J’avais beau clamer au monde mon envie d’avoir le nouvel album des White Stripes (on sait jamais, des fois qu’une âme charitable me l’offrirait, hin hin), au fond j’avais peur d’être déçue. Peur que les deux White ne sortent un disque qui radote, un peu de bave au coin des lèvres et un plaid sur les genoux. Après tout, ces chose-là arrivent. Et puis je n’étais pas vraiment rassurée par Blue Orchid, le premier single extrait de l’album. Tu me diras keua ? kess tu lui reproches, à ce single ?. Ben rien. Sauf que moi, je suis de nature pessimiste. Par conséquent, je me suis juste dit Ouais. C’est super, ouais. Mais attendons le reste pour juger.
Des semaines après sa sortie, j’ai enfin acheté Get Behind Me Satan et exorcisé mes peurs (notons cette subtile métaphore, mes amies). Comment te dire… A deux cerveaux, quatre mains et quatre pieds – et pas mal de cheveux, mais je doute que ça influence leur musique -, les White Stripes ont réussi à pondre encore un objet unique et pourtant fidèle à leur style. C’est-à-dire une lame de rock aiguisée juste ce qu’il faut, et un arsenal de matraques prêtes à te tomber sur le coin de la tronche. Mais toujours, sur une chorégraphie plus gracieuse qu’un patineur en collants. Pour résumer, à la fois brut et ciselé (faut que j’arrête avec mes comparaisons merdiques, désolée).
L’album s’ouvre sur Blue Orchid, cette petite bombe d’énergie qu’on a tous entendu au moins une fois. On s’attend à ce que suive un titre du même acabit, mais non : avec The Nurse, la surprise t’attend au coin de la piste. La chanson commence délicatement par un fond de maracas discrets et de percussions caraïbéennes (des steel drums, quoi). On imagine bien Jack White en chemise bariolée, un collier de fleurs autour du cou, en train de servir un cocktail aux auditeurs (pardon, les clichés ont la vie dure). Sauf qu’à peine quelques pas franchis, Meg lui fait un violent croche-patte de batterie, pendant qu’un éclair de guitare éléctrique s’amuse à le poignarder dans le dos à intervalles réguliers. Forcément, le gars n’apprécie point. Alors ça s’accélère, les maracas s’excitent, le piano aussi, Meg tape de plus en plus sur sa batterie et les percus caraïbéennes rient de bon cœur derrière. C’est bizarre et c’est bon. A la fois rigolo et puissant.
Le reste de l’album est tout aussi surprenant. Comme souvent chez les White Stripes, il y a dans la popote du blues, un peu de country et de bluegrass mais aussi… Une espèce de disco revisité. Le résultat est une succession de pépites : My Doorbell, Forever Her, The Denial Twist ou encore Passive Manipulation, 35 secondes de transition pendant lesquelles Meg délivre ce conseil de son étrange voix de somnambule : Women, Listen to your Mothers, don’t just succomb to the wishes of your brothers, take a step back, take a look at one another, you need to know the difference between a father and a lover.
L’ensemble est un joyeux mélange, à la fois inattendu et fidèle au style du duo. Un mélange instable, prêt à exploser d’une minute à l’autre pour nous réveiller un peu. Dans le fond, les White Stripes me font un peu penser aux sales gosses de mon quartier, ceux qui s’amusent régulièrement à arroser la rue de pétards : on sait qu’ils préparent un coup, pourtant quand ça pète, on frôle la crise cardiaque. Et pendant qu’on se demande comment on a pu encore se faire surprendre à ce point, eux, ils détalent en ricanant… Leur prochain plan machiavélique déjà en tête.
Le site officiel des White Stripes
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