Mise à jour du 6 décembre, à 21h30 —
En PACA, Marion Maréchal-Le Pen est également en pole position, avec 41% des suffrages.
En tout, ce sont 6 régions (sur 12 régions métropolitaines) où le Front National arrive en tête à l’issue du premier tour.
Il faut 10% des voix pour pouvoir maintenir sa liste, ce sont donc 12 régions dans lesquelles le Front National sera présent au second tour, dimanche 13 décembre, avec une sérieuse chance de l’emporter dans plusieurs d’entre elles.
Dimanche 6 décembre, pour le premier tour, le taux de participation était de 51% seulement. À peine un électeur sur 2 s’est déplacé pour aller voter. Parmi les votants, 1 sur 3 a voté Front National.
On en parle sur le forum, sur le topic Forte percée du FN aux élections régionales.
Plus d’informations sur le live du Monde
Mise à jour du 3 décembre —
— Article initialement publié le 30 novembre 2015
Pour en avoir le coeur net, je suis allée faire un tour sur la chaîne YouTube de La Manif Pour Tous. On y trouve toute une série de vidéos intitulées Questions Pour un Président de Région, qui sont celles d’autres candidat•e•s, tête de liste dans leur région, comme Marion Maréchal-Le Pen en PACA. Je me suis concentrée uniquement sur les candidat•e•s du Front National. Et voici un résumé :
Si vous souhaitez voir les vidéos dans leur intégralité, voici les sources (par ordre d’apparition) :
- Marion Maréchal-Le Pen à Marseille (42% d’intentions de vote au premier tour — cf. plus bas)
- Marine Le Pen (42% d’intentions de vote) (à partir de 15 min) sur iTélé
- Jacques Colombier (22% d’intentions de vote) à Bordeaux
- Christophe Boudot (27% d’intentions de vote) à Lyon
- Gilles Pennelle (20% d’intentions de vote) à Rennes
« Ça n’est pas dans les projets du Front National »
Vendredi 27 novembre, Marine Le Pen était sur le plateau de Bruce Toussaint sur iTélé. Interrogée sur ses intentions concernant les subventions versées par la région aux associations du Planning Familial dans le Nord, Marine Le Pen commence par répondre qu’elle aura « beaucoup d’autres choses à faire, beaucoup plus importantes que ça », et parce que le journaliste insiste pour avoir une réponse claire — « oui ou non, est-ce que vous supprimeriez les subventions au Planning Familial ? », elle finit par affirmer :
« Ça n’est pas dans les projets du Front National »
La question était simple (oui ou non), la réponse particulièrement sinueuse ( « j’ai d’autres choses à faire »)… j’ai donc personnellement eu quelques doutes sur les intentions du Front National en matière de respect des droits des femmes et de promotion de l’accès à la contraception et à l’avortement, et de lutte contre l’homophobie.
La vidéo que vous avez pu voir en tête de cet article est une compilation « du pire du meilleur » de ces interventions. Ce sont les phrases les plus directes, celles qui sont en contradiction évidente avec la réponse de Marine Le Pen.
À lire aussi : Des journalistes du Petit Journal agressés à la manif du Front National
Que dit le programme du FN sur la famille ?
Car il faut bien reconnaître que plusieurs têtes de liste en régions tiennent des discours plus proches de celui de Marion Maréchal-Le Pen que de Marine Le Pen face à Bruce Toussaint.
Plusieurs candidats ont fait référence au programme national du Front, pendant leurs interventions face à la Manif Pour Tous, et notamment aux promesses du parti en matière de famille. Voici en effet ce qu’on peut lire page 37 du programme du Front National :
« Le libre choix pour les femmes doit pouvoir être aussi celui de ne pas avorter : une meilleure prévention et information sont indispensables, une responsabilisation des parents est nécessaire, la possibilité d’adoption prénatale doit être proposée, une amélioration des prestations familiales pour les familles nombreuses doit être instaurée. »
Comme le pointe pertinemment Klaire (non sans humour) dans sa vidéo-réponse aux propos de Marion Maréchal-Le Pen, si le FN soutenait véritablement « le libre choix pour les femmes », pourquoi partir en guerre contre le Planning et la contraception d’urgence ? Le Planning Familial informe, accueille, écoute et accompagne les femmes (et pas uniquement les femmes d’ailleurs), pour leur permettre de choisir. On n’y décide pas à la place des personnes concernées.
C’est étrange, quand même, d’écrire dans son programme qu’on soutient « le libre choix des femmes » tout en promouvant des candidats aussi fermement et aussi ouvertement opposés aux associations qui donnent aux femmes (et plus largement à tout le monde) les moyens d’exercer ces fameux « libre choix » en matière de contraception et de reproduction.
Du côté du Planning Familial, on s’inquiète
La région a dans ses attributions une compétence en matière de santé, notamment sur la prévention, et elle s’occupe également des lycées.
Prévention, santé, lycée : voilà précisément l’un des terrains d’action du Planning Familial, ainsi que nous l’a expliqué par téléphone Silvie Camil, présidente de la fédération régionale du Planning Familial en région PACA.
« Les associations du Planning Familial perçoivent des subventions pour mener des actions de terrain, pas pour faire de la communication.
Elles interviennent pour faire de l’éducation à la sexualité dans les lycées, en collaboration avec l’Éducation Nationale. Ça passe par exemple par l’organisation de groupes de parole, d’atelier d’information autour de la contraception, mais aussi des relations filles-garçons, des violences…
C’est une subvention régionale qui finance ce type d’action ; si elles sont supprimées, cela va amoindrir notre capacité d’intervention. Les demandes sont nombreuses, on ne pourra plus y répondre. »
Précisons que Silvie Camil est bénévole : l’association régionale du Planning Familial (la fédération) n’a pas de salarié•es.
La Coordination LGBT en PACA a réagi aux déclarations de Marion Maréchal-Le Pen par la publication d’une tribune, qui dénonce également l’abandon probable des actions de terrain :
« Si la région PACA supprimait ses aides directes aux différents associations LGBT oeuvrant sur son territoire, elle mettrait gravement en péril […] les actions de préventions des violences sexistes et LGBTphobes dans les lycées, le combat contre les exclusions et les discriminations envers les LGBT mais également contre toutes les autres formes de discriminations, l’accompagnement des victimes de violences, de harcèlements et d’injures LGBTphobes ou/et sexistes, ainsi que l’accueil et l’écoute des jeunes LGBT en rupture sociale ou avec leur famille. »
Dans le Nord, les déclarations de Marine Le Pen à Bruce Toussaint n’ont pas pour autant rassuré la directrice du Planning Familial à Lille, Lucie Vidal :
« Ce n’est pas la première fois que le FN inscrit dans son programme la fin des « subventions aux associations à but politique ». Que ce soit le Planning ou les associations de lutte contre les discriminations, l’homophobie, toutes celles qui font de l’éducation à la citoyenneté et offrent aux jeunes des espaces d’expression.
Donc oui, on craint que ces associations ne puissent plus intervenir dans les lycées [si Marine Le Pen l’emporte dans le Nord]. Les subventions seront peut-être conservées pendant la première année, mais ensuite ? »
« C’est un programme de régression »
Pour Véronique Sehier, co-présidente du Planning Familial national, ces attaques sont « une atteinte à l’information » :
« Le Planning Familial fait de l’information sur tous les droits des jeunes en matières de sexualité, d’orientation sexuelle, d’accès à l’avortement, mais aussi d’éducation à la sexualité, qui est un point très important en matière d’éducation à l’égalité entre les filles et les garçons.
Nous avons bien sûr des structures d’accueil qui délivrent la contraception aux mineur•e•s de façon gratuite et anonyme, pour toutes celles qui veulent garder la confidentialité, qui sont en difficulté, etc. Mais nous avons aussi et surtout des missions d’information, d’éducation et d’accompagnement.
On donne à celles et ceux qui viennent chercher conseil et accompagnement auprès de nous, les moyens d’accéder à l’autonomie, de choisir leur vie. On ne leur dit pas ce qu’ils doivent faire, on leur donne toutes les clés pour qu’ils et elles puissent faire leur propre choix.
Partout dans le monde, les droits des femmes progressent, l’accès aux droits sexuels et reproductifs progressent. Ce que propose Marion Maréchal-Le Pen, c’est un programme de régression. »
À lire aussi : Les droits des femmes dans le monde – La santé
Ces inquiétudes sont d’autant plus légitimes que le Front National pourrait prendre le contrôle de plusieurs régions, à l’issue des scrutins des 6 et 13 décembre.
Le FN en pole position dans 4 régions sur 12
À une semaine du premier tour des élections régionales, le dimanche 6 décembre 2015, le Front National est bien installé dans la course. Selon le dernier sondage en date, réalisé par l’institut BVA, le parti de Marine Le Pen est en pole position dans 4 régions sur 12 :
- Marion Maréchal-Le Pen est donnée en tête en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec 42% des intentions de vote au premier tour. Les Républicains sont donnés 2ème au premier tour à 28%, et le PS en 3ème à 16%.
- Même scénario dans le Nord, où Marine Le Pen a une solide avance : 42% pour sa liste au premier tour, loin devant Les Républicains (Xavier Bertrand à 24%) et le PS (17%) (À lire sur Le Monde : Régionales : « Pour beaucoup, Marine Le Pen a déjà gagné »)
- En Bourgogne-Franche-Comté, la tête de liste FN de Sophie Montel récolte 32% des intentions de vote, devant LR-UDI à 27%, et le PS à 20%.
- En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Louis Aliot (FN) arriverait en tête au premier tour, avec 32% des voix, devant LR à 22% et le PS à 19%.
Dans les autres régions, le FN est en position d’obtenir de nombreux•ses élu•es dans les conseils régionaux, comme par exemple dans l’Est, où Florian Philippot est au coude à coude avec Les Républicains, à 33 et 34%. Vous pouvez consulter l’intégralité du sondage sur le site de BVA.
À lire aussi : Quand le maire est FN, que se passe-t-il en ville ?
Alors, comment voter ?
Du coup, pour aller voter dimanche 6 décembre, il est encore temps d’aller faire une procuration.
Toutes les infos sont ici !
J’en connais qui iront voter, le 6 décembre !
Trop tard pour la procuration et tu n’as pas pris tes billets de train ? Venez, on s’organise pour rentrer chez nos parents, là où on vote, les week-ends des 6 et 13 décembre. Rendez-vous sur les sites de co-voiturage, de trocs de train, lancez vos appels sur les réseaux sociaux avec #CoVote pour trouver un co-voiturage vers votre bureau de vote !
À lire aussi : La politique et moi #1 — La dictature du groupe & la trahison de l’autorité
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