« Tin, tin, tintintin tin, tintintiiiiiin »… un an et demi après le dernier épisode de Game of Thrones, le générique revient vite en tête. La série-phénomène s’est achevée sans convaincre son public, qui s’est retourné en masse contre les showrunners de l’adaptation, David Benioff et D.B. Weiss, alias D&D.
Il est cependant difficile de savoir « à qui la faute » : certains moments très controversés de la série ont été attribués à D&D, parfois à tort… George R.R. Martin fait la lumière sur divers points dans un livre bourré de révélations !
George R.R. Martin revient sur la série Game of Thrones
Le 6 octobre 2020 est sorti Fire Cannot Kill a Dragon: Game of Thrones and the official untold story of the epic series (Le feu ne tue pas un dragon : L’histoire officielle et inédite de la série épique Game of Thrones). L’auteur, James Hibberd, est un journaliste spécialisé qui a couvert Game of Thrones du début à la fin.
Pour cet ouvrage, il a interviewé des dizaines de personnes ayant travaillé sur la série, y compris D&D et George R.R. Martin, lequel lui a confié des pépites inédites concernant l’adaptation de sa saga culte.
Voici un échantillon des révélations — principalement glanées sur le subreddit de passionnés et passionnées /r/asoiaf, car le livre ne sort que le 4 novembre 2020 en France !
Comment George R.R. Martin a choisi les showrunners de Game of Thrones
Avant Game of Thrones, David Benioff avait scénarisé Troie, Les Cerfs-Volants de Kaboul ou encore X-Men Origins: Wolverine ; D.B. Weiss avait principalement bossé sur des adaptations qui n’ont jamais vu le jour. Alors comment ces deux profils atypiques ont-ils pu convaincre le grand George R.R. Martin, déjà très reconnu dans le milieu de la littérature comme dans celui de la télévision ?
Voici ce que raconte l’auteur :
Ils adoraient les livres et voulaient les adapter sur un support différent, pas les changer ou « se les approprier ». Je déteste présenter un livre à Hollywood, rencontrer des auteurs et qu’ils me disent « Voilà ma version ». Je ne veux pas de votre version ! Ne le réimaginez pas, ne vous l’appropriez pas, adaptez-le, tout simplement !
Je leur ai dit : « Je veux une adaptation fidèle. Je ne veux pas d’un de ces trucs où vous prenez le titre et vous écrivez une histoire totalement différente ». Et je voulais en faire partie, être producteur, écrire certains scénarios.
George R.R. Martin a en effet scénarisé un épisode de chacune des quatre premières saisons de Game of Thrones, avant de se recentrer sur l’écriture des prochains tomes, qui ne sont toujours pas terminés à ce jour.
On peut dire que D&D ont un peu été floués… ils ont été choisis pour leur capacité à adapter une œuvre littéraire. Et ce n’était pas une erreur : les premières saisons, très fidèles aux romans, ont fait l’unanimité et ont imposé Game of Thrones comme LA série à suivre dans le monde entier. Mais l’auteur n’a pas pu suivre le rythme ; dès la fin de la saison 4, David Benioff et D.B. Weiss se sont retrouvés à court de volumes à adapter.
Pas étonnant que la dégringolade scénaristique de Game of Thrones ait commencé à la saison 5… (Quelqu’un se souvient de Jaime et Bronn à Dorne ? Quelqu’un se souvient de Dorne tout court ? Quel naufrage.)
Les trois moments de Game of Thrones qui ont choqué les scénaristes
La légende circule depuis longtemps parmi les fans de Game of Thrones : George R.R. Martin aurait confié en 2013 à Benioff & Weiss ce qu’ils appellent les « three ‘holy shit’ moments », à savoir trois révélations qui les aurait menés à s’exclamer « Oh putain ».
Les spéculations allaient bon train, et il semble que la lumière ait été faite sur ces retournements de situation… George R.R. Martin confie qu’il s’agirait de Bran sur le Trône de Fer, de Hodor / « hold the door » et de Stannis tuant sa fille Shireen !
Ce n’était pas facile pour moi. Je ne voulais pas sacrifier mes livres. Ce n’est pas facile de parler de la fin de mes livres. Chaque personnage a une fin différente.
Je leur ai dit qui finirait sur le Trône de Fer, et quelques gros retournements de situation comme Hodor / « hold the door », ou Stannis décidant de brûler sa fille.
Stannis Baratheon a bien tué sa fille
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour d’autres, ça veut dire beaucoup : dans le fandom de la saga Le Trône de Fer, de nombreux défenseurs de Stannis Baratheon se déchaînent depuis des années contre D&D parce qu’ils estiment que « Stannis n’aurait JAMAIS brûlé Shireen, c’est encore une décision de merde des showrunners ».
Relisons à présent George R.R. Martin dans le texte : « Stannis DÉCIDANT de brûler sa fille ». C’est clair, au moins !
Hodor et « hold the door » selon George R.R. Martin
Les fans se doutaient depuis longtemps qu’un de ces trois moments était la révélation «
Hold the door / Hodor ». Le gentil géant de Winterfell est mentalement diminué parce que Bran, dans une boucle temporelle complexe, a changé son cerveau en compote pour sauver sa peau… L’auteur développe :
S’inviter dans l’esprit de quelqu’un, c’est obscène. Bran est probablement responsable de la simplicité d’esprit d’Hodor, car il a pénétré son esprit avec tant de puissance que ça a ricoché à travers le temps.
L’explication des pouvoirs de Bran, la grande question du temps et de la causalité… pouvons-nous affecter le passé ? Le temps est-il une rivière qu’on ne peut naviguer que dans un sens, ou un océan qui change, peu importe l’endroit où nous nous y plongeons ? Ce sont des problématiques que je souhaite explorer dans les livres, mais qui sont plus difficiles à expliquer dans une série.
Je trouve qu’ils s’en sont très bien sortis, mais il y aura des différences dans le roman. Ils ont interprété la chose de façon très physique : Hodor « holds the door » (« tient la porte ») grâce à sa force. Dans le livre, Hodor a volé l’une des anciennes épées de la crypte. Bran s’est entraîné à posséder l’esprit d’Hodor et à utiliser son corps, parce que Bran a reçu un entraînement de combat à l’épée.
Donc dire à Hodor « hold the door » signifie plutôt « hold this pass » (« tiens ta position ») — à savoir : défends-toi quand les ennemis arrivent — et Hodor se bat contre eux, les met à mort. C’est un peu différent, mais ça reste la même idée.
Le viol de Sansa Stark vu par George R.R. Martin
C’est l’un des moments les plus controversés de Game of Thrones : dans l’épisode 6 de la saison 5, Sansa est violée par Ramsay Bolton, auquel elle a été mariée de force, sous les yeux horrifiés de Theon Greyjoy.
Les lecteurs et lectrices des romans savaient déjà qu’il s’agit d’une réécriture de l’histoire ; dans les livres, ce n’est pas Sansa qui vit ce terrible destin, mais une de ses plus proches amies d’enfance, Jeyne Poole, la fille de l’intendant de Winterfell. Tywin Lannister, avec la complicité de Littlefinger, la fait passer pour Arya Stark et la marie à Ramsay pour faire de ce dernier le seigneur « légitime » du Nord.
Jeyne était à la base incluse dans la série Game of Thrones mais son personnage a finalement été coupé, d’où la décision de la remplacer par Sansa. George R.R. Martin revient sur ce choix scénaristique :
Comme ils n’avaient pas Jeyne, ils ont utilisé Sansa. Est-ce mieux, est-ce pire ? Vous pouvez décider par vous-mêmes. Étonnamment, je n’ai jamais été critiqué pour ce passage dans les livres, parce que les gens ne tiennent pas spécialement à Jeyne Poole. Ils tiennent à Sansa.
Game of Thrones avait déjà été critiquée par le passé pour son utilisation pas forcément mesurée des violences sexuelles, et pour la méconnaissance du sujet par D&D qui avaient jugé que le viol de Cersei par Jaime n’en était pas un. Cela peut aussi expliquer que cette scène avec Sansa ait fait couler tant d’encre : la série n’en était pas à sa première maladresse.
George R.R. Martin insiste aussi sur la relation entre Petyr « Littlefinger » Baelish et l’aînée des Stark :
Mon Littlefinger n’aurait jamais confié Sansa à Ramsay. Jamais. Elle l’obsède. La moitié du temps il la voit comme la fille qu’il n’a jamais eue — qu’il aurait pu avoir, s’il avait épousé Catelyn. Le reste du temps, il pense qu’elle est Catelyn, et la veut pour lui tout seul. Il ne va pas la refiler à quelqu’un qui lui ferait du mal. Tout cela sera très différent dans les livres.
Davos reste le chevalier le plus pur de Westeros
De nombreuses autres révélations vous attendent dans Le feu ne tue pas un dragon, comme par exemple celle-ci au sujet de Ser Davos, qui a rapidement conquis le cœur du public :
Liam Cunningham, qui joue Davos, explique qu’il a refusé de suivre David Benioff lorsque ce dernier voulait que son personnage ait un crush sur Missandei : selon lui, il était incohérent pour le Chevalier Oignon de désirer une aussi jeune femme.
Vous n’allez pas détruire tout le boulot que j’ai accompli pour gagner la sympathie du public en faisant de lui un pervers.
Petit détail savoureux, Liam Cunningham est apparemment le seul acteur qui n’a pas cru à la mort de Jon Snow, malgré les efforts de Kit Harington qui racontait à tout le monde en avoir fini avec Game of Thrones !
Le problème des scènes de sexe dans Game of Thrones
D’autres acteurs et actrices font état de problématiques liées aux scènes comportant de la nudité et/ou du sexe ; ce n’est qu’en 2018 que Benioff et Weiss ont embauché une « intimacy coordinator », dont le boulot est de s’assurer que ces séquences se déroulent de façon respectueuse pour les personnes impliquées.
David Benioff aurait essayé de faire enlever à Jason Momoa (Khal Drogo) la « chaussette » protégeant son pénis des regards indiscrets ; Esmé Bianco, qui joue Ros, une prostituée, fait état d’une scène de nu pour laquelle bien trop de techniciens étaient présents…
Connue pour ses programmes sulfureux, la chaîne HBO a depuis rendu obligatoire le recours à un ou une « intimacy coordinator » pour toutes ses séries. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce rôle aussi essentiel que délicat, rendez-vous sur le site de l’Association Française des Assistants Réalisateurs (AFAR).
Le feu ne tue pas un dragon, un livre à ne pas rater
De nombreuses autres révélations vous attendent dans Le feu ne tue pas un dragon, à retrouver en français dès le 4 novembre !
Et si Game of Thrones vous manque, rappelons qu’un préquel sur les Targaryen est en cours de création. Quant à la suite des livres… disons que c’est en cours. « La route est encore longue », a prévenu George R.R. Martin le 23 juin 2020 sur son blog.
Patience is coming, en somme.
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Les Commentaires
Le problème de la série, c'est que clairement niveau fantastique, c'est pas top top... okay on a eu des loups (et encore TROP peu) et des dragons mais en gros c'est tout, quand on y pense, même le cheminement d'Arya n'est pas si bien fait, alors qu'Arya et Sansa sont peut-être les deux persos (avec Théon) dont l'arc est un poil cohérent du début à la fin.