En France, les JT ont terminé leur marronnier d’hiver : le froid, la neige et ses emmerdements. C’est donc le bon moment pour vous parler de l’hiver au Japon. Breaking news : il y fait froid – dehors, on s’y attend puisque c’est de saison, n’est-ce pas. Le problème, c’est qu’il fait froid à l’intérieur.
Le Japon est un pays formidable, et étonnant, où le goût pour la technologie qu’on prête facilement à l’archipel s’exprime dans la téléphonie (les Japonais s’envoient des mails depuis leur téléphone depuis au moins dix ans) et la robotique, c’est vrai. En ce qui concerne l’équipement des maisons et la vie domestique, c’est une autre paire de manches.
La technologie à deux vitesses
Depuis la publication sur Cracked de l’article 5 Things nobody tells you about living in Japan (5 trucs que personne ne vous dit à propos de la vie au Japon), écrit par Charlie Jones, c’est officiel : le monde entier sait que le Japon est mal chauffé. Les maisons et immeubles sont faits pour résister à de fortes secousses sismiques, mais pas pour protéger d’un hiver lambda – en même temps, il y a plus de séismes que de jours d’hiver en un an. Question de priorité ! Je reconnais qu’il est épatant de voir que même des taudis (oui, il y a des taudis au Japon) ont tenu le coup du 11 mars 2011. Je me félicite donc de cette technologie… mais regrette tout de même qu’en une nuit sans chauffage, la température de mon salon chute à 11°C. La faute au manque d’isolation et à l’absence de double vitrage et de volets. Du coup, les pièces ne gardent pas du tout la chaleur…
Le chauffage central, contre lequel chacun-e peste autour du 10 octobre de chaque année, n’existe pas ici. Les particuliers chauffent par le sol, avec leurs climatiseurs réversibles, ou bien encore avec des chauffages d’appoint, électriques ou au fioul. Des systèmes qui consomment beaucoup d’énergie (alors que les circonstances voudraient plutôt qu’on en économise), pour une chaleur qui se dissipe en une heure. Mais le problème existe dans les deux sens : sans volets, difficile de se protéger efficacement de la chaleur l’été !
Évidemment, tout le Japon n’est pas concerné. Le pays s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres, et le climat au Nord, à Hokkaido (qui frôle la Russie) est complètement différent de celui du Sud du pays
, comme Okinawa, une île souvent considérée comme une bonne alternative à Hawaii. Une dernière comparaison et j’arrête avec la géographie : Tokyo se situe à peu près au niveau de Madrid, et se gèle avec quelques degrés seulement en janvier. Pendant ce temps-là, certaines villes d’Hokkaido enquillent -12°C de moyenne…
Le business du froid
Je m’étonne encore que les Japonais-es, à qui je trouve habituellement un grand sens pratique, n’aient pas œuvré pour l’isolation. Ou pour faire en sorte de laver son linge à l’eau chaude, deuxième scandale domestique après le salon où on se gèle. En revanche, côté gadgets, l’industrie se mobilise : ma bouilloire fait de la lumière, mon micro-ondes chante et certains toasters indiquent la progression du dorage de la tartine par un changement de couleur !
Pour le froid, c’est pareil. Votre maison est mal isolée ? « Shoganai », c’est comme ça ! Si vous vous les pelez, faites donc vivre l’industrie et achetez des accessoires… C’est, en gros, le message qu’on nous envoie. Donc Mme Y, frileuse, enfile le matin sa surculotte bien épaisse (elle garde le caleçon chaud pour mi-février), et ajoute des chaussettes sur ses collants. Elle glisse une chaufferette dans la poche de son manteau – si elle a un peu trop froid, il suffira de la tordre pour déclencher l’action chauffante. Au bureau, elle garde une couverture sur ses genoux, comme toutes ses collègues. Mais comme Mme Y est aussi un peu geek, son plaid se branche en USB… pour un confort qui manque de la faire s’endormir. Aux toilettes, la température du siège est réglée au maximum : c’est parfait !
De retour à la maison, un peu de cuisine et zou, toute la famille file autour du kotatsu. C’est bien plus qu’une table basse : dans sa version traditionnelle, le sol sous la table est décaissé, ce qui permet d’y mettre ses jambes. Deux avantages : on évite la position en tailleur qui file des fourmis… et on profite du chauffage installé dans le sol. Dans sa version déplaçable, on est assis par terre, mais le plateau de la table intègre une couverture chauffante, branchée sur l’électricité. Une chaleur que Mme Y ne quittera que pour rejoindre son lit à double couette.
Plaisir des saisons
Malgré les inconvénients largement développés ci-dessus, l’hiver comporte aussi son lot de plaisirs (si vous me suivez dans le développement de mon sujet façon JT, on en est au reportage où les enfants font des bonhommes de neige et vont à l’école en luge). Le must, c’est d’aller dans un onsen en extérieur (on appelle ça un rotenburo), pour observer les montagnes sous la neige, pendant qu’on a les fesses et le reste bien au chaud – une vue sur le Mont Fuji est l’idéal, mais le Japon est suffisamment montagneux pour satisfaire chacun. On profite des spécialités d’hiver, comme les plats bouillis, on déguste les fraises qui poussent sous serre…
Le temps qui passe, les paysages éphèmères sont très valorisés au Japon, et les changements de saison sont souvent l’occasion d’un tourisme massif. Il y a un week-end recommandé pour aller voir les érables qui rougissent à l’automne, et pour la floraison des cerisiers, c’est encore plus précis. Au Japon, on aime marquer les saisons. Mais l’hiver n’est pas la plus aimée… Avec beaucoup d’avance sur l’Europe, les Japonais fêteront le 3 février, au plus froid de la saison, le passage (symbolique) au printemps !
Et toi, es-tu pressée de passer à la saison suivante ?
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
J'adooooore ces cartes postales, c'est vraiment intéressant de se rendre compte des réalités surtout du point de vue d'une occidentale.
MOAR