ne faille avoir le portefeuille de Manu Chao et le compte en banque de Louise Attaque pour se procurer ce vêtement brillant.
Du coup, je te propose de te rattraper sur les effets de matières, avec des fringues bleu vif ou irisé mixées avec du noir, histoire de te rendre lumineuse.
Pochette zippée New Look, 14,99€ – Sandales Cerama San Marina, 35,96€ – Chemisier portefeuille Zara, 22,99€ – Robe à franges Topshop, 98€ – Ombre à paupières Kiko, 5,90€ – Jupe noire longue zippée New Look, 54,99€ – Blouson Bershka, 14,99€.
Annette Messager
Dans la famille des nostalgiques, je voudrais Annette Messager. Cette artiste plasticienne française est une spécialiste des installations qui ressemblent à des collections, à base de peluches, d’animaux, de photos…
Son truc à elle (et pas en plumes), c’est la « mythologie individuelle », c’est-à-dire que sa source d’inspiration est l’« affectif » et donc les souvenirs de sa propre existence. Mais attention, son univers n’est souvent pas très jouasse.
Annette Messager s’intéresse aussi à la condition féminine, qu’elle critique souvent à travers ses œuvres. Dans « Mes vœux » (1989), elle accumule des photographies argentiques en mode kaléidoscope, comme pour essayer de reconstituer un corps. Tu peux donc voir des gros plans de bouche, de genou, de pieds ou encore de zboub. La forme de disque de ce petit bordel s’appelle un tondo et vient de la Renaissance.
Pour ressembler à une œuvre d’Annette Messager, pas besoin de te mettre à poil et de faire des duckfaces devant la caméra. Au premier degré, tu peux investir à mort dans les fringues noires et blanches et les imprimés photographiques.
Les vêtements qui tirent vers le gris ou le noir un peu délavé sont nickels pour donner un aspect vintage, et les accessoires avec du fil gèrent le côté artisanal.
Ballerines en cuir Zara, 29,99€ – Legging H&M, 12,95€ – Collier à franges Stradivarius, 3,99€ – Robe en mousseline H&M, 29,95€ – Jupe effet délavé New Look, 19,99€ – Boucles d’oreille pics Bershka, 6,99€ – T-shirt photo Bershka, 14,99€ – Débardeur Polaroid Forever 21, 12,75€.
Lionel Estève
Le petit jeune de la sélection est né en 1967, et il est plutôt du genre délicat. Lionel Estève fait de la sculpture fragile, qui se met en mouvement avec légèreté, un peu comme un papillon de lumière mais avec plus de grâce que Cindy Sander.
Il kiffe aussi confronter les couleurs entre elles, pour créer des effets qui font de la magie dans tes yeux aussi bien que la fête foraine. L’œuvre ci-dessus a le même blaze que la chanson d’Abba, « Dancing Queen » (2009). Elle a aussi clairement le même but : te donner la pêche et la banane.
Elle est presque 100% plastique, puisque Lionel Estève a utilisé du polyphane, de la peinture et des pastilles autocollantes pour créer une sorte de nuancier vitaminé. Celui-ci rappelle aussi les flip-books, ces mini-bouquins sur lesquels un dessin s’anime quand tu les feuillettes hyper rapidement.
Pour te fringuer à la façon de Lionel Estève, il faut mettre le paquet sur les couleurs acidulées et jouer le contraste entre des vêtements fluides et raides. Un peu comme si ta tenue de plage avait rencontré un écran d’ordi plein de pixels et qu’ils avaient fait des bébés ensemble.
Pour éviter de ressembler à un paquet de Dragibus géant, tu peux mixer tout ça avec des nuances plus pâlichonnes ou des blancs colorés.
Débardeur fluo Pimkie, 8,99€ – Jupe fleurie New Look, 12,50€ – Lunettes Claires, 9,95€ – Legging motif pixel Topshop, 26€ – Chemise tie and dye Jennyfer, 10€ – Tennis Berhska, 27,99€ – Lot de bracelets H&M, 6,95€ – Jupe longue Forever 21, 21,75€.
Alors, prête à concurrence la Joconde même si ton sourire pas vraiment mystérieux est signé Freedent ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Voilà, désolée, mais ça me démangeait