Freeheld n’est pas un enième film sur l’histoire des combats pour les droits des homosexuel·les, après Harvey Milk et Pride. On ne vous parle pas d’une société dépassée, dont vous excusez pudiquement l’obscurantisme, parce que vos propres grands parents ont encore du mal à accepter que tous les couples ne sont pas hétérosexuels, et que tous les individus ne se retrouvent pas dans l’idée du couple.
Freeheld, le récit d’une histoire vraie
Freeheld se passe en 2005 et 2006, aux États-Unis, dans le New Jersey, juste au sud de New York. Pas très loin, il n’y a vraiment pas longtemps.
C’est l’histoire vraie de Laurel Hester, une lieutenante de police du comté d’Ocean, qui après plus de vingt ans de bons et loyaux services et une carrière exemplaire (première femme à devenir lieutenant au sein de son département, excusez du peu), a été frappée par un cancer du poumon extrêmement agressif.
La maladie s’est rapidement propagée, laissant peu d’espoir de rémission… Le temps de Laurel étant compté, elle a tenu à s’assurer qu’après sa mort, sa partenaire pourrait bénéficier de sa pension.
Les officiers de police ont droit à une pension, et après leur mort, leur conjoint continue d’en bénéficier. Sauf que Laurel Hester n’est pas mariée, et surtout, que sa partenaire est une femme, Stace Andree. Toute seule, Stace ne pourra rembourser l’emprunt de leur maison, elle a absolument besoin de cette pension pour vivre.
Pour les autres, c’est un droit, mais pour Stace et Laurel, c’est un combat.
Laurel Hester se battra pour faire accepter sa compagne comme aussi légitime que les épouses des officiers en activité ou tombé dans l’exercice de leur mission.
Freeheld a d’abord été un documentaire sorti en 2007, et primé aux Oscars. Et voilà que Ron Nyswaner et Peter Sollett l’adaptent au cinéma, avec Julianne Moore et Ellen Page dans les rôles respectifs de Laurel Hester et Stace Andree, mais également Steve Carell et Luke Grimes.
Il me tarde tant de découvrir Ellen Page dans ce rôle, et je vendrais mes parents pour pouvoir l’interviewer sur son implication dans ce projet, elle qui nous avait tant touché l’année dernière avec son discours de coming out si beau, courageux et inspirant.
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Freeheld sortira le 2 octobre aux États-Unis (la date de sortie française n’est pas encore connue), et la première bande-annonce vient d’être rendue publique !
« Au cours de ma carrière, je n’ai jamais demandé de traitement de faveur. Tout ce que je demande, c’est une égalité de traitement. »
Pourquoi « Freeheld » ?
Sans rentrer dans les détails du système politique américain, rappelez-vous que c’est un État fédéral, c’est-à-dire que chaque État est, dans une certaine mesure, libre d’adopter ses propres lois.
Par exemple, le mariage pour tou·tes a d’abord été légalisé dans certains États, mais interdits dans d’autres, jusqu’à ce que la Cour Suprême finisse par trancher en rendant illégale l’interdiction de se marier pour les couples de même genre. Les États qui ne l’avaient pas encore fait sont désormais forcés d’accorder ce droit à tous les couples.
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Revenons au comté d’Ocean, dans le New Jersey, théâtre de notre histoire : il y a 21 comtés dans le New Jersey, et chaque comté dispose de sa propre assemblée législative, le Board of Freeholders.
Ce terme de « freeholder » est spécifique au New Jersey pour désigner les élu·es de cette assemblée. En anglais, ce terme désignait des propriétaires terriens, les rentiers.
Puisqu’au regard de la loi en vigueur dans le comté d’Ocean, Stace Andree ne pouvait pas bénéficier de la pension de sa partenaire après sa mort, Laurel Hester est donc allée présenter son cas devant le Board of Freeholders, l’assemblée législative, pour leur demander de faire évoluer la loi. C’est donc une bataille juridique qu’elle a livrée, en dénonçant la situation de discrimination subie par sa partenaire et elle.
« Held » est le participe passé du verbe « to hold », tenir, embrasser ; le titre original du film est donc une référence à la controverse juridique qui s’est jouée devant l’assemblée des Freeholders, l’idée que le dénouement de l’histoire était suspendu à leur décision, mais aussi l’image d’une étreinte et d’un amour libre… Bon courage pour la traduction en français !
Freeheld devrait sortir en France en 2016, vous dire que je l’attends avec impatience serait un sacré euphémisme !
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