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Musique

Plus que Justin Timberlake, le vrai ennemi de Britney, c’est le patriarcat

Justin Timberlake a présenté des excuses (très tardives) à Britney Spears pour la façon dont il l’a traitée après leur rupture. À travers ses actes, cependant, on retrouve tout un système qui a ruiné la vie de la blonde Américaine : le patriarcat.

Le 10 février 2021

La scène peut paraître innocente aux premiers abords. En 1992, une jeune Britney Spears de dix ans chante sur scène pendant l’émission Star Search. Quand le présentateur la rejoint, il lui demande : « As-tu un petit ami ? » Évidemment, le jeune homme à ses côtés n’a pas la « chance » de devoir répondre à cette question.

Vu avec nos yeux de 2021, ce moment préfigure ce qui va suivre pour Britney : un examen minutieux (et misogyne) de sa vie privée qui va finir par la faire craquer.

Framing Britney Spears, le documentaire qui explore la mise sous tutelle de la chanteuse

Sorti le 5 février sur Hulu aux États-Unis, le documentaire Framing Britney Spears du New York Times revient sur la vie de la popstar, de ses débuts au Mickey Mouse Club en passant par sa mise sous tutelle et le mouvement #FreeBritney.

Depuis 2008, Britney Spears n’a plus le droit de prendre de décisions personnelles ou financières sans l’accord de ses tuteurs — le plus célèbre de ces derniers étant son père Jamie Spears, l’objet de nombreuses critiques. Pour les fans de Britney, la star serait privée de sa liberté, et si le mouvement #FreeBritney a commencé sur les réseaux sociaux, il a depuis pris de l’ampleur : plusieurs manifestations ont eu lieu à Los Angeles quand la chanteuse a fait savoir au juge qu’elle ne voulait plus de son père comme tuteur.

Beaucoup de théories circulent aussi sur la présence un peu chaotique de Britney Spears sur Instagram. Ses posts cacheraient des messages cryptés prouvant que la star est contrôlée par son entourage… D’où le slogan #FreeBritney : « Libérez Britney ».

30 minutes pour comprendre #FreeBritney grâce à Seb

Le documentaire du 

New York Times prend le temps de revenir sur cette mise sous tutelle controversée grâce à de nombreux intervenants, comprenant aussi bien des avocats que l’ancienne assistante de Britney, Felicia Culotta. Et si Framing Britney Spears n’apporte pas vraiment de nouveaux éléments, il a le mérite de montrer à quel point la misogynie a impacté la carrière de la chanteuse.

Britney Spears, entre jeune fille innocente et femme fatale trop sexy

En 1998, le single Baby One More Time sort et c’est un hit instantané. Britney danse en uniforme dans les couloirs d’un lycée ; aujourd’hui encore, ce moment reste iconique. Surtout qu’à l’époque, les boys bands ont la cote mais la jeune femme arrive à s’imposer. C’est un véritable phénomène !

L’Américaine devient l’idole de milliers d’adolescentes, et les médias ne voient pas la chose d’un bon œil. D’après les tabloïds, Britney rend les mères nerveuses (« Britney Spears : trop sexy trop tôt ? ») ; dans les talk-shows, ce sont les présentateurs qui la sexualisent. Extraits choisis d’interviews :

« Pour beaucoup, vous êtes une contradiction. D’un côté, vous avez l’air d’une douce vierge innocente. De l’autre, vous êtes une femme fatale sexy en sous-vêtements. »

« Tout le monde en parle… De vos seins. »

Justin Timberlake et Britney Spears, le sexisme illustré

Un autre moment va pousser Britney sur le devant de la scène pour de mauvaises raisons : son couple avec Justin Timberlake. Après trois ans de relation, les deux stars se séparent et Justin s’empare rapidement de l’histoire. Dans sa version, Britney l’aurait trompé.

Les médias reprennent avec plaisir ce scénario : à Justin, ils demandent s’il a couché avec Britney, alors que cette dernière doit expliquer pourquoi elle lui a fait tant de mal. Comme l’explique Wesley Morris, critique du New York Times, dans Framing Britney Spears :

« La façon dont les gens parlaient de Britney […] c’était comme si elle était la salope du lycée et lui [Justin], le quarterback. Il a utilisé le clip d’un de ses singles [Cry me a river] comme une arme pour l’incriminer. »

Le 15 février 2021

NDLR : quelques jours après la publication de cet article, Justin Timberlake a présenté officiellement ses excuses à Britney Spears, regrettant d’avoir « bénéficié d’un système qui favorise la misogynie ». Il s’est également adressé à Janet Jackson, qui avait pâti de leur performance commune au Super Bowl pendant lequel un téton de la chanteuse, orné d’un bijou, avait échappé à sa tenue ; elle avait alors subi une vague de sexisme et de jugement que Justin Timberlake n’avait pas dénoncé, préférant en jouer.

La vie privée de Britney, jugée de toutes parts

La vie privée de Britney devient alors plus importante que son travail. Les paparazzis — très puissants dans les années 2000 — la pourchassent pour revendre leurs photos à des prix exorbitants.

Son mariage avec Kevin Federline, la naissance de ses enfants, son rasage de crâne… Les actions de Britney sont constamment documentées et jugées violemment par la presse. Elle devient une blague, une punch line.

Son ancienne styliste Hayley Hill explique dans le documentaire : « J’ai travaillé avec tous les boys bands. Aucun des garçons n’a jamais été autant surveillé. » Si Britney avait été un homme, son traitement médiatique aurait sûrement été bien différent…

De Framing Britney Spears ressort le portrait d’une chanteuse et performeuse hors pair, déshumanisée par la presse et harcelée par les photographes. La triste histoire d’une femme dans l’industrie musicale.

Kim Kaiman, qui a travaillé avec Britney à ses débuts, résume le mieux la situation :

« C’est tellement amusant de prendre une célébrité qui est une jeune fille belle et talentueuse et de la détruire. »

Framing Britney Spears n’est pas encore disponible en France, nous vous tiendrons au courant s’il devient accessible de ce côté-ci de l’Atlantique !

À lire aussi : Ariana Grande, pelotée sur scène lors d’un enterrement, dans le plus grand des calmes


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

17
Avatar de Nastasja
17 février 2021 à 08h02
Nastasja
Ah oui, je ne dis pas le contraire @LovelyLexy . C'est toujours mieux avec l'hypocrisie, n'est-ce pas

Quoiqu'il en soit, ce genre de "parents" est dégoûtant. Pour Meester c'est quand même chaud, parce que c'est clairement un coup à mal tourner et ce, très jeune, entre le mauvais exemple donné, la lassitude voire les problèmes de santé que ça peut engendrer (dépression etc). Franchement, quand ton référent familial est comme ça, ça doit être super difficile de garder un cap et de devenir une personne équilibrée.
3
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