— Publié le 15 décembre 2016
La Petite Roberte, c’est le Dico des filles version madmoiZelle. C’est ces mots qu’on aimerait expliquer, ou même faire découvrir à nos petites sœurs, cette ouverture au monde que certains bouquins ne nous autorisent pas. Et parce que trop de filles ignorent jusqu’à l’existence de ce mot, aujourd’hui je vais vous parler des gameuses.
Pourquoi dire gameuse ?
Comme une bonne partie du vocabulaire lié à l’univers du jeu vidéo, le mot gameuse n’est pas à proprement parler inscrit dans le dictionnaire. Ce n’est pas LE terme obligatoire pour parler des femmes qui jouent, mais laissez-moi vous expliquer pourquoi c’est mon préféré.
Certain•es utilisent le mot geekette, que je vomis un peu. Pour moi, le terme « geek » est asexué. Il peut être utilisé pour désigner quelque chose de masculin ou de féminin. Quelle est alors l’utilité de rajouter le suffixe -ette ? Il laisse entendre qu’une fille geek n’est pas une geek comme les autres. À titre personnel, je suis UNE geek et UNE gameuse.
Je pense qu’il est important de ne pas dénigrer les femmes qui jouent ou qui s’impliquent, à différents niveaux, dans cet univers. Aujourd’hui, il est toujours difficile pour les femmes de s’imposer dans le monde du gaming.
La porte est loin de leur être grande ouverte, comme le décrit d’ailleurs le Tumblr T’as pas d’humour, regroupant des témoignages de femmes travaillant dans le milieu du jeu vidéo.
Parler de gameuses plutôt que de geekettes, c’est un moyen de plus pour accorder un tant soit peu de crédibilité aux femmes qui jouent. Alors allons-y !
La moitié des joueurs sont des joueuses, vivez avec
Difficile d’admettre que la communauté des joueur•ses est à moitié composée de femmes. Quand on se balade à la Paris Games Week ou dans des tournois d’e-sport, on voit principalement des mecs, même si ce phénomène tend à se résorber.
La disparition des babes, ces femmes légèrement vêtues engagées par les éditeurs de jeux vidéo pour appâter le joueur, dans les conventions telles que l’E3 ou la Gamescom, est déjà signe d’une évolution.
Le SELL et le SNJV, deux organisations représentatives du milieu en France, sont catégoriques. La moitié des joueur•ses sont des femmes, c’est comme ça et pas autrement.
Capture d’écran de l’étude du Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs sur le marché du jeu vidéo en France
Et ça, ça en fait rager plus d’un. En mars dernier, je publiais Girls Game, mon documentaire sur les femmes dans le jeu vidéo. Je partais d’un constat simple : les femmes ont beau composer la moitié des joueur•ses, elles sont pourtant sous-représentées à l’intérieur de cette industrie.
Inutile d’aller plus loin, pour certaines personnes ayant vu la vidéo, c’était déjà trop.
Et je ne suis même pas fâchée en fait : beaucoup affirment que les femmes ne sont pas si présentes parce qu’ils ne les voient pas en convention, parce qu’elles ne jouent pas en ligne avec eux. Dans le reportage, Alisson, streameuse et graphiste, explique qu’en ligne elle ne jouait jamais avec le micro allumé pour éviter les insultes.
Tout ça, c’est un cercle vicieux : on est mal accueillies, donc on ne s’affirme pas, donc on est perçues comme rares dans le milieu, et quand certaines s’affirment l’accueil est parfois… froid.
La solution ? Mettre en avant les femmes dans le jeu vidéo pardi ! Et montrer qu’elles existent !
Toi qui souhaites commencer à jouer, sois la bienvenue !
Parce qu’on est d’accord, il y a toujours de la place pour de nouvelles joueuses !
Si les joueuses de haut niveau, les développeuses ou encore les streameuses encaissent parfois des commentaires pas cool, le jeu vidéo reste un univers captivant et fascinant, dont la communauté n’est pas peuplée uniquement de gens malintentionnés qui crachent sur tout le monde.
L’ambiance lors des streams de Noël
sur notre chaîne YouTube est par exemple très cool et les discutions avec les viewers sont vraiment sympa. De manière générale, le jeu vidéo est un média communautaire qui amène bien plus à la découverte et à la communication qu’on pourrait le penser.
Le jeu vidéo a d’abord été un média de niche, s’adressant à une petite communauté, affichant un côté très fermé. De fait, il a développé des codes et des standards parfois restrictifs. On pourra ainsi entendre des gameurs ou des gameuses dire que tel ou tel jeu n’est pas un « vrai » jeu vidéo.
Je ne suis pas d’accord avec ces considérations. Certes, il y a des jeux que je n’aime pas. Et d’autres dont j’ai longtemps eu honte. Mais le fait est que le niveau de difficulté d’un gameplay n’en fait pas sa qualité. Et peu importe que tu termines Uncharted en mode facile, tant que tu as kiffé. Parce que finalement, c’est tout ce qui compte !
Quelques gameuses à suivre
Dans cet article, j’ai souhaité éviter les généralités sur les gameuses. Mais je vais en énoncer une quand même : elles sont généralement super cool. Besoin de preuves ? Fais donc connaissance avec Kayane, cette pro gameuse qui bat tout le monde sur Street Fighter.
Enfin, je te conseille de la découvrir mais tu la connais peut-être déjà, puisqu’elle est devenue un véritable emblème au niveau national.
Envie de streams qui déboîtent ? Il y a Mythix Trinity, très active sur Twitch. Elle fait partie de ces gens drôlement persévérants qui gagnent leur vie en streamant, et rien que pour ça, je lui tire mon chapeau ! Côté streameuses cool, vous pouvez aussi aller voir Red Fanny et sa bonne humeur contagieuse !
Enfin, rien de mieux qu’une chaîne gaming qui change : la Développeuse du dimanche est en pleine conception d’un jeu, et elle a décidé de partager avec nous ses impressions et ses avancements avec une nouvelle vidéo un dimanche sur deux !
Hé oui, même si ce n’est pas toujours évident, les gameuses sont là et bien là ! Alors, tu veux te joindre à nous mais tu ne sais pas par où attaquer ? Rien de plus simple !
Tu peux lire mes conseils pour commencer les jeux vidéo, notre petit lexique du vocabulaire vidéoludique, une sélection pour fans de jeux d’énigmes et une autre pour ceux et celles qui aiment les bonnes histoires.
Et n’oublie pas : si tu as besoin de jeux sur lesquels te faire la main, on t’en fait gagner tous les lundis et mercredis soirs grâce aux streams de Noël !
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Les Commentaires
Entièrement d'accord, la phrase m'a un peu gênée moi aussi. Ce qui m'a d'ailleurs amené à me poser une question : dans l'article, qui exactement est considéré comme gameur/gameuse ? est-ce que quelqu'un qui joue de temps en temps à (allé soyons clichés...) Candy crush est considéré comme gameur(euse) ? Parce que pour moi ce serait un peu comme se dire cavalier après avoir fait une balade d'1h en poney (d'accord c'est un début mais quand même y a du chemin à faire...)
Je dis ça parce que le chiffre qui m'a le plus étonné c'est pas le fait que presque autant de femme que d'homme jouent à des jeux vidéos mais plutôt que 50% de la population joue ! Quand on va sur le lien de l'étude, la légende dit "un français sur deux déclare désormais jouer aux jeux vidéo" et pour moi déclarer jouer à des jeux-vidéo ne veut pas forcément dire être gameur(euse). L'étude est d'ailleurs plus une étude marketing et économique du jeu vidéo donc j'imagine que tous les types de joueurs sont comptabilisé, du plus casu sur mobile au plus hardcore. Ce qui me fait du coup douter un peu de l'ensemble des chiffres y compris celui sur la parité...
Car si il y a des jeux qui se sont beaucoup féminisées ces dernières années il en reste qui sont très fortement masculins. Sans vouloir faire de mon cas une généralité, je suis la seule fille dans ma communauté de joueurs sur Planetside 2. J'ai déjà rencontré d'autres joueuses sur ce jeu, mais il me semble que nous sommes quand même très minoritaires... Et au delà de ça je dois bien avouer que dans mes amies IRL, très peu se disent gameuses contrairement à mes amis sans "e"...
Mais encore une fois je ne veux pas faire de généralités, peut être que la part de femmes est en effet aussi importante que la part d'hommes et je le souhaite ! Mais j'aimerais bien du coup voir des études un peu plus poussées sur le sujet.