En matière de clitoris, femmes et femelles subissent le même traitement de la part des scientifiques. Comprenez par là qu’ils s’en foutent. Si, chez les humains, le clitoris a fait son apparition dans les livres scolaires pour la première fois en 2017, le clitoris des femelles serpents lui, a été décrit précisément pour la première fois mercredi 13 décembre. L’étude, rapportée par l’AFP dans les médias anglo-saxons, a été menée par une équipe de chercheurs dirigée par (oh surprise !) une femme, et publiée dans la revue anglaise Proceedings of the Royal Society B.
« Le tabou massif autour des organes génitaux féminins »
Les scientifiques savent depuis 1800 que les serpents mâles ont deux pénis, appelés hémipénis. Mais ce n’est qu’en 1995 que la communauté scientifique a découvert que les femelles serpents ont deux clitoris, appelés hémiclitoris. Une découverte qu’ils n’ont visiblement pas cherché à approfondir, pour des raisons identiques à celles qui expliquent le retard de la science concernant le clitoris des femmes : la pudibonderie et le désintérêt. C’est en tout cas l’avis (partagé) par les chercheurs de cette étude sur les clitoris des femelles serpents.
« Les organes génitaux féminins sont manifestement négligés par rapport à leurs homologues masculins, ce qui limite notre compréhension de la reproduction sexuelle dans les lignées de vertébrés », écrivent-ils. Megan Folwell, directrice de cette étude, doctorante à l’Université d’Adélaïde, ajoute que « le tabou massif autour des organes génitaux féminins » peut également expliquer pourquoi les clitoris des serpents n’ont pas été décrits plus tôt. « Je pense que c’est à la fois le fait de ne pas savoir quoi chercher et de ne pas vouloir le faire », a-t-elle précisé.
Et pourquoi pas pour le plaisir ?
Grâce à l’étude menée par Megan Folwell, on sait désormais que les deux clitoris des femelles serpents sont situés sur le dessus de leur queue, cachés par de la peau. On sait également qu’ils se composent de tissus érectiles susceptibles de gonfler sous l’effet de l’afflux sanguin. Reste maintenant à déterminer leur fonction. Selon cette étude, ils pourraient avoir un rôle dans la reproduction, notamment celui d’envoyer un signal au vagin pour entraîner sa relaxation et sa lubrification. Une façon peut-être de prévenir les dommages causés par l’accouplement, en raison des crochets et des épines situés sur les hémipénis… sympa.
Les hémiclitoris pourraient également servir à signaler aux ovaires qu’il est temps d’ovuler et d’enclencher le stockage des spermatozoïdes. Enfin, les scientifiques n’excluent pas qu’ils puissent aussi servir au plaisir sexuel des femelles serpents. Un dernier fun fact pour la route : Megan Folwell a découvert que les clitoris de la vipère de la mort, qui comme son nom l’indique est l’une des espèces de serpents les plus venimeuses au monde, ont une forme de cœur. Le romantisme façon clito, c’est beau.
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Crédit photo de Une : viewbug via Canva.
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