Tu l’entends, le bruit de la techno ? Si ce n’est pas le cri du cœur de la jeunesse, je ne sais pas ce que c’est !
En tout cas moi c’est comme ça que je la ressens. Pas forcément quand je l’écoute en boîte, ou simplement dans mes écouteurs dans le train…
Mais surtout quand je la vis en free party.
C’est quoi une free party ?
Je ne sais pas si tu es familier·e du milieu de la fête libre. Mais je pense que tu en as au moins entendu parler autour de toi, ou dans les médias.
Peut-être en as-tu une image négative, un peu abstraite, ou peut-être te retrouves-tu avec tes potes devant les caissons de basse tous les week-end… Que ce soit en ville ou au beau milieu des champs.
Mais dans tous les cas, il m’est d’abord nécessaire d’éclaircir un point :
Beaucoup font un méli-mélo entre free party et rave party. Entendons-nous, ce n’est pas SI différent.
Et pourtant entre les deux il y a un monde…
La rave party
Une rave party est une soirée légale et encadrée
dans laquelle on peut écouter des musiques électroniques (techno, acid techno, hardcore, trance, bass music…), avec des DJs plus ou moins connus et une scénographie professionnelle.
Elle est souvent organisée dans une salle, avec une billetterie à tarif fixe. En fait elle s’apparente plus à un concert, un festival, ou à une soirée en boîte de nuit, même si elle peut évidemment avoir lieu en plein air.
La free party
Une free party (couramment appelée teuf) est clandestine, organisée dans un lieu informel (champ, forêt, bâtiment désaffecté), avec pour mots d’ordre liberté et auto-gestion.
Les teufs sont organisées par des groupes de personnes bénévoles formant des sound systems, qui prennent en charge toute l’organisation, du financement au système son, en passant par la sécurité et le bon déroulement de la soirée.
L’indication du lieu de la teuf se fait grâce au bouche-à-oreille, et l’entrée se fait sur donation : chacun donne ce qu’il veut et peut.
Côté musique, cette fois-ci on fait la rencontre de ce qu’on appelle parfois la tekno (avec un k), de la musique électronique un peu différente, et souvent beaucoup plus underground (hardtek, hardcore, psytrance, tribecore, acidcore…)
Un nouvel œil sur la free party
Si je vous parle aujourd’hui de free party, c’est pour plusieurs raisons.
En premier lieu parce que mercredi 26 septembre est sorti le documentaire Quand tout le monde dort, réalisé par Jérôme Clément-Wilz, à l’occasion du Red Bull Music Festival qui a eu lieu à Paris du 24 au 30 septembre.
Ces dernières années j’ai eu le loisir de remarquer que les médias donnaient une image plutôt négative et arrêtée sur le milieu de la fête libre.
Illégalité, drogue, danger, jeunesse décadente, nuisible… C’était les impressions qui ressortaient des divers papiers et reportages.
Et c’est la toute première fois grâce à ce documentaire que je vois mise à l’écran l’humanité et la quête de sens que transpirent tous ces milliers de jeunes (et moins jeunes) tous les week-end en free party.
Une génération free party en quête de sens
J’ai rencontré Jérôme, qui a suivi pendant 4 mois le collectif le Pas-Sage, organisateur de free party en Île de France depuis plusieurs années. Et il s’est mis en totale immersion dans leur univers.
Il a suivi toutes les péripéties de ce groupe de jeunes qui n’ont pas beaucoup plus que la vingtaine, et qui donnent tout leur temps et leur argent après le boulot et les études pour organiser des fêtes.
« Ce qui m’a passionné dans ce milieu c’est évidemment sa liberté, son autonomie.
Le fait que chaque limite peut être remise en question, que chaque barrière peut être escaladée. Il y a véritablement une sorte de page blanche qu’on peut écrire chaque jour ou chaque nuit.
Humainement j’ai rencontré énormément de très belles personnalités, extrêmement soudées, liées entre elles, solidaires. Peut être est-ce un trait particulièrement définissant de la jeunesse.
Il y a ce moment assez précieux entre 15 et 25 ans dans lequel chaque soi se construit en altérité avec le soi du groupe. »
Regarde vite le documentaire « Quand tout le monde dort » !
Jérôme est un cinéaste du conte, de l’empathie et de la poésie politique. Et il a tout de suite été intégré au groupe du Pas-Sage, qui lui a fait confiance et lui a permis de vivre l’intensité de ce milieu.
« Je voulais conter l’histoire d’une génération en quête de sens, en quête de liberté, en quête d’actes et d’action.
Il m’ont appris à aimer Paris, à aimer ma génération. Avec eux j’ai retrouvé cette atmosphère de famille et de groupe qui me manquait.
Ils m’ont réappris la candeur, la générosité, la témérité, l’organisation, la responsabilité… En une nuit de fête prennent corps beaucoup de valeurs qui selon moi sont importantes.
En fait d’une certaine manière ils m’ont réappris à vivre. »
Et toi, ça te parle la free party ?
La deuxième raison pour laquelle je voulais aborder ce sujet avec toi, chère lectrice, cher lecteur, c’est pour avoir ton ressenti face à cette thématique.
Je voudrais te donner la parole via les commentaires à cet article, pour savoir si tu te sens proche, touché·e, curieux·se, ou pas du tout sensible à ce sujet.
Est-ce que ça te parle ? Te rend indifférent·e ? Pourquoi ? Est-ce que tu as envie d’en savoir plus ? J’attends ta réponse avec impatience, en commentaires ou par mail à jaifaitca[at]madmoizelle.com, avec en objet « free party » !
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Les Commentaires
Oui mais là n'est pas la question de savoir si y'a pire comme comportement ou pas. Moi je trouve choquant qu'on foute de la musique à plein tube dans des forêts en pleine nuit (déjà que de jour je trouve ça aussi limite).
Je ne suis ni pour la chasse,
ni pour les stations de ski (je n'y suis jamais allée de ma vie),
je n'ai jamais fait de camping de ma vie (donc le lac c'est pas moi non plus)
et je bois de l'eau du robinet la plupart du temps.
Bien sûr qu'il y a des comportements bien pires comme raser des km d'arbres en Amazonie mais ça n'empêche pas les free party (ou autres party) de faire beaucoup de bruit.