Peut-être as-tu déjà vu en soirée des gens inhaler le contenu des petites capsules en aluminium qui servent normalement à faire de la chantilly ?
Ce « gaz hilarant » provoque une sensation d’ivresse, des hallucinations et un état de flottement qui paraît sans conséquences… pourtant, ses effets sont néfastes pour la santé.
Depuis quelques temps, les capsules de protoxyde d’azote se retrouvent entre toutes les mains – des collégiens, des lycéennes, des étudiants et des jeunes actives – et c’est loin d’être une bonne nouvelle pour l’état de nos cerveaux.
Dans un rapport publié en juin 2020, l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (l’Anses) a tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la consommation du protoxyde d’azote, qui était jusque là plutôt réservé aux milieux de la fête alternative.
C’est quoi le proto (gaz hilarant) ?
Le gaz hilarant ou « proto » désigne en fait le protoxyde d’azote, un gaz d’usage courant qui est fréquemment utilisé dans les siphons à chantilly, pour gonfler des ballons ou pour les aérosols d’air sec.
Il est pour le moment en vente libre dans le commerce, sans aucune restriction et à très bas prix. C’est aujourd’hui un produit « licite » : contrairement au cannabis son usage n’est pas interdit ni sanctionné.
Le gaz est souvent transféré dans un ballon de baudruche avant d’être inhalé. Il modifie la voix de la personne qui en consomme et crée une sensation d’enivrement qui dure 2 à 3 minutes.
Le fait que ce soit si bref provoque souvent un effet d’entraînement qui peut amener à consommer des dizaines de cartouches en une soirée, et c’est cette surconsommation qui est particulièrement dangereuse.
Dans les cas les plus graves qui se présentent chez le médecin ou aux urgences, pendant plusieurs jours les personnes sont désorientées, peuvent avoir des nausées et vomissements, des maux de têtes, des crampes abdominales, des bourdonnements, des fourmillements ou même une faiblesse musculaire…
Le gaz agit en fait directement sur le système biologique et nerveux, et il peut l’attaquer sévèrement si la consommation est régulière et/ou intense.
Quels sont les risques du proto ?
« Oui, bon, au pire je suis en gueule de bois pendant plusieurs jours, quoi… »
Détrompe-toi, ça peut aller plus loin !
Si l’Anses s’inquiète, c’est parce qu’avec l’utilisation du proto dans de nouvelles sphères et sans sensibilisation, les cas graves augmentent.
Entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2019, 66 cas d’intoxication ont été enregistrés, dont 46 en 2019. Les régions Hauts-de-France et Île-de-France sont particulièrement concernées.
Selon Drogues Info Service
, l’usage régulier entraîne notamment :
- Des pertes de mémoire
- Des troubles de l’érection
- Des troubles paranoïaques
- Des hallucinations visuelles
- Des troubles du rythme cardiaque
- Une baisse de la tension artérielle
Certains troubles sont réversibles à l’arrêt de la consommation, c’est-à-dire qu’ils peuvent être soignés sans conséquences.
Mais à forte dose, on observe des troubles neurologiques graves, une anémie caractérisée par une forte carence en vitamine B12, qui eux, peuvent être irréversibles, donc à vie.
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Loin de moi l’idée de te faire la morale ou de t’inquiéter outre mesure, mais comme tu le vois, les risques sont quand même importants pour une simple bouffée d’ivresse de quelques minutes.
La vente et la circulation libre du proto pourraient être amenées à changer bientôt. Selon Sciences et Avenir, une proposition de loi est déjà dans les tuyaux pour les réguler.
En décembre, après une alerte du ministère de la Santé et de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues), le Sénat a adopté une proposition de loi pour interdire la vente du « proto » aux mineurs.
Elle doit encore être débattue à l’Assemblée nationale. Certaines mairies ont pris les devants avec des arrêtés municipaux et en janvier, le Danemark est devenu le premier pays de l’Union européenne à mettre en place cette interdiction.
Ouvrons la discussion sur le proto
Comme pour d’autres addictions, le premier pas, c’est d’en parler. Auprès du service Drogues Info Service, par exemple : personne n’est là pour te juger.
Tu pourras trouver toutes les réponses à tes questions et des conseils pour te faire accompagner soit par tchat, soit par téléphone, auprès du service téléphonique gratuit et anonyme.
Ouvert 7 jours sur 7 de 8h à 2h 0800 23 13 13
Tu peux aussi commencer à ouvrir la discussion avec tes potes qui consomment en soirée, pour voir comment réduire les risques ensemble.
Enfin, si en consommant tu ressens des effets secondaires plus longs qu’un quart d’heure, n’hésite pas à consulter un médecin ou à te rendre aux urgences.
Maintenant, c’est à toi ! Tu connaissais le proto ? En connaissais-tu les risques ? Discutons-en dans les commentaires !
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