Le 7 août 2022 représente un tournant pour la Colombie. Le premier président de gauche du pays, Gustavo Petro, a pris ses fonctions au côté de la nouvelle vice-présidente, la militante noire, féministe et écologiste Francia Márquez. Malgré l’espoir que suscite cette victoire, les défis restent nombreux dans un pays rongé par les inégalités et les violences de genre, de race et de classe.
Malgré les dangers, « éradiquer le patriarcat » en Colombie
C’est une victoire majeure pour le peuple colombien et un symbole puissant pour les féministes du monde entier. Âgée de 40 ans, la nouvelle vice-présidente Francia Márquez est une figure de proue du féminisme intersectionnel, écologiste et antiraciste. Le soir de sa victoire le 20 juin, cette ancienne femme de ménage au parcours militant exceptionnel a déclaré :
« Nous allons, nous, les femmes, éradiquer le patriarcat de notre pays […] nous allons lutter pour les droits des LGBTQI+, pour les droits de notre terre mère, pour la biodiversité […] Nous allons ensemble éradiquer le racisme structurel. »
Si Francia Márquez soulève beaucoup d’espoir à travers le pays, sa lutte reste semée d’embûches. Pendant la seule période de campagne, la militante afro-féministe et écologiste a reçu plus de 1 000 commentaires et messages racistes selon l’Observatoire de la discrimination raciale de l’université des Andes. En mai 2019, des terroristes munis d’arme à feu et de grenade ont tenté de l’assassiner dans sa province natale, dont elle doit désormais vivre éloignée par sécurité.
De multiples défis
Outre les attaques de groupes paramilitaires dont Francia Márquez fait l’objet, l’enjeu de sa candidature est immense dans un pays qui compte parmi les plus inégalitaires au monde.
En 2019, la pauvreté monétaire et l’extrême pauvreté atteignaient les chiffres colossaux de 37,5% et 9,6%. Cette précarité touche en premier lieu les populations racisées et autochtones, dont la vice-présidente porte les voix. Sur les 10% de Colombiens et Colombiennes se reconnaissant comme non-blancs, 30% vivraient sous le seuil de pauvreté, selon des données gouvernementales de 2018.
Outre les fléaux de corruption, de violence armée ou encore le réchauffement climatique qui impliquent des politiques menées sur le temps long, le statut de vice-présidente de Francia Márquez peut aussi constituer une difficulté. Interrogée par Mediapart, la docteure en sociologie Olga L. Gonzalez estime que :
« [Le nouveau président de gauche du pays, Gustavo Petro] n’est lui-même parfois pas très féministe, Francia Márquez l’est beaucoup plus, mais le fait d’être vice-présidente ne lui donne aucun pouvoir. Il faut aussi un budget pour son ministère et ils ont déjà dit que les caisses étaient vides. »
Néanmoins, elle a également précisé : « En termes de lutte pour les droits des femmes, il y a beaucoup d’espoir pour qu’il y ait des avancées ».
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Crédit de l’image à la Une : © capture d’écran Usbek et Rika
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