Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec BAC Films. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Laurel Hester est un peu une star locale : officier de police très respectée, elle a permis la résolution d’affaires sensibles. Ses concitoyen•ne•s la respectent, les élus du comté d’Ocean l’honorent. Mais ils ne savent pas que Laurel est lesbienne. Elle a gardé cette partie de sa vie absolument secrète.
Elle fait la connaissance de Stacie, une jeune femme, plus jeune qu’elle, vraiment plus jeune en fait, mais peu leur importe. Entre elles, le courant passe, et plutôt bien.
C’est Ellen Page qui incarne Stacie Andree dans Free Love. Elle nous parle de ce rôle, de l’égalité des droits, et revient sur son coming out dans une interview vidéo !
Laurel et Stacie sortent ensemble, emménagent ensemble, vivent ensemble. Elles s’aiment, se disputent, s’aiment, se chamaillent, s’aiment, se projettent dans l’avenir, s’engueulent et puis s’aiment encore, comme tant de couples ordinaires. Parce que Laurel et Stacie sont un couple ordinaire.
Jusqu’au jour où Laurel tombe malade, et qu’à l’évidence, ses jours son comptés. Elle n’est pas « mariée » à Stacie, car le mariage n’est pas encore ouvert aux couples de même genre. Toutes deux ont conclu un « contrat de partenariat civil ». Un PACS, quoi, version américaine.
Selon la loi de l’État du New Jersey, les collectivités locales ont le pouvoir d’étendre les droits civils des couples mariés aux couples « pacsés ». Sauf que les conseillés élus du comté d’Ocean, les « Freeholders », n’entendent pas traiter les couples « pacsés » et les couples mariés de la même façon.
Donc, lorsque Laurel Hester mourra, après 23 ans de bons et loyaux services, sa partenaire Stacie ne pourra pas prétendre à sa pension. Elle ne pourra plus rembourser l’emprunt de leur maison, elle devra la vendre et la quitter.
Freeheld en VO, ou Free Love en français, raconte l’histoire vraie de Laurel Hester et de Stacie Andree, incarnées respectivement par Julianne Moore et Ellen Page. Bande-annonce.
Free Love sort le 10 février…
…et on a 10×2 places à vous faire gagner jusqu’au 9 février à midi !
Ce passé si présent
On n’est pas au Texas dans les années 1800, on est dans le New Jersey, dans les années 2000. Si proche, si loin à la fois : si proche dans le temps, d’autant que Stacie, la vraie, est toujours en vie. Bien sûr. C’était il y a à peine de dix ans.
Et si loin en même temps, parce qu’on voudrait pouvoir reléguer ces paroles et ces images à un autre temps, beaucoup plus éloigné de notre présent. On voudrait pouvoir reléguer l’ignorance haineuse, le jugement dégradant de quelques décideurs à des époques bien plus reculées, où l’on pourrait expliquer l’intolérance par la peur, l’incompréhension, la compétition vitale, la finitude des ressources.
Mais non, notre société, nous, nous n’avons aucune excuse.
L’histoire de Free Love se déroule en 2005. Alors que les « Freeholders » décidaient si oui ou non, un couple lesbien devait avoir les mêmes droits qu’un couple hétéro, au Canada, le mariage pour tous était légalisé. En France, il aura fallu attendre 2013 pour ça.
Quelles « nouvelles » informations révolutionnaires avons-nous découvertes depuis l’époque où l’on traitaient les couples LGBT comme une abomination socialement inacceptable ? Aucune. Combien de temps encore allons-nous traiter les couples de même sexe comme « une étrangeté » à laquelle on concède, dans notre « immense magnanimité », le sceau légal de la normalité ? Bonne question, vraiment.
Laurel et Stacie ont dû mener trop de combats pour les deux petits bouts de femmes qu’elles sont, même si elles ont été de véritables héroïnes, sans capes ni costumes en lycra. Le mouvement LGBT pour l’égalité des droits aura eu besoin de ces symboles de « normalité » si transcendantes que même les plus buté•e•s n’eurent pas d’autre choix que de reconnaître leur humanité, sans réserve.
Ça fait mal, d’écrire ça. De donner encre et voix à une question, dont la réponse devrait pourtant être une évidence universelle : les individus ne sont pas définis par leur orientation sexuelle. Nous sommes tou•tes défini•es par nos choix et par nos actes.
Ellen Page transcende l’Histoire
Sous les traits de Stacie Andree, Ellen Page porte sans efforts le poids de l’Histoire ; des lignes qu’elle a continué à écrire en faisant son propre coming-out, un jour de février 2014. Avec Free Love, la jeune actrice canadienne transpose à l’écran un instantané nécessaire à l’évolution de nos sociétés vers un modèle inclusif pacifié.
Vraiment, sincèrement, je vous pose la question, du fond de coeur : où est le problème ? Qu’est-ce qui fait encore obstacle, en février 2016, à l’acceptation pleine et entière des droits des personnes LGBTQI ?
Où est le débat ? Pourquoi ?
Regardez les pionnières, qu’on été Stacie et Laurel, souffrir du jugement, de l’indifférence et de la déconsidération des autres. Et dites-moi ce qui nous retient encore, en 2016, de retourner cette souffrance contre ceux qui l’infligent. On connaît déjà le camp de l’Histoire. Ellen Page et Julianne Moore en incarnent un chapitre parmi ceux qui jalonnent la progression sociale et politique de l’égalité.
Stacie Andree n’aspirait pas à devenir une figure de proue du combat pour l’égalité des droits, pas plus que Laurel Hester ne se voyait en être le martyr. Ellen Page ne se voyait pas non plus l’égérie du même mouvement, dix ans plus tard. Mais il faut croire qu’il suffit pourtant, pour devenir militante, de revendiquer simplement… le droit de « vivre normalement ».
Miley Cyrus interprète magnifiquement la BO, Hands of love
Free Love raconte une histoire qui n’aurait pas dû en être une, mais qui est devenue l’Histoire. Pas sûre que cette majuscule nous grandisse…
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