Génération X est l’un des romans à succès de Douglas Coupland. Et ce qui fait ce succès, c’est notamment cette capacité à écrire des mots, des phrases qui nous touchent, qui renvoient quelque chose.
La génération X, Dag, Claire, et Andy (la voix de l’histoire) en font parties. Ni riches, ni pauvres, bien éduqués, bien intégrés, et pourtant, ils se retrouvent tous les trois à Palm Springs, perdus dans le désert Californien, entre cliniques de chirurgie esthétique pour personnes en quête de jeunesse et statues de dinosaures visitées par des touristes japonais.
Dag a quitté son travail dans le marketing et tout le décorum qui va avec, de peur de voir sa vie réglée par des "objets". Finis les costumes et les voitures branchées, puisqu’à Palm Springs, Dag est barman. Claire, elle, a quitté sa famille, ses nombreux frères et soeurs, demi-frères et demi-soeurs, son père et ses diverses épouses, cette atmosphère, cette famille étouffante dans laquelle elle ne se reconnaissait pas. Et il y a Andy, qui lui aussi est parti, et a laissé derrière une carrière qui s’avérait prometteuse, pour devenir barman avec Dag.
Ils font partis de cette génération qui se cherche dans un monde qui semble avoir été épuisé par les baby-boomers. Ils ont tout pris, tout vécu. Alors Dag, Claire et Andy se retranchent dans leurs bungalows, la tête remplie de slogans de pubs et de peurs. La vie s’écoule au gré de pique-niques et d’histoires racontées. Qui n’a jamais rêvé d’avoir une vie de roman ? Eux romancent la leur et se la raconte, un subtil mélange de réalité et de fiction. Ils ne sont pas aigris, ils analysent cette société et ses travers, la décortique avec goût et ce qu’il faut de cynisme, c’est coloré et piquant.
Certes, Douglas Coupland nous raconte une génération née entre 1960 et 1970, mais qu’importe, on s’identifie, on se rend compte que malgré les années de différences, la quête de la vie est la même. Cette nostalgie de l’enfance où les questions n’existaient pas, étaient différentes, cette envie de tout vivre, à fond. Pas des morceaux d’histoires mais une complète, pleine et avec de multiples rebondissements. Dag, Claire et Andy ne sont pas des héros. Du futur, ils en ont peur. Ils ne se projettent pas, mais laissent le temps venir, ils courbent le dos pour amortir le choc.
Et l’histoire continue en dehors des lignes. Au fil des pages, on découvre, dans les marges, des slogans, des pubs et des définitions qui nous plongent dans l’univers décalé des personnages. Mais aussi dans l’univers de Douglas Coupland, toujours teinté de ce petit quelque chose de grave, d’appréhension, sur fond de fin du monde possible.
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