La nouvelle a déjà été reprise par les médias du monde entier, c’est dire si le symbole est fort. Gérard Depardieu, incarnation à lui tout seul du cinéma français, la grande gueule, le bon vivant, a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles.
Une plainte a été déposée pour des faits qui se seraient déroulés en août 2018 au domicile de l’acteur dans le cadre d’une répétition. Peu d’informations ont été révélées sur la plaignante, il s’agit d’une comédienne âgée d’une vingtaine d’années.
L’affaire avait été classée sans suite en juin 2019, après enquête et confrontation, avant d’être relancée à l’été 2020. « Ma cliente n’est rien ni personne et elle s’attaque à un monstre sacré », avait déclaré l’avocate Élodie Tuaillon-Hibon.
L’avocat de Gérard Depardieu a fait savoir que celui-ci conteste les faits qui lui sont reprochés. Mais difficile de ne pas rappeler que l’acteur a un certain historique dans son rapport aux femmes. Ce ne sont pas des indices, des ouï-dire, des rumeurs qui circulent depuis des années. Ce sont des propos tenus par le principal intéressé et qui montrent un personnage violemment sexiste et un ardent défenseur de la banalisation du viol.
Culture du viol et banalisation des agressions
La militante féministe Caroline de Haas a sorti du placard à archives l’extrait d’une bande dessinée de Mathieu Sapin, dans laquelle l’auteur raconte son périple aux côtés de l’acteur.
La scène montre Gérard Depardieu se vanter d’avoir agressé sexuellement l’organisatrice d’un événement culturel auquel il est invité en Azerbaïdjan. Le tout raconté sur un ton badin, comme si tout était absolument normal :
Ce sont aussi des propos attribués à Gérard Depardieu qui ressortent, propos qui avaient fait scandale outre-Atlantique, en 1991, mais qui en France avait dressé la classe politique et les médias comme un seul homme, révoltés contre ce puritanisme américain qui musèle la liberté de nos artistes bien de chez nous.
Dans une interview, Gérard Depardieu avait évoqué sa participation à un viol en tant que mineur avant de les qualifier de tout à fait normaux au vu de l’époque. Il était par la suite revenu sur ses propos.
Mais ce qui interpelle, c’est le traitement médiatique de cette information en France : pas touche à Gérard Depardieu ! En témoigne cet extrait du JT de 20 Heures où l’on évoque l’affaire comme s’il s’agissait un complot des féministes et d’Hollywood contre notre Gégé national pour lui faire perdre l’Oscar du meilleur acteur pour Cyrano de Bergerac (qu’il n’a d’ailleurs pas décroché à l’époque) :
Depardieu, la violence perpétuelle envers les femmes
On notera aussi les sorties misogynes, car Gérard Depardieu A-DORE insulter les femmes, surtout quand elles sont journalistes, car il DÉ-TESTE les journalistes. À celle qui en 2010 lui posait une question sur la dédicace à son fils Guillaume Derpardieu dans le film Mammuth, il répondait « Pourquoi tu veux que je t’en parle salope ? ».
Même traitement pour celle qui a eu le malheur de le questionner en 2013 sur sa proximité avec le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. Et puis c’est aussi des bons mots, comme lors d’une émission de France Inter de 2017 durant laquelle il se vantait d’avoir présenté « des gamines à des soldats américains ».
Ces excès de colère, tout comme ces anecdotes, continuent d’être présentées comme la marque de fabrique du personnage, l’artiste, le génie qui peut tout se permettre, même dans les excès. Et à force de tolérer des agissements comme une main aux fesses ou des insultes misogynes, à les présenter comme faisant partie du package, la société participe elle aussi à façonner le sentiment d’impunité de ces hommes puissants.
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Les Commentaires
Sauf qu’il aurait apparemment « assisté » et non « participé ».
+ il a vécu dans un milieu très pauvre et limite dans la rue très jeune donc tu peux avoir des circonstances, je pense.. surtout à 9 ans