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Culture

Gankutsuou / Le Comte de Monte-Cristo — Du livre à l’écran

Gankutsuou est l’adaptation en anime du Comte de Monte-Cristo, célébrissime roman-feuilleton d’Alexandre Dumas. Que vaut le livre ? Que vaut sa version animée ? Est-ce une bonne adaptation ? LadyDandy vous dit tout !

Avertissement chères lectrices, pour cet article, il me sera très difficile d’être objective, déjà parce que Gankutsuou a été mon premier anime coup de cœur zieuté sur France 4 en rentrant du collège (oui, on avait des anime à des heures décentes… tu m’entends, France 4, c’est pas cool de diffuser Monster à minuit, pas cool du tout !).

De plus, Le Comte de Monte-Cristo a été mon roman préféré pendant de looooongues années, et ce grâce à cette adaptation, qui m’a donné envie de lire le livre pour connaître la fin avant sa diffusion… sauf que ça ne m’a pas avancée des masses puisque l’anime et le roman ont des fins radicalement différentes !

Trêve de considérations nombrilistes : comparons le roman et son adaptation japonaise en série animée par le studio Gonzo (Red Garden, Samurai 7, Last Exile…).

Le Comte de Monte-Cristo, un roman haletant

Le Comte de Monte-Cristo, c’est un de ces nombreux romans-feuilletons du XIXème siècle : la publication était épisodique et il fallait donc que son auteur, Alexandre Dumas, multiplie ce qu’on appellerait aujourd’hui des cliffhangers pour tenir ses lecteurs en haleine. Résultat, la forme d’une série est beaucoup plus appropriée que celle d’un film pour adapter cette histoire.

Mais au fait, Le Comte de Monte-Cristo, ça raconte quoi ?

Edmond Dantès est un marin de Marseille brave, vertueux, apprécié du patron et fiancé à la plus jolie fille du coin, Mercedes (oui, moi aussi je lui donne tout de suite une tête de voiture : la société de consommation pourrit la poésie de certains prénoms). Sauf que son bonheur fait des envieux et deux odieux larrons jaloux comme des teignes le font arrêter sous un prétexte fallacieux, en le faisant passer pour un conspirateur bonapartiste.

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Le substitut du procureur du roi, Gérard de Villefort, qui a bien compris que ce pauvre Edmond était innocent mais préfère l’accuser quand même pour éviter à son propre père (qui est, lui, un véritable conspirateur bonapartiste) d’être arrêté, en rajoute une couche et l’envoie dans la pire prison qui soit : le Château d’If. Là, Edmond se lie d’amitié avec un fin lettré, l’abbé Faria, son voisin de cellule.

Ce dernier l’éduque, lui parle d’un trésor enterré sur une île déserte et lui donne, en mourant, une opportunité pour s’échapper. Edmond prend sa place en tant que cadavre et est balancé à la mer. Il trouve ensuite rapidement l’île de Monte-Cristo où il récupère un sacré butin et commence à mitonner une petite vengeance de derrière les fagots.

Débarque alors à Paris un personnage immensément riche et incroyablement charismatique, le comte de Monte-Cristo, qui séduit les trois hommes de pouvoir de la ville, le procureur de Villefort et les deux conspirateurs, qui ont depuis monté les échelons jusqu’à la haute société : le baron Danglars et le vicomte de Morcerf.

Le moment est adéquat, je crois, pour marquer un peu le suspense avec une vidéo cocasse :

https://youtu.be/a1Y73sPHKxw

Et je vais arrêter là mon résumé.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Le Comte de Monte-Cristo, vous l’aurez compris, c’est du suspense à la pelle, des dilemmes moraux, des combats, de la passion, de la vertu, de l’inceste, de la drogue…

Tiens… dit comme ça, on dirait presque une série HBO !

À lire aussi : « It’s not porn… », la super fausse pub

Bien sûr, on a aussi le verbiage emphatique de Dumas qui multiplie les comparaisons antiques, les dialogues à la flagornerie caustique, et les sous-intrigues politiques sans le moindre hic ! Mais dans ce roman, il y a aussi et surtout un récit à suspense qu’on peut lire de façon totalement décomplexée parce que, zut alors, ce gros fêtard de Dumas, il est quand même au Panthéon.

Avec tout ce matériel, difficile de se vautrer en faisant une adaptation fidèle. Ce serait palpitant de bout en bout !

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Sauf que les Japonais sont un peu Shadoks sur les bords quand il s’agit d’adapter nos classiques. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, en fait ?

  • Roméo et Juliette ? Mais il se passe rien là-dedans ! Transposons-le donc dans une ville futuriste et faisons de Juliette une justicière travestie (Romeo et Juliette, des studios Gonzo également) !
  • L’Odyssée ? C’est juste un type qui veut rentrer chez lui, c’est nul, on va rajouter  des vaisseaux spatiaux, une extraterrestre télépathe et un robot énervant (Ulysse31… qui est à moitié français quand même).
  • Un biopic sur un personnage fascinant, né homme mais mort femme, qui a traversé la guerre de sept ans, la Révolution et accompli des missions d’espionnage pour Louis XV ? Peuh, mais ça donnerait une intrigue bien trop épurée ! Ajoutons une malédiction et des revenants, ce sera mieux (Le Chevalier D’Eon).

Un changement de point de vue audacieux

Du coup, Gankutsuou, c’est Le Comte de Monte-Cristo… mais en tordu. Pour commencer, on change de point de vue dans cette adaptation puisqu’au lieu de suivre Edmond, tous les événements se déroulent du point de vue d’Albert de Morcerf, le rejeton de Mercedes et de l’odieux usurpateur Fernand Mondego, devenu vicomte de Morcerf. Dans le roman, Albert est un sacré crétin, et dans la série… c’est un sacré crétin aussi, mais comme c’est un bishi, c’est pas grave.

Les bishi, abréviation de bish?nen, sont de jeunes hommes androgynes, à la beauté délicate et troublante, au genre et à l’orientation sexuelle pas toujours très définis, que l’on retrouve dans de nombreuses oeuvres venues du Japon et de l’Asie du Sud-Est en général.
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Je pardonne tout aux bishi.

Indéniablement, tout cela donne une aura supplémentaire au comte de Monte-Cristo (qui n’est d’ailleurs plus un simple homme avide de vengeance, mais… un vampire extraterrestre, eh oui). Quand Albert le voit pour la première fois, on ne sait RIEN de lui ; ses motifs de vengeance et les moyens qu’il emploie sont dévoilés au compte-gouttes, alors que dans le roman, l’intrigue, si elle tient en haleine, est beaucoup moins mystérieuse.

Qui plus est, si on avait parfois accès aux pensées des victimes de Monte-Cristo dans le roman et notamment à celles de sa victime collatérale (Franz d’Epinay, mon petit préféré), si le comte doute du bien-fondé de sa vengeance quand il est confronté à l’humanité de ses ennemis, l’anime retourne complètement la situation.

Le comte apparaît d’abord comme l’antagoniste avant de dévoiler son humanité ; la fin, du point de vue de ceux que la vengeance de Monte-Cristo a brisés, devient beaucoup plus ambiguë, encore plus douce-amère… moins hollywoodienne.

Et je dois dire que je la préfère presque comme ça !

Gankutsuou, un anime flamboyant

Non content de bousculer nos idées préconçues sur Le Comte de Monte-Cristo en changeant de point de vue, l’anime place l’intrigue dans un Paris futuriste absolument magnifique.

Esthétiquement, Gankutsuou est une vraie réussite. Les images de synthèse sont parfois un peu datées, mais les motifs qui ornent les décors et costumes des personnages sont splendides. Le cadre art nouveau-rococo est indéniablement kitsch… mais tout aussi indéniablement magnifique. L’animation n’est pas toujours grandiose, mais cette audace visuelle compense en partie les moments moins soignés.

On est constamment assailli-e-s par la richesse des motifs, les dorures… et tout ça retranscrit très bien les longues descriptions du luxe décadent qu’on trouve dans le roman.

L’ending foisonnant donne un bel aperçu de la série au niveau visuel

Petit bonus pour les fans de

yaoi comme moi : s’il ne comporte hélas pas de relation homosexuelle pleinement assumée, Gankutsuou regorge de longs regards langoureux entre bishi, et de câlins larmoyants (vive Albert et Franz) !

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Gniiiiiiiiiiiiiiii

L’anime a également développé le rôle de Beppo, un garçon travesti vivant parmi les bandits, qui séduit Albert pour le faire enlever. Dans Gankutsuou, Beppo suit Albert à Paris et devient l’un des personnages les plus attachants de la série. 

Par contre, là où on aurait pu, dans le roman, deviner une relation homosexuelle entre Eugénie Danglars et son amie prof de piano, il n’y a aucune allusion à cela dans l’anime et ce personnage, Louise d’Armilly, est carrément effacé. Développer un personnage de travesti, d’accord, mais un couple de femmes… mouaif. L’homosexualité féminine continue de passer à la trappe, sur grand et petit écran !

Malgré ce petit point d’ombre, je ne peux évidemment que recommander Le Comte de Monte-Cristo, un roman fascinant, et le merveilleux anime Gankutsuou ! Les deux valent vraiment le détour.

L’opening est trop beau aussi ! Le tout est composé et chanté par Jean-Jacques Burnel, et ce mec a la classe. Même s’il s’appelle Jean-Jacques.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

4
Avatar de MsOriginalDoll
24 septembre 2014 à 11h09
MsOriginalDoll
Je n'avais jamais entendu parler de l'anime, mais je n'ai jamais lu le roman donc je m'y attaquerai bien tiens ^^
0
Voir les 4 commentaires

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