On y croyait à peine, et pourtant ! Cinq ans de prison dont trois ferme, c’est la condamnation prononcée en appel à l’encontre de l’homme politique Georges Tron, accusé de viols et d’agressions sexuelles. La sentence est tombée ce mercredi 17 février dans la soirée, et s’accompagne d’une peine d’inéligibilité de six ans pour celui qui fut député et secrétaire d’État sous Nicolas Sarkozy.
Pour comprendre l’affaire Tron, il faut revenir en mai 2011. La France subit alors de plein fouet la déflagration causée par l’affaire DSK, qui agit comme un puissant révélateur du sexisme ambiant et de la tolérance envers les agresseurs sexuels.
Deux femmes, Virginie Ettel et Eva Loubrieux, portent plainte contre Georges Tron. Elles sont toutes les deux employées à la mairie de Draveil, ville de l’Essonne où il est élu maire depuis 1995 (dites-vous aussi qu’il l’est toujours, puisqu’il a été réélu en 2020). Elles évoquent des attouchements et des faits de harcèlement sexuel commis entre 2009 et 2010, accusant aussi son adjointe à la culture, Brigitte Gruel.
Georges Tron avait alors rapidement démissionné de son poste au gouvernement, avait d’être mis en examen en juin 2011. Longtemps, l’élu s’est réfugié derrière sa passion pour la réflexologie plantaire pour justifier sa tendance à vouloir toucher et masser ses employées dans le cadre du travail.
En 2017, un reportage d’Envoyé Spécial avait suivi Virginie Ettel et montrait leur douloureux combat devant la justice, mais aussi l’emprise de l’élu dans sa municipalité :
Un premier procès emblématique de la remise en question de la parole des victimes
Notons que lors du procès qui s’est tenu en 2018, l’accusé avait été notamment défendu par…
Eric Dupont-Moretti, très médiatique ténor du barreau devenu en 2020 garde des Sceaux, ce qui avait à l’époque (et encore aujourd’hui) fait s’étrangler les associations féministes. C’est lui qui avait à l’époque qualifié les deux plaignantes d’« incohérentes » et de « manipulatrices ». Vous en voulez encore ?
Devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, la plaidoirie, bourrée d’agressivité, regorgeait d’autres pépites du genre visant très nettement à décrédibiliser la parole des victimes : « Il y a des hommes prédateurs, peut-être, mais aussi des femmes qui sont attirées par le pouvoir, qui aiment ça », avait proféré Éric Dupont-Moretti.
On appréciera aussi la violence de ces mots adressés dans le cadre de sa plaidoirie en direction des plaignantes. « Moi, je vous sauterais à la gorge. » Rien que ça. Et après on se demande pourquoi tant de femmes ont du mal à faire confiance au système judiciaire. Georges Tron avait alors été acquitté.
Un verdict en demie-teinte
Cette semaine, la cour d’appel n’a finalement reconnu qu’une seules des accusatrices de Georges Tron, Virginie Ettel. Le maire de Draveil n’a pas été reconnu coupable concernant les accusations portées par Eva Loubrieux, ce qu’a notamment déploré l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, qui les a accompagnées tout au long de la procédure.
C’est donc avec un certain soulagement que ce verdict, encore inespéré il y a quelques années, a été accueilli du côté des associations féministes et des personnalités engagées contre les violences sexuelles et l’impunité des agresseurs.
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